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Le cas Messi
À l'heure d'affronter le Brésil chez lui, les Argentins ne rêvent que d'une chose et ils le répètent dans la chanson qui résonnait déjà lors de la Coupe du monde au Brésil en 2014 : « À Messi lo vas a ver... la Copa nos va a traer... » (« Tu vas voir Messi... La Coupe est pour nous. ») La réalité de cette Copa América 2019, c'est que Lionel Messi ne s'épanouit pas avec la sélection d'Argentine. Et inversement.
Mine de rien, l’Argentine est la seule équipe qui a marqué des buts (sans que la VAR ne les annule) lors des quarts de finale de la Copa América. La seule équipe qui, en battant 2-0 un Venezuela inoffensif, s’est hissée dans le dernier carré au terme du temps réglementaire, quand le Brésil – son prochain adversaire -, le Chili et le Pérou ont dû remporter une séance de tirs au but après un 0-0. Mais, dans le contenu de ses prestations, l’Argentine déçoit. « Nous sommes devenus une équipe moyenne, on peut gagner ou perdre contre n’importe qui. Avec Messi, nous avions un avantage, alors imaginez-vous après lui… » , s’inquiétait Coco Basile, l’ancien sélectionneur de l’Argentine, dans le dernier SO FOOT. C’est là tout le problème de l’Albiceleste : Messi est là, mais on ne le voit pas sur le terrain.
Le passeport et la boussole
En quart de finale, face à la Vinotinto, Messi a dû redescendre à hauteur du rond central pour toucher son premier ballon dans le jeu. C’était dos au but, juste histoire de rendre le cuir à Leandro Paredes (8e). Il a fallu attendre une passe en retrait de Lautaro Martínez juste après l’ouverture du score – dont Messi est à l’origine en tirant le corner – pour le voir tenter une première frappe (12e). Hors coups de pied arrêtés, c’était le désert jusqu’à une combinaison avec Di María, quand le match était déjà plié (88e). En somme, on a rarement vu le quintuple Ballon d’or aussi effacé. « Il a le passeport et le maillot argentin, mais on dirait un étranger tellement il est déboussolé sur le terrain » , résume Omar da Fonseca, avec de la tristesse dans la voix depuis l’aéroport au Brésil, lui qui commente la Copa América sur place pour beIN Sports.
Le 22 mars 2019 marquait la fin de la coupure de Messi avec la sélection. Presque neuf mois après l’élimination en huitièmes de finale de la Coupe du monde en Russie, il fait son retour en sélection. Ce soir-là, au Wanda Metropolitano de Madrid, l’Argentine s’incline 3-1 contre le Venezuela justement. Messi est l’une des seules satisfactions de son équipe. « Toutes les occasions que nous avons engendrées sont grâce à lui » , reconnaît alors le sélectionneur Lionel Scaloni. Il déclare surtout : « Ce sont les autres qui doivent faire un pas en avant vers Messi, pas l’inverse. » Reste que trois mois plus tard, la Pulga ne s’épanouit toujours pas avec l’Argentine. « Le schéma de jeu de la sélection ne lui convient pas, analyse Omar da Fonseca. En sélection, les milieux et les latéraux sont derrière lui quand il touche le ballon. Ce n’est pas le cas quand il mène le jeu à Barcelone. »
Les mots du Pélican
Le jeune entraîneur retraité Louis van Gaal voit les choses autrement. Dans une interview pour le quotidien espagnol El País parue la semaine dernière, le Pélican disait : « J’aime Neymar et Messi en tant que joueurs individuels, pas en tant que joueurs d’équipe.(…)Guardiola a fait jouer Messi pour le bien de l’équipe [le Barça], mais les récents entraîneurs se sont trop adaptés à Messi au lieu de protéger l’esprit d’équipe. » Serait-ce le cœur du problème de l’Argentine ? Depuis le début de la Copa América, Messi n’est pas utile à l’Argentine pour presser l’adversaire quand il faut récupérer le ballon, et l’Argentine n’est pas en condition de faire fructifier le talent du meilleur joueur du monde. Aujourd’hui, le constat est déchirant, mais avoir Messi n’est plus un avantage pour l’Argentine.
Par Florian Lefèvre
Propos d'Omar da Fonseca recueillis par FL