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Le casse-tête Rooney

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Le casse-tête Rooney

Schalke a pris l'eau face à Manchester United et c'est normal : en fait, les Red Devils jouent à douze. Car Wayne Rooney compte double, à la fois buteur, meneur, ailier, récupérateur, un café, l'addition.

Grégory Coupet avait vu mieux que tout le monde. En 2008, alors que Lyon se prend un petit cours de réalisme par Manchester United (1-1 ; 0-1), le portier de l’OL met le doigt sur la différence entre les deux équipes: « Cristiano Ronaldo ? Il est fort c’est vrai mais celui qui fait tout, c’est Rooney. Je n’ai jamais vu un attaquant autant porter une équipe collectivement » . Il faut croire que sir Alex Ferguson est du même avis que l’ancien international français. Quand David Beckham lui a cassé les couilles, il l’a expédié au Real Madrid. Quand la Maison Blanche a offert un pont d’or à Cristiano Ronaldo, il a lâché sa perle portugaise sans état d’âme. Quand Rooney lui a pété les noix et qu’il y avait en plus la possibilité de tirer un max de pognon à Manchester City, Fergie a docilement retenu l’attaquant anglais en lui rajoutant plein de zéros à son contrat. So ? Même le manager réputé inflexible a dû faire une entorse à un vieil adage des Red Devils : un joueur peut être plus grand que le club. Mais on comprend Ferguson car avec Rooney, MU possède un attaquant comme on n’en a peut-être jamais vu. Pas le plus fort intrinsèquement bien entendu mais probablement le plus infernal à gérer. Car le natif de Liverpool est partout. Et hier Schalke, comme les autres, l’a vérifié à ses dépens.

Queudrue : « On sous estime son sens tactique »

Evidemment, Rooney est labellisé comme un attaquant. Son second but de renard le démontre : patience pour se faire oublier, timing de l’appel, application dans la finition et justesse technique dans la réalisation, sans fioriture. L’Anglais sait remplir ce genre de rôle. L’an passé quand Cristiano Ronaldo, pour lequel il avait longtemps sacrifié ses stats, a plié les gaules direction Madrid, Rooney a su reprendre le scoring et afficher des chiffres tout à fait comparables à ceux du Ballon d’Or 2008 : 34 pions en 44 matches toutes compétitions confondues. Il faut dire que le joueur formé à Everton fait partie d’une espèce rare. Il y a les avant-centres qui opèrent dans la profondeur, d’autres davantage en pivot et bien entendu les rôdeurs. Rooney, c’est tout ça à la fois avec en plus une mobilité sur tout le front de l’attaque qui fait dégoupiller tout un système défensif. Mardi soir, Matip et Metzelder, la charnière centrale de « nul-vier » a expérimenté l’analyse de Franck Queudrue qui a longtemps pratiqué la bête en Premier League: « Il y a parfois un délit de faciès parce qu’il a un côté gros bourrin anglais mais on sous estime souvent son sens tactique. Il sait parfaitement aller entre les lignes, prendre la profondeur ou décrocher très bas selon les configurations du match et de son équipe. Pour ma part, j’avais plus de mal en duel avec Ronaldo qui est meilleur dribbleur. Mais je pense que si le Portugais est plus compliqué à prendre en un contre un, collectivement il est moins dur à gérer qu’un Rooney qui décroche, s’écarte, part dans votre dos, etc… » . En clair : Ronaldo est un casse-tête pour un défenseur et Rooney pour une défense.

