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Le carnet tactique de PSG-Lyon

Par Maxime Brigand
Le carnet tactique de PSG-Lyon

Thomas Tuchel rêvait dimanche soir d'envoyer un message à la concurrence, l'Allemand a finalement vu l'OL débouler avec un plan millimétré, qui a coupé la parole au PSG. Récit tactique de la première victoire lyonnaise en Ligue 1 au Parc depuis 2007.

« Le jeu de football est un système de signes, c’est-à-dire une langue, quoique non verbale.(…)Les joueurs sont les chiffreurs de ce langage, nous, dans les tribunes, nous sommes les déchiffreurs : nous possédons donc tous en commun un code. Qui ne connaît pas le code du football ne comprend pas le sens de ses mots (les passes) ni le sens de son discours (une suite de passes). » Si le cinéaste italien Pier Paolo Pasolini avait pu se rendre au Parc des Princes dimanche soir, peut-être se serait-il arraché les cheveux devant l’incapacité des Parisiens à construire des phrases convenables. Ou peut-être, au contraire, Pasolini se serait-il rapidement levé pour saluer l’exploit de Rudi Garcia, un entraîneur qui a vu ses joueurs réussir un tour de force décisif à Paris : couper la parole à leurs hôtes du soir. Là est le principal coup du coach lyonnais, qui n’est pas venu dire autre chose après l’exposé de son équipe : « Ce soir, on a bien défendu. On a annihilé leurs forces et après, on a suffisamment bien joué offensivement pour marquer au moins une fois. Si j’ai des choses à regretter, c’est qu’on a été capables de tenir le ballon chez eux, donc de s’exposer à des contres en deuxième période, et je pense que dans l’avant-dernière passe et la dernière passe, on aurait dû faire beaucoup mieux, être plus précis, plus justes… Je pense qu’on aurait pu gagner plus largement. » Au bout, la prise est quand même immense : pour la première fois depuis octobre 2007, l’OL, coleader du championnat avec le LOSC, a remporté un match de Ligue 1 au Parc, et pour la première fois depuis le début de l’ère QSI, le PSG a bouclé sa soirée avec un seul tir cadré. Rien que ça.

La clé Depay et la parole coupée

Mais comment les Lyonnais ont-ils réussi à fermer le clapet de la bande à Tuchel ? Puisque c’est la passe qui relie et permet aux différents pions d’une équipe de discuter entre eux, le plan de Garcia, dimanche soir, a été simple et rapidement visible. L’objectif ? Forcer le PSG, via un pressing haut, à déclencher des passes axiales et l’enchaîner de baffes ensuite. Au Parc, la première ligne de pression de l’OL n’a pas forcément été très agressive, elle s’est simplement contentée, avec le reste du onze, de boucher l’intégralité des lignes de passe. Ainsi les Parisiens, disposés en 3-5-2 et privés de Mbappé au coup d’envoi du débat, se sont rapidement retrouvés sans solution et ont rapidement rendu les ballons. La première minute en est un bel exemple et aurait suffi à faire crier Pasolini. Coup sur coup, on y a vu Danilo envoyer une passe vers Bakker en touche, Navas balancer une relance directement sur Dubois et Di María rater une transversale vers Verratti.

D’entrée, le plan défensif de l’OL a été déplié. Face au 3-5-2 de Tuchel, les ailiers lyonnais (Kadewere et Toko-Ekambi) ont eu pour mission de cadrer les centraux excentrés du PSG (Diallo et Kimpembe). Memphis, lui, a été chargé de couper la ligne de passe avec Paredes avec le soutien de Mendes pendant qu’Aouar se partageait la gestion de Di María avec Cornet et que Paqueta a enfilé les menottes à Verratti.

Un homme a d’abord été irréprochable dans son engagement défensif : Memphis Depay, qui a contribué, avec l’aide de Thiago Mendes, à sous-alimenter Paredes. Là où l’Argentin a touché 116 ballons pour 99% de passes réussies face à Başakşehir mercredi, il en a cette fois tripoté moins de 60 avant d’être remplacé par Herrera à l’heure de jeu. Son taux de passes réussies, lui, est tombé à 90%.

Memphis Depay a été une clé précieuse de la belle organisation défensive de l’OL en coupant l’alimentation de Paredes.

