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Le Brésil veut refermer la cicatrice
Ce mardi soir, le Brésil se déplace en Allemagne pour un match qui n'a d'amical que le nom. L'enjeu pour la Seleção est bien plus important. Il est temps de refermer définitivement la plaie du 7-1 subie à domicile au Mondial 2014.
Les Brésiliens craquent. Luiz Gustavo s’écroule sur le dos, les bras en croix. David Luiz est à genou, les doigts pointés vers le ciel, priant de toutes ses forces. Après 90 minutes de pure torture, les hommes de Luiz Felipe Scolari peuvent enfin laisser échapper les larmes qu’il retiennent depuis plus d’une heure. Dans les tribunes du Mineirão à Belo Horizonte, cela fait longtemps que ces mêmes larmes perlent sur les joues des spectateurs. Ce 8 juillet 2014, le Brésil vient d’être éliminé de sa propre Coupe de monde en demi-finale. Et pas de n’importe quelle manière. Après un parcours laborieux, la Seleção a vu ses failles se transformer en trous béants par les implacables Allemands.
Quatre buts en six minutes, un score final de 7-1 et une des raclées les plus humiliantes de l’histoire. Presque quatre ans plus tard, les deux nations se retrouvent pour la première fois. « La blessure est encore ouverte. Ce match de Berlin fait partie du processus de cicatrisation » , admet le sélectionneur brésilien Tite, dans un entretien accordé à Kicker ce lundi, avant d’admettre sans gêne ressentir « de la peur » avant cette rencontre. En effet, à deux mois et demi de la Coupe du monde, il est temps de refermer la plaie.
Kroos : « Par rapport à 2014, ils sont deux divisions au-dessus »
Depuis la débandade historique de Belo Horizonte, la vie de la sélection brésilienne ressemble surtout à une immense période de convalescence. Moquée par la presse internationale et les réseaux sociaux pendant de longs mois – et encore aujourd’hui à l’approche de ce match amical – la Seleção relève la tête assez franchement. À tel point qu’elle n’a rien perdu de son statut d’éternelle favorite à l’approche d’un Mondial. Avec un impressionnant bilan de 32 victoires, 7 nuls et 5 défaites depuis la Coupe du monde 2014, le Brésil s’est semble-t-il reconstruit, autour d’un groupe plus équilibré.
Pour rejoindre la Russie, Neymar et ses copains ont terminé tranquillement leur campagne de qualification avec dix points d’avance sur l’Uruguay, deuxième. João Miranda, absent surprise en 2014 et désormais titulaire indéboulonnable en défense centrale, l’assure : « C’est du passé. Aujourd’hui, laSeleçãoest bien mieux préparée, prête à affronter l’Allemagne, l’une des favorites du tournoi. Nous devons démontrer notre valeur et notre travail. » « Quand je regarde leur équipe par rapport à 2014, ils sont deux divisions au-dessus » , assure également Toni Kroos, double buteur il y a quatre ans.
« Le fantôme qui hante » le Brésil
En 2016, les Brésiliens ont déjà pu chasser quelques démons en l’emportant, encore une fois à domicile, face à l’Allemagne en finale des Jeux olympiques. Une victoire aux tirs au but après un coup franc et le penalty décisif de Neymar. Mais cette victoire ressemblait plus à une revanche personnelle pour le Parisien, grand absent de la débâcle de 2014, et qui voulait absolument gagner quelque chose à domicile avec sa sélection. Pour le reste, ce ne sont pas les mêmes hommes, pas le même football. Ce match amical à Berlin est la vraie occasion de clore le chapitre de la convalescence, pour partir sur de nouvelles bases avant d’aborder le Mondial en Russie.
Encore une fois, Neymar est forfait, à cause de la blessure contractée il y a un mois contre l’Olympique de Marseille. L’occasion pour la Seleção de se préparer vraiment à jouer sans lui, contrairement à 2014 où tout reposait sur l’ancien Barcelonais. « Le match de mardi a une très grande importance psychologique, il ne faut pas se voiler la face, le 7-1 du Mondial est un fantôme qui nous hante » , explique Tite. Pour vaincre ses démons, il faut commencer par les regarder dans les yeux.
Par Kevin Charnay