ACTU MERCATO
Le cas Ocampos
Seule recrue marseillaise de ce mercato hivernal, Lucas Ocampos débarque à la Commanderie avec son lot de frissons et d'incertitudes. Capable de faire lever les supporters du Vélodrome comme d'agacer ses coachs par son manque de rigueur tactique, l'Argentin arrive comme un point d'interrogation dans un secteur offensif déjà bien pourvu.
On ne reverra plus cette scène au Louis-II. Celle d’un père venant accrocher un drapeau argentin juste derrière la tribune de presse de l’enceinte monégasque. Cet homme, c’est le pater de Lucas Ocampos, arraché près de 15 millions d’euros (avec bonus) à River Plate en 2012. Un père qui n’hésitait pas à se faire des déplacements dans les différents stades de Ligue 1 pour voir son mouflet jouer. Un gamin promis à un brillant avenir depuis ses débuts en seconde division argentine. Ailier, deuxième attaquant, dribbleur, cavaleur, dévoreur d’espaces, Ocampos devait casser le Louis-II. Deux ans et demi plus tard, le premier gros coup financier de la présidence de Dmitry Rybolovlev quitte pourtant la Principauté par la petite porte. Abonné au banc de touche depuis un an, l’Argentin de 20 ans voulait jouer. Cela fait plusieurs semaines que l’AS Monaco propose son joueur à qui veut bien prendre en charger son salaire (100 000 euros net par mois). Ça sera donc l’OM. À Marseille, il aura la chance de (re)trouver une ambiance plus en adéquation avec ce qu’il a connu à River Plate et un entraîneur qui le désire ardemment depuis l’été dernier, Marcelo Bielsa.
Sorties de banc et lacunes tactiques
Sur le Rocher, Ocampos aura planté 15 buts en 98 matchs. La plupart de ses caramels ont été marqués en sortie de banc de touche. Parce que oui, Lucas ne s’est jamais imposé à l’AS Monaco. Jamais sur la durée en tout cas. Une saison pour apprendre en Ligue 2, une autre à découvrir le haut niveau sous Ranieri, puis six mois avec Jardim et la Ligue des champions en invitée surprise. Au final, une conclusion aussi dure qu’évidente : le gamin n’a jamais réussi à devenir un titulaire en puissance. À Monaco, ses lacunes sont évidentes, le jeune homme n’était pas du tout aguerri à la première division et à l’exigence tactique de celle-ci. Il a des circonstances atténuantes puisque l’on parle d’un môme qui a quitté son pays natal à 18 ans. Ce n’est jamais évident de laisser un océan entre sa vie et son bureau…
C’est simple, l’Argentin ne donnait aucune garantie tactique ni même d’assurance quand il débutait un match. Ocampos est fou, imprévisible, soliste et ingérable pour un collectif. Ranieri et Jardim en ont vite eu ras-le-bol de passer leurs matchs à replacer le joueur et de lui demander de jouer pour les autres. Au final, Yannick Ferreira Carrasco, Anthony Martial ou même Nabil Dirar auront eu l’oreille plus attentive aux conseils des coachs asémistes. C’est pourquoi les trois garçons ont progressé pendant qu’Ocampos rétrogradait dans la hiérarchie offensive monégasque. Certains regretteront le garçon, attachant, bon vivant, même si en complète infraction avec la brigade de la mode. D’autres se souviendront encore de certains de ses buts, comme ce ciseau claqué à Toulouse l’an dernier ou son caramel qui permet de braquer Leverkusen en Ligue des champions. D’aucuns vous parleront de son cœur. Ocampos est un canard, qui étale sa vie amoureuse sur Instagram. Pour être franc, le garçon fréquente des avions de chasse. Mais sur le Rocher, il se murmure que l’une de ses aventures n’est pas sans aucun lien avec sa baisse de régime. Nul doute que Bielsa trouvera les mots pour polir ce diamant brut et remettre de l’ordre dans la maison Ocampos. Le père, lui, ne sera plus le seul à sortir un drapeau argentin en tribunes.
Par Mathieu Faure