Dans cette mission, le Néerlandais a été accompagné par un Mendes qui n’a laissé que des miettes à ses victimes dimanche soir.

Preuve de l’importance de Memphis, à la dixième minute, l’OL s’est procuré une grosse situation après une bonne récupération de l’attaquant néerlandais dans les pieds de Paredes.

Pressé par Kadewere, Kimpembe joue plein axe vers Paredes, qui va perdre le ballon sous la pression de Memphis…

… derrière, Paqueta trouve Aouar dans l’entrejeu, mais Kimpembe va bien se rattraper et couper la transmission vers Kadewere.

Cette occasion n’est pas un cas isolé, mais un copier-coller : cinq minutes plus tôt, à la suite d’un ballon rendu bêtement par Neymar, les Lyonnais se sont retrouvés dans une situation identique avec un poil plus de réussite.

Après avoir décroché, Neymar cherche à jouer en retrait, mais sa passe en hauteur est contrée par Kadewere…

… le ballon retombe sur Paqueta qui peut trouver Aouar, laissé libre par le positionnement de Di María…

… Après avoir éliminé Paredes sur un pas et résisté à un tacle de Danilo Pereira, Aouar va décaler Depay…

… L’ouverture est parfaite, mais Kadewere va manquer son contrôle.

Cette séquence permet de mettre en lumière un deuxième point de l’excellente première période de l’OL et une autre faille de l’approche du PSG. En abattant la carte Di María plutôt que la carte Rafinha, Thomas Tuchel a mis en danger son équipe et a filé un terrain d’expression énorme à Houssem Aouar qui, s’il n’a réussi que quatre passes (sur dix tentées) lors des quarante-cinq premières minutes, a été tranchant à chacune de ses prises de balle.

Plusieurs séquences laissent apparaître un milieu lyonnais en supériorité numérique dans le cœur du jeu (3v2). Cela s’explique simplement par le repli défensif aléatoire d’Ángel Di María.

Nouvelle preuve à la 19e minute…

… et moins d’une minute plus tard.

Résultat, Aouar a pu être trouvé face au jeu comme ici par Paqueta…

… après avoir effacé Danilo au milieu, Aouar peut écarter vers Toko Ekambi, qui va rater son centre.

Si l’OL n’a eu le ballon que 30% du temps en première période, les hommes de Garcia ont malgré tout cogné à chaque perte de balle parisienne et ont pu frapper cinq fois lors des 45 premières minutes. Sans certaines interventions (un bon tacle de Kimpembe à la 3e minute notamment), le PSG, qui n’a jamais vraiment réussi à écarter le bloc lyonnais (ce qui est pourtant l’un des objectifs du 3-5-2 et ce qui peut s’expliquer ici par le manque d’espaces créés par les centraux excentrés), aurait même pu concéder davantage d’occasions. Logiquement, ça a fini par se payer. En deux temps.

À la 35e minute, Toko Ekambi vient intercepter une passe molle de Paredes vers Bakker…

… Derrière, le Camerounais allume et va trouver Kadewere à droite, dont la frappe ne va pas être cadrée.

Sur la relance parisienne, Kimpembe décide de s’aventurer, alors que Paredes est toujours cadré par le duo Memphis-Mendes. Le ballon va de nouveau tomber dans les pieds de Toko Ekambi…

… Qui ne tremble pas : passe parfaite pour Kadewere et 0-1 pour l’OL.

Le seul but de la rencontre est un parfait symbole de la réussite du plan lyonnais, mais aussi de l’échec total du PSG à la première relance. Incapable de s’exprimer correctement, les Parisiens se sont sabordés et ont été réduits à attendre des éclairs – trop rares – de Neymar ou des centres, mal ajustés, de Florenzi. La seule frappe cadrée parisienne de la rencontre, signée Florenzi, découle de l’un d’entre eux.

Lassé de ne rien toucher, Neymar décroche très bas et va réussir à déclencher vers Bakker dont le centre va ensuite atterrir sur le pied de Florenzi. Lopes sortira le bon arrêt.

Le roi Paqueta

Malin, le plan défensif de l’OL a également été magnifié par des performances individuelles assez monstrueuses. Lucas Paqueta, déjà incandescent à Metz, a de nouveau été brillant et a complètement étouffé Marco Verratti tout en coupant la connexion entre l’Italien et Neymar et en faisant fructifier la grande majorité des ballons qu’il a eu à négocier (quatre passes-clés, deux tirs).

