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- Burkina Faso/Algérie (3-2)
Le Burkina vainqueur aux rebondissements
Dans une partie où le sort n'a cessé d'hésiter avant de choisir son vainqueur, le Burkina Faso s'impose 3-2 contre l'Algérie. Le retour va être explosif.
Burkina Faso bat Algérie: 3-2Buts : Pitroipa (45+2), Koné (65e), Bancé (86e sp) ; Feghouli (50e), Medjani (69e)
Certains diront « c’est l’Afrique » . C’est surtout un moment de football comme on les aime. Il reste 5 minutes à jouer, il y a 2-2, quand un Burkinabé frappe au but alors qu’il reste entre du monde devant le gardien. Belkalem saute pour contrer la balle les mains dans le dos. Mais le cuir touche quand même son bras, à l’entrée de la surface. Suffisant pour que l’arbitre derrière le but signale au central qu’il y a penalty. Se présente alors pour le tirer Bancé, qui a déjà raté un péno dans le match. Il le transforme en force et commence à danser devant les Algériens. Ou comment dire aux spectateurs « ce match-là était pas mal, mais le retour va être encore plus costaud » .
Le réveil de Pitroïpa
Pourtant, ce n’était pas ça au début. Coach Vahid n’oublie pas comment il a su un jour se faire connaître, au début des années 2000, avec Lille. Pour ce match, il propose une formation en 5-3-2. Mesbah, Belkalem, Medjani, Bougherra et Mostefa derrière, Taïder et Yebda chargés de jouer aux relayeurs et Feghouli en numéro dix derrière Slimani et Soudani. En face, dès la huitième minute, Bakary Koné le stoppeur-gruyère lyonnais doit laisser sa place au jeune Toulousain Yago. Et ce sont les Étalons qui prennent le match par le bon bout, avec un joueur qui avait laissé un bon souvenir à la dernière CAN, le grand Aristide Bancé, avec sa coiffure de Super Saïan bricolé dans un salon de coiffure africain de Düsseldorf. Une domination stérile, qui sent le soufre quand, à la 39e, Feghouli sort la boîte à dribble pour jouer le coup à fond et aller chercher un penalty sur une rare incursion dans la surface adverse. L’arbitre ne bronche pas, faut dire que c’est assez grossier. Jonathan Pitroïpa lui montre comment ça marche : il s’offre un grand pont à toute vitesse avant de voir Belkalem tacler sur son chemin. Malin, il va donc chercher le constat comme n’importe quel routard en mal de fin de mois. Alain Traoré absent, c’est Bancé qui s’y colle, mais Raïs M’Bohli sort une bonne parade. Pitroipa décide donc de faire le boulot tout seul. Juste avant la mi-temps, il profite d’une balle balancée dans la surface pour sauter, toucher le ballon à peine de la tête, mais surtout déstabiliser M’Bohli qui sort sans trop savoir pourquoi. Le ballon finit dans les filets algériens, avec une défense qui demande un petit hors-jeu, mais qui sait pertinemment que, s’il faut se tourner vers quelqu’un, c’est vers Djamel Mesbah qui a totalement oublié le marquage.
Feghouli mange la feuille
À tous les coups, Halilhodžić a dû rappeler dans les vestiaires pourquoi les Guignols de l’info avaient un jour décidé de faire des sketchs sur lui. Parce que lorsque les Verts reviennent sur la pelouse, ce ne sont plus les mêmes. Plus que des grigris, l’équipe joue sur sa vraie qualité, la vitesse, avec de bons ballons joués dans l’espace. La défense burkinabée ne sait plus où donner de la tête et Sofiane Feghouli égalise sur un super mouvement avec Slimani, l’ex-futur Nantais. Quelques instants plus tard, c’est Soudani qui manque le coup de grâce sur un face-à-face où Diakité reste bien sur ses appuis dans ses cages et évite de se prendre un petit pont. Le portier enchaîne, avec des sorties hasardeuses toujours rattrapées par un bon boulot des deux poings sur sa ligne. Mais folie dans le stade, à la 64e, c’est le Burkina qui reprend l’avantage. Contre le cours du jeu, sur la volonté d’un seul homme, Djakaridja Koné, qui joue à Évian et qui contrôle une offrande aérienne de la poitrine au milieu avant de foncer vers le but et de trouver le petit filet sur une frappe croisée. Juste derrière, alors qu’il y a corner pour l’Algérie, Paul Put fait sortir Lingani, son arrière gauche. Bon, sur le coup de pied arrêté, Medjani en profite et égalise de la tête. Vahid fait entrer Guedioura pour muscler son milieu et Feghouli fait parler ses dribbles pour faire souffrir les Étalons. Il a une occase à la 76e, qu’il gâche par excès d’individualisme. Un acte qu’il regrettera forcément… À moins que l’Algérie ne s’impose et ne se qualifie au retour. Il y aura la place, puisqu’à la dernière minute, Pitroipa est trop court pour le 4-2 sur un centre fort à ras de terre au second poteau face aux cages vides.
Par Romain Canuti