Le Cameroun à la maison

Avant le match, tous les regards étaient braqués sur le Cameroun. Les Danois n’avaient pas à trouver ça injuste. La sélection africaine est la seule qui peut se vanter d’avoir un vestiaire plus explosif que celui de la France : il y a Emana qui s’en prend au petit chef Eto’o, Geremi qui fait son lobbying pour revenir dans l’équipe malgré sa boulette, fatale, lors de la dernière CAN, M’Bia qui ne parle que de ses stats… Heureusement, dès le début du match, on sent que les choses ont changé. Il y a de l’envie, de l’allant.

On pourrait croire que ça vient de Paul Le Guen. Après tout, l’équipe a un nouveau schéma tactique (un 4-4-2 trapèze) avec un Eto’o de nouveau en pointe. Mais, à voir le comportement des joueurs, on se doute bien que c’est le contre-pouvoir (joueurs ? dirigeants ?) qui a pris le contrôle. En même temps, personne ne s’en plaint. Au bout de dix minutes, les Lions Indomptables mènent 1-0. La faute à une bévue (la deuxième en deux matchs) de Simon Kjaer. De toute façon, le but était inéluctable. Les combinaisons sur les côtés étaient séduisantes et le pressing d’Alex Song au milieu, de retour, ne permettaient pas aux Danois d’envisager autre chose que du sauvetage à coups de longs ballons. Mais, bonne pioche, c’est sûr ceux-ci que les Blonds vont se rendre compte qu’il y a de quoi faire avec la défense des Verts : Assou-Ekkoto et M’Bia sont trop haut, et il ne va pas falloir compter sur les jeunes Bassong ou N’koulou pour recadrer tout ça.

Premier coup de poignard, une percée sur le côté de Gronkjaer qui centre pour un Bendtner jaillissant. Le début de la fin pour le Cameroun. Code Quantum, cette équipe fait penser à cet Olympique de Marseille qui évoluait au Vélodrome il y a deux ans. Séduisant, inventif devant, mais fébrile derrière. Dans l’obligation de faire un résultat, Eto’o et ses potes se retrouvent prisonniers d’un adversaire qui sait parfaitement comment agir. D’ailleurs pour parler du match et de son rythme, c’était proche d’un niveau Ligue des Champions : tout le monde sait faire un contrôle, une passe (pas le cas partout en phase de poules), les solutions, les décalages, peuvent venir de partout.

Au retour des vestiaires, le Cameroun la joue volontaire. Ça pousse, et, alors que l’on commençait à y croire pour eux, Rommedahl marque sur un contre assassin, parfaitement exécuté. Le football est cruel. Et il se termine parfois 20 minutes avant la fin. Car, comme prévu, derrière, chacun y est allé de son petit numéro. Sobre, le Danemark n’en a pas rajouté, s’économisant aussi pour son seizième de finale contre le Japon. Au fil du match, Kjaer a prouvé qu’il avait du coffre, ses copains qu’ils savaient faire le job.

Le Cameroun aurait pu l’emporter avec un peu plus de réussite. Mais le Danemark fait un beau bourreau.