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Le cas Imbula
Absent de la plupart des matchs de Porto depuis la-mi novembre, annoncé en partance de Porto cet hiver, Giannelli Imbula traverse une période de fortes turbulences. Et si la recrue la plus chère du football portugais était sur le point de faire un gros flop ?
« Étrange » serait sans doute le mot juste pour qualifier les fêtes de fin d’année passées par Giannelli Imbula. L’ancien Marseillais a trouvé de bien mauvais cadeaux sous le sapin, à savoir une absence de la liste des convoqués pour le classico contre le Sporting (défaite 2-0) et d’incessantes rumeurs sur la présumée volonté de se séparer du joueur de la part du FC Porto. Bref, l’hiver 2015-2016 sent le sapin pour Gianni, dont le père est plus que mécontent de l’improbable situation de la recrue la plus chère de l’histoire du football portugais. « Tout ce que nous voulons savoir, c’est à quel point Porto est prêt à parier sur lui, parce qu’il y a eu des situations incompréhensibles » , a déclaré Willy N’Dangi dans les colonnes de O Jogo. Malgré l’intérêt du Milan AC, de Stoke City ou de Southampton, le représentant du milieu portista affirme n’avoir reçu aucune proposition concrète et se veut malgré tout patient. « En premier lieu, il a un contrat avec le club. Ensuite, je suis curieux de voir comment ce dernier va gérer l’un des plus gros actifs de l’effectif, comment ils vont gérer la situation. » Depuis le revers des Dragons contre le Dynamo Kiev à domicile en Ligue des champions (0-2), Imbula a vu son nom être rayé de la liste des convoqués à six reprises sur neuf matchs. Sur les trois rencontres où il a été appelé, il n’a été titulaire que face à Chelsea (défaite 2-0, encore). Il est ensuite entré en jeu contre le CD Nacional à la faveur d’une légère blessure de Danilo Pereira et a fait une apparition contre Maritimo en Coupe de la Ligue il y a tout juste une semaine. Cerise sur le gâteau, il faut remonter jusqu’au 25 octobre pour retrouver un Gianni titulaire en Liga Nos. Bref, c’est peu dire que Julen Lopetegui a complètement abandonné l’idée de faire du Français l’une des pierres angulaires de son système.
Lacunes tactiques et concurrence
Le technicien espagnol des azuis e brancos a pourtant essayé d’intégrer sa précieuse recrue à maintes reprises et de différentes manières à son 4-3-3. De fait, Imbula a tantôt évolué au sommet du triangle, tantôt en relayeur, son poste de prédilection. La rotativité prônée par Lopetegui et la concurrence sont autant de facteurs qui l’ont empêché de s’installer durablement à un poste précis de l’entrejeu. Danilo Pereira, injouable en sentinelle, Ruben Neves, aussi précoce qu’intelligent tactiquement (malgré un match moisi à Alvalade), et le surprenant André André ont progressivement obligé l’ancien Phocéen à se contenter de miettes. Contrairement à la concurrence, le natif de Vilvorde n’a jamais donné la sensation de progresser dans les domaines où il est moins bon. Danilo évolue techniquement, Neves physiquement, tandis que lui stagne tactiquement. Certes, il est impressionnant balle au pied et autoritaire dans les duels, mais il fait preuve d’une naïveté tactique presque inacceptable à ce niveau. Comme si les lacunes qu’il avait en partie gommées avec Marcelo Bielsa avaient peu à peu refait surface, celles-ci étant plus flagrantes quand il évolue aux côtés de Danilo Pereira, dont le style de jeu se rapproche du sien, et sur le terrain duquel il n’hésite pas à empiéter, quitte à ruiner l’équilibre de l’entrejeu portista. Et que dire de son incapacité à verticaliser le jeu à travers ses passes… L’ex-Marseillais a eu bien du mal à faire la différence autrement qu’en partant de loin et en emportant tout sur son passage. Son jeu manque de variété et n’a guère évolué en six mois. Mais n’est-ce pas trop tôt pour effectuer un jugement définitif sur le joueur ?
« Lopetegui ne comprend pas les qualités d’Imbula »
En dépit de son prix mirobolant, Giannelli Imbula a toujours le soutien d’une partie du public portista, ce dernier préférant cibler l’incapacité de l’entraîneur espagnol à valoriser la jeune promesse. C’est aussi la ligne d’attaque de Willy N’Dangi, qui déclarait il y a plus de deux semaines dans France Football que « Bielsa savait le mettre en valeur, mais ce n’est pas le cas à Porto » . Dans ce même entretien, Lopetegui prend encore plus cher, puisque le père d’Imbula va jusqu’à comparer son travail à celui d’Élie Baup, « qui a commis les mêmes erreurs. C’est du copier-coller. On ne donne pas à Giannelli l’occasion de s’exprimer » . C’est en partie vrai. Mais d’un autre côté, mérite-t-il l’entière confiance de l’entraîneur au détriment de joueurs qui semblent évoluer une classe au-dessus ? Rien n’est moins sûr. Le milieu français doit travailler et attendre sa chance. Pour le moment, il n’a rien montré à part deux passes décisives et un match de gala au Dragão face à un Chelsea fragile. S’il prend son temps, s’il ne se précipite pas, il peut encore inverser la tendance. Du beau monde partira forcément du club l’été prochain. Ruben Neves est annoncé un peu partout, et Danilo Pereira ne devrait plus passer inaperçu d’ici peu. Reste à savoir si Imbula vise toujours l’Euro 2016. Si c’est le cas, il se pourrait bien que l’aventure portista s’arrête dès janvier. Dans le cas contraire, il pourra toujours essayer de retrouver sa place dans le groupe de Lopetegui. Ou dans le groupe d’un autre entraîneur. Car le Basque est sur la sellette et nombreux sont ceux qui au club aimeraient le voir faire ses valises. Y compris Giannelli ?
Par William Pereira