- Écosse
- J21
- Rangers-Celtic (1-2)
Le Celtic couche les Rangers
Techniquement supérieur et un brin cynique, le Celtic s'est imposé samedi à Ibrox Park (1-2) pour le troisième Old Firm de la saison grâce notamment à un nouveau but de Moussa Dembélé. Les Hoops prennent dix-neuf points d'avance.
Glasgow Rangers 1-2 Celtic
Buts : Miller (13e) pour les Rangers // Dembélé (34e), Sinclair (70e) pour le Celtic.
Craig Gordon vient de sortir une manchette réflexe. Il se relève, hurle un bon coup et soulève doucement ses pieds pour voir ce qu’il se passe maintenant de l’autre côté du terrain où les supporters des Hoops s’excitent. Patrick Roberts vient de débarquer à la fête, ouvre la piste à Stuart Armstrong et la suite n’est qu’explosion. Les Gers ont tenu soixante-dix minutes avant de poser définitivement un genou à terre, soit déjà quarante de plus qu’en septembre dernier où ils avaient éclaté à Celtic Park (5-1). Cette fois, Scott Sinclair a envoyé la gifle décisive et attendue. Ibrox Park avait encore envie d’y croire, mais vient à cet instant de laisser l’ennemi faire la fête comme il l’entend. Le Celtic a de nouveau pris le pas sur les Rangers. Rodgers a une nouvelle fois abattu Warburton sauf qu’il vient désormais de le faire à son domicile. Brutal, intense, mais passionnant.
Le vieux et la mousse
Certains signes ne trompent pas. Il y a ce silence, si particulier. Celui du respect de la mémoire et ici celle des soixante-six victimes du désastre de 1971. Il y a ces visages, émus et passionnés, cramés par l’amour et marqués par l’attente. Ibrox Park attendait cette baston depuis quatre ans et cette journée où tout est permis : les coups, les tacles de cochon, mais surtout les cris. Un Old Firm est unique et parle un peu plus que de foot. Cette saison, peut-être plus que jamais, tant le Celtic a déjà pris l’avance nécessaire – seize points au coup d’envoi – pour déjà commencer à préparer la fête d’un sixième titre national de rang. C’est une question d’honneur, de suprématie locale, mais aussi de grosses patates. Il faut se le dire : pour le moment, il ne faut pas se plaindre sur le fait que les Rangers soient déjà largués à ce point pour la couronne, mais plutôt se satisfaire que les hommes de Mark Warburton soient déjà deuxièmes d’une élite qu’ils viennent juste de réintégrer. Ce match de gala de Glasgow avait donc des enjeux différents. Le Celtic allait-il tomber pour la première fois de la saison ? Les Rangers allaient-ils conserver leur invincibilité à domicile ? Le bordel a été au rendez-vous et tout avait été organisé pour, c’est avant tout ce qu’il faut retenir.
Car d’entrée, les Rangers ont prouvé qu’ils avaient des armes. Leurs armes oui, mais des arguments pour maintenir pendant au moins un temps le Celtic dans les cordes. Comment ? Par les inspirations du gosse doré Barrie McKay, par l’envie de Jason Holt et par la générosité du vieux Kenny Miller, entre autres. Voilà comment ce Old Firm a donc été plus équilibré qu’il ne l’avait été en septembre dernier. Il y a eu du pressing fou sur les lignes défensives, des entre-deux qui n’ont aucun signe de fair-play, mais avant tout une envie commune d’offrir un spectacle de qualité. Alors, les hommes de Warburton ont logiquement ouvert le score au bout d’une dizaine de minutes grâce à Miller (1-0, 12e), bien placé pour conclure une douce combinaison entre Josh Windass et l’excellent James Tavernier. Brendan Rodgers, porté par une série de quatorze victoires consécutives en championnat, n’a pas tremblé et a continué de croire en ses hommes. Le Celtic a relevé la tête, Scott Brown a commencé à sortir ses tacles d’agriculteur, Stuart Armstrong a gonflé ses gros poumons et Scott Sinclair s’est allumé, par un poteau à la demi-heure de jeu notamment. Callum McGregor avait déjà craché sur une belle occasion plus tôt dans la rencontre, mais la lumière est venue d’ailleurs : de la puissance de Moussa Dembélé, évidemment, de nouveau titulaire à la place de Leigh Griffiths. Sur une superbe volée calée sous la barre à la retombée d’un corner (1-1, 34e) de Foderingham, pourtant plus rassurant que Craig Gordon. L’histoire ne pouvait que continuer ainsi.
Moussa Dembélé equalises 1-1. pic.twitter.com/8fsF6k8oeS
— Focus on Celtic (@FocusOnCeltic) 31 décembre 2016
La marche royale
Warburton doit alors réagir, d’autant qu’il a vu filer Joe Garner sur une civière en première période. Ce deuxième acte est brûlant, sans baisse de rythme, alors que les deux ennemis attaquent face à leurs supporters. La question à la pause était alors de savoir si les Rangers pourraient maintenir la pression imposée pendant les quarante-cinq premières minutes, histoire de continuer à masquer leur infériorité technique. La réponse est non. Car rapidement, le Celtic augmente le volume pour s’amuser sur la piste. Dembélé manque une première cartouche après un gros travail de Lustig, Forrest vient buter sur le torse de Foderingham et Sinclair fait monter la chaleur à sa manière. C’est-à-dire en percutant, remuant et secouant une défense des Rangers en perdition. La preuve ? Cette double occasion immense dix minutes après le retour des vestiaires qui voit Dembélé claquer la barre et Scott Sinclair gribouiller sa reprise alors que Brown commence à sortir ses muscles de capitaine. Mais les Gers vont finalement plier au moment où ils étaient le mieux et venaient d’envoyer trois pétards sur Gordon. Sur une contre-attaque bien menée, lancée par Patrick Roberts et terminée de près par Sinclair (1-2, 70e). Sur l’action suivante, Foderingham évite même l’équarrissage devant Armstrong avant que Wilson ne se sacrifie à son tour. Pour espérer ? Oui, un peu, comme sur ce poteau de Kenny Miller à dix minutes de la fin. Mais le niveau était, cette fois encore, trop haut. Le Celtic poursuit sa marche royale. Les Rangers, eux, leur résurrection.
Par Maxime Brigand