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Le cauchemar de Ronaldo
Ce samedi, le Portugal a encore une fois pataugé contre l'Autriche. La faute, entre autres, à la malchance de son joueur star, Cristiano Ronaldo.
On joue la 76e minute de ce décevant Portugal-Autriche. Cristiano Ronaldo est accroché dans la surface de réparation par Martin Hinteregger. L’arbitre désigne le point de penalty, sans aucune hésitation. En même temps, le coup de sifflet est justifié. Il ne fait aucun doute, c’est à CR7 de s’emparer du ballon pour transformer le penalty. Comme il l’a fait tant de fois. Comme il l’a fait il y a quelques jours en finale de la Ligue des champions avec le Real, pour permettre à son club de l’emporter. Au bout du suspense. Alors, Ronaldo prend ses responsabilités, et le ballon avec. Il le place à onze mètres du but autrichien. Après de longues secondes passées les mains sur les hanches à attendre le coup de sifflet de l’arbitre, il s’élance et croise un tout petit peu trop sa frappe. Le ballon rebondit sur le poteau. CR7 se retourne, repose ses mains où elles étaient, sur ses hanches, et lève les yeux au ciel, comme pour trouver une explication. Il vient de tuer son Portugal.
Une véritable tête de mule
Quelques minutes plus tard, dix pour être précis, la star portugaise a une nouvelle chance inespérée de se racheter. Sur un coup franc bien tiré par le bon Guerreiro, il parvient à placer sa tête décroisée au fond des filets. À peine a-t-il le temps de commencer à célébrer que l’arbitre de touche lève son drapeau. Il est hors jeu de deux bons mètres sur cette action. Un symbole de plus, comme s’il en fallait un autre de son impuissance ce soir. Pendant une heure et demie, Cristiano a passé une soirée cauchemardesque. Quand il n’a pas pas buté sur Robert Almer, que ce soit de la tête (35e) ou en force (55e), il n’a pas trouvé le cadre (20e). Une inefficacité qu’on ne peut pas mettre sur le compte du découragement. Car une chose est sûre, Cristiano Ronaldo n’arrêtera jamais de tenter sa chance.
Ce qui a souvent été sa force, à savoir cette obstination à vouloir faire la différence, s’est transformé en faiblesse. Sa plus grande faiblesse. Et l’exemple le plus frappant reste les coups francs directs. Ce samedi encore, Ronaldo n’a pas laissé une seule miette à ses partenaires, notamment à Nani et Quaresma, pas dégueus dans l’exercice, mais surtout à Raphaël Guerreiro, qui pourrait être bien plus efficace sur certaines zones du terrain avec sa patte gauche. Non, quelle que soit la position, le coup franc doit être pour Cristiano. C’est une règle tacite en sélection portugaise. Et quiconque s’y oppose s’attire les foudres de la star madrilène. Sauf que Ronaldo est loin d’être impérial dans ce domaine. Dans les tournois majeurs avec le Portugal, il n’en a jamais inscrit un seul. Sur 36 tentatives. À titre de comparaison, son coéquipier du Real Madrid, Gareth Bale, en est à deux buts sur trois tentatives.
Toujours plus de pression
Même s’il n’est pas le seul à blâmer sur ce match pour son manque de réalisme – Nani aussi a trouvé le poteau de la tête en première mi-temps –, CR7 symbolise aujourd’hui à lui seul les difficultés du Portugal à passer un cap. Pendant que les fans autrichiens entonnaient des chants à la gloire de Messi pour le chambrer, le triple Ballon d’or ne cessait de se crisper sur le terrain. Depuis le traumatisme de l’Euro 2004, le capitaine portugais ne parvient pas à se transcender dans les grandes compétitions internationales. Pire, il semble de moins en moins fort, usé par des saisons de plus en plus longues. Monumental en 2004 – il n’a pu retenir ses larmes après la défaite en finale -, performant en 2006, 2008 et 2012, très décevant en 2010 et 2014, Ronaldo n’arrive pas à assumer pleinement son statut de sauveur de la nation. Et s’il commençait par décharger un peu ses épaules, si musclées soient-elles ?
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