Roux : « En fait, c’est un meneur de jeu »

Mais pour Guy Roux, Rooney c’est bien plus que ça. « Ca fait longtemps que ce n’est plus seulement un attaquant. Il joue quasiment meneur de jeu désormais. C’est simplement un meneur qui a des stats d’attaquant » . Vrai. Son offrande à Ryan Giggs sur l’ouverture du score face aux Allemands est une merveille du genre : décrochage, dribble, conservation du ballon et service dans un trou de souris idéalement dosé pour l’appel en profondeur du Gallois. Et ne surtout pas croire à une simple fulgurance. Lors du premier semestre cette saison, Rooney, entre blessures, maux de têtes et bras de fer avec son club, était moins présent dans la finition (seulement trois buts jusqu’à décembre). Sauf que l’animal dispensait dans le même temps une dizaine de passes décisives, chiffre dont bien des meneurs confirmés se contenteraient sur une saison entière. Mais là où Rooney se démarque vraiment (car une assist pour un attaquant, peut être une remise, une déviation, bref un geste dans la zone de l’avant-centre), c’est dans sa façon d’orchestrer le jeu. Face à Schalke, Rooney a tenté et réussi six transversales, et encore, le chiffre reste modeste car MU allait dans la verticalité. Mais en quart de finale aller face à Chelsea, l’Anglais en a délivrées… seize ! Là encore, Queudrue nous détaille le menu: « Il fait une très grosse différence sur sa first touch comme on dit en Angleterre. Sa prise de balle est toujours impeccable et il est très tonique pour enchaîner, ça lui donne un temps d’avance, d’autant qu’il a une excellente vision du jeu, il a souvent pris l’information avant d’avoir le ballon, il voit tôt et loin, c’est pour ça qu’il est capable de faire des transversales de 40 mètres, ce qui n’est pas donné à beaucoup d’attaquants purs comme lui » .

Certains restent sceptiques…

Enfin, non content d’occuper tous les postes ou presque de l’attaque, Rooney se démène comme un beau diable à la récupération. En Allemagne, on l’a encore vu, en début de match surtout quand Schalke faisait encore un peu jeu égal, aller prêter main forte à son entrejeu pour gratter des ballons ou au moins faire sentir son haleine au houblon sur le porteur allemand du ballon. Une constante chez l’Anglais, quasiment unique dans les annales. David Friio, recruteur français de MU, nous explique : « Par rapport à Cristiano, qui n’était pas suffisamment impliqué dans le travail défensif au début, il a fallu que Ferguson ait le raisonnement inverse avec Wayne en lui demandant d’arrêter un peu de se sacrifier en permanence aux quatre coins du terrain car son efficacité individuelle s’en ressentait. Mais Rooney, lui, s’en fout de ses stats. Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime en Angleterre. Il se fiche des lumières médiatiques et commerciales, la reconnaissance des fans et la victoire de son équipe lui importent plus » .

Pourtant, cette « sur-activité » en laisse certains sur leur faim, comme Omar Da Fonseca : « Je dirais que sa valeur se fait davantage sur son exceptionnel volume que sur le qualitatif pur et dur. Alors c’est vrai qu’il fait plein de choses, qu’il tape des sprints de cinquante mètres en défense et tout ça mais moi, ce n’est pas ce que j’attends d’un attaquant. Si j’osais je dirais que d’une certaine manière, il compense par son investissement incroyable un léger déficit qualificatif, si l’on considère la crème de la crème. Attention, je ne dis pas que c’est un tocard, hein. Même s’il était argentin où le secteur offensif est plus riche qu’en Angleterre, ce serait une superstar car c’est un joueur incroyable pour construire une équipe » . Ce que confirme David Friio, pour qui « Wayne fait partie de ces très rares joueurs qui sont à la fois des match winners et des mecs autour desquels ont peut bâtir une équipe. Il n’est pas juste le maillon final de la chaîne. Si j’avais un chèque en blanc pour bâtir une équipe, c’est le premier nom que je coche » . C’est sans doute le premier que coche Ferguson quand il établit son onze. C’est aussi probablement celui que cochent les adversaires quand ils doivent identifier le danger numéro un de Manchester. Sans savoir précisément comment le contrer. En tout cas, jusqu’ici, sur la route de la finale de Wembley, personne n’a encore trouvé.

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