Le calcio du statu quo

Bon, OK, il n’y a plus d’argent en Italie. Bon, OK, plus un seul joueur ne souhaite risquer de se prendre une bombe agricole sur la gueule dans un stade à moitié vide alors qu’il peut se balader tranquille des euros plein les poches en Angleterre ou en Espagne. Mais quand même. De là à ne recruter personne ou presque ? Ce coup-là, façon Nancy 2007, ils sont pourtant plusieurs clubs à l’avoir tenté en Italie cet été. Et pas des moindres, puisqu’il s’agit de la Roma, de la Fiorentina et de l’Udinese. Soit peu ou prou les trois plus beaux jeux de la botte. Bon, regardons voir.

Pour l’Udinese, ça ressemble à une politique. Les Frioulans n’ont pour l’heure acheté que Bernardo Corradi à la Reggina, plus, comme d’habitude, quelques jeunes prometteurs venus d’Amérique du Sud pour des cacahuètes. Et encore, Corradi vient surtout faire le nombre. Car Fabio Quagliarella, cédé au Napoli pour 16 millions d’euros, c’est Floro Flores, déjà là l’an dernier, qui devrait tenir le poste d’attaquant titulaire de l’équipe de Pasquale Marino. Pour le reste, le onze de départ de l’Udinese sera sans doute la saison prochaine à 100 % le même que la saison dernière. Y compris au milieu, où Gaetano D’Agostino, malgré les approches à 20 millions d’euros de la part de la Juventus, de Liverpool ou du Real Madrid, devrait rester. Un défi autant sportif (continuer à grandir avec le même groupe année après année) que financier. Pour la deuxième saison consécutive, la balance départs-arrivées du club du Nord Est de l’Italie devrait excéder les 15 millions d’euros. Là-bas, le propriétaire s’appelle Giampaolo Pozzo. Retenez bien son nom, c’est l’anti Florentino Perez.

A Florence, le mouvement est déjà plus subi. Les deux recrues phares se nomment Natali et Marchionni. Cesare Natali est un défenseur anonyme de 30 ans qui évoluait l’an dernier au Torino, avec qui il est descendu en Serie B. Et Marco Marchionni, l’ancien milieu droit de la Juve, est un vrai bon joueur sous-estimé. Mais sa venue en Toscane n’est pas un premier choix. En réalité, si Marchionni est descendu depuis Turin, c’est surtout en tant que monnaie d’échange contre Felipe Melo, qui a fait le chemin inverse. Du coup, ça gueule un peu devant les grilles du stade Artemio Franchi. La semaine dernière, les supporters ont d’ailleurs fait la grève du zèle en boudant la reprise de l’entraînement. A tel point qu’Andrea Della Valle, le président de la Fiorentina, a dû rassurer ses tifosi en leur demandant de lui « faire confiance » : « Le contexte de crise économique ne peut être occulté, mais nous aurons encore une belle équipe l’an prochain, et nous allons essayer de tenter deux ou trois coups sur le marché des transferts avec les 25 millions que nous avons récupérés » . A voir…

Enfin, la Roma. Pas mal de retours de prêt, quelques départs de vieux (Montella, Panucci), et aucune star en vue, même si Spalletti a dit qu’il aimerait disposer d’une pointe physique type Trezeguet. Mais voilà : la famille Sensi galère pour tenir le club, et hésite entre se vendre au plus offrant et rester bien chez soi avec des ambitions revues à la baisse. Mais bon, pas grave : De Rossi a refusé le Real, Vucinic a dit qu’il préférait rester que partir en Angleterre malgré une offre de 25 millions de Chelsea, et Mexès a déclaré que la Roma, c’était quand même plus drôle que le Milan. D’ailleurs, Totti n’a pas envie non plus de raccrocher. Et si le Calcio était le dernier refuge du vrai football ?