Bien trouvé par Kadewere, Paqueta peut déclencher vers Memphis en profondeur. Heureusement pour le PSG, Kehrer effectuera un retour parfait.

L’intégralité du onze lyonnais a su se mettre au niveau. Toko Ekambi a été solide défensivement (quatre ballons récupérés, quatre interceptions) et décisif offensivement (cinq passes-clés, une passe décisive), Kadewere a aussi été très précieux, Léo Dubois a été très en vue sur son côté droit avec notamment deux percées et neuf ballons récupérés là où le socle défensif lyonnais (Marcelo-Mendes-Denayer) n’a rien donné (quatorze ballons récupérés à eux trois et dix-huit interceptions). Même quand le PSG a entrouvert une porte, notamment lorsque Paredes reculait et laissait Danilo sortir balle au pied, l’OL a su la claquer ou profiter de la faiblesse technique du soir des joueurs parisiens.

Preuve de la belle entente lyonnaise : ici, Danilo cherche (enfin) Florenzi côté droit. Cornet sort sur le latéral italien, et Aouar poursuit son effort derrière pour suivre Di María. C’est un effort que l’Argentin n’a jamais fait de l’autre côté.

« On a réussi à être le plus proche possible les uns des autres, est venu détailler Aouar après la fête sur Téléfoot. On a bien gardé le ballon au milieu et on savait qu’une fois le ballon récupéré, il fallait casser le pressing des Parisiens. On a bien su le faire, même si on a un peu plus souffert en seconde période… » Bon à noter : le pressing du PSG n’a pas forcément été plus réussi en deuxième mi-temps, mais les Lyonnais ont décidé de reculer d’un cran, ce qui a été ensuite corrigé par Garcia par un changement de système dans le dernier quart d’heure (passage au 5-3-2 avec Diomandé derrière, Guimarães au milieu et Dembélé devant).

« Tout ça a manqué… »

Tuchel : « La clé était l’effort, la discipline, la manière de défendre, la récupération haute… C’est, pour moi, le révélateur. C’était exceptionnel contre Manchester, Montpellier et Başakşehir. Aujourd’hui, il n’y avait pas ça. La structure et le contre-pressing, tout ça a manqué. Et selon moi, c’était le moment de montrer à la concurrence qu’on est toujours là. » Finalement, la concurrence n’a pas vu grand-chose de ce PSG qui n’a pas su répondre en deuxième période ni trouver de profondeur malgré l’entrée de Mbappé ou celle, trop tardive, de Rafinha. Difficile de le faire, en plus, lorsque Thomas Tuchel décide de finir la rencontre avec un double pivot Gueye-Herrera dans un 3-4-3. Surtout, les Lyonnais ont continué à se régaler dans les espaces, sans en profiter comme ils auraient dû le faire.

Premier symbole des trous dans le pressing parisien…

À l’heure de jeu, sur un ballon récupéré le long de la ligne par Cornet, l’OL va se retrouver en trois passes dans la surface du PSG…

… Trouvé par Mendes devant la surface, Aouar peut enclencher la machine…

… et trouver Toko Ekambi, qui ne va pas réussir à faire la différence.

Encore un espace béant dans le milieu du PSG.

Lors du dernier acte, l’OL a même eu des balles de 0-2 : une frappe de Mendes facilement captée par Navas, une autre de Paqueta bien sortie… On a d’ailleurs entendu les regrets de Garcia, mais aussi ceux de Aouar, venu glisser qu’il y avait « la place » de faire encore plus mal, encore plus fort. Mais l’essentiel est là : le PSG, qui a en plus perdu Neymar sur blessure, a glissé pour la quatrième fois de la saison en quatorze journées, la Ligue 1 est bourrée de suspense et il existe le sentiment que le champion de France en titre ne maîtrise pas grand-chose. Dans une semaine, il sera à Lille et pourrait prendre un nouveau tampon pleine bille s’il ne resserre pas ses mailles et ne réussit pas à sortir du moindre pressing. Car dans le jeu, c’est bien l’OL qui a envoyé un message dimanche soir et posé une question : et si les hommes de Garcia se déguisaient autrement qu’en dauphin ?

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