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  • Coupe du monde 2014
  • Quart de finale
  • Brésil/Colombie (2-1)

Le Brésil bat la peur

Par Thomas Pitrel, à Fortaleza
Le Brésil bat la peur

En se qualifiant pour les demi-finales de sa Copa, ce vendredi à Fortaleza, le Brésil a vaincu deux adversaires : la Colombie (2-1) et la peur. Thiago Silva a rassuré, mais sera suspendu pour la demi-finale. David Luiz a mis son coup de canon, et la fête continue.

BrésilColombie (21) Thiago Silva (6′), David Luiz (67′) pour Brésil , J. Rodríguez (79′) pour Colombie.

Ils sont quatre. Trois hommes, une femme. Ils se protègent comme ils peuvent du soleil à l’aide d’un seul parapluie et prêchent la bonne parole aux spectateurs venus s’agglutiner autour du Castelão de Fortaleza, trois heures avant le début de la rencontre. Ce sont des témoins de Jéhovah, et la revue qu’ils offrent a pour titre « Comment faire face à une tragédie ? » Autant ils étaient exagérément confiants avant le début de la Coupe du monde, autant les Brésiliens pensent de plus en plus au drame après le coup de chaud face au Chili. Dans la rue, dans les bars, dans les taxis, on ne trouve plus grand-monde pour accorder sa confiance à Neymar et ses potes. Sans être devin, on pariera que tous ces avis ont changé entre 17h et 19h, heure locale. Le temps de marcher sur une Colombie qui, pour le premier quart de finale de son Histoire, n’a pas réussi à soutenir le regard d’un pays qui ne compte même plus les siens. Brandão n’est pas sélectionné, mais son homonyme, Regina Brandão, oui. Psychologue du sport, elle travaille avec Scolari depuis 1993 et est intervenue dans la semaine auprès de la Seleção. De quoi alimenter les innombrables émissions de débat footballistique. Pendant les tirs au but contre le Chili, le capitaine Thiago Silva a fait la pleureuse, a refusé de tirer. L’image est passée partout et, en petit comité, le sélectionneur brésilien aurait remis en cause cette attitude. Mais a-t-on besoin d’une psychologue lorsqu’on a 65 000 personnes en transe dans son stade ? Pas Thiago Silva, en tout cas. Au bout de six minutes de jeu, un corner brésilien passe entre David Luiz et Yepes. Le capitaine auriverde déboule comme une furie derrière Sánchez et pousse le ballon au fond des filets. Comment Freud aurait-il bien pu analyser cette ouverture du score précoce ?

L’écho de l’océan

La tactique n’a plus vraiment de sens lorsque la frénésie collective descend des tribunes pour contaminer les joueurs. En plus du défenseur central parisien, qui ne perd jamais une occasion de se jeter devant les rares frappes colombiennes pour les contrer (Cuadrado à la 11e), la plupart de ses coéquipiers ont l’air de pouvoir s’enfiler un marathon en 90 minutes sans même s’en rendre compte. Hulk est peut-être le plus possédé. Sur un nouveau corner, il crochète Guarín, tape au centre. David Luiz est trop court. Il bute ensuite sur Ospina une fois, deux fois, puis déborde Zúñiga et dévisse sa frappe. Avant la rencontre, le joueur le moins efficace du tournoi avait déjà tapé onze fois au but sans mettre un but. Work in progress. Dans les instants, fugaces, où le nombre de décibels descend un peu au Castelão, on entend un tambour. Un seul. Guerrier. Puis l’enceinte fait écho à l’océan tout proche. Quand l’action approche, le bruit se fait aigu. Quand elle s’éloigne, il est bas et grave comme le ressac. Pour calmer les peurs de ses coéquipiers, le capitaine Yepes prend le gouvernail. Il monte à la proue à chaque arrêt de jeu, donne de la voix à chaque tempête. Il sait qu’au milieu du gros temps peut venir une éclaircie, comme lorsque le sur-engagement des Brésiliens les désorganise et qu’ils se retrouvent à deux contre quatre, ou lorsqu’ils commencent inévitablement à lever le pied en deuxième période. Peu après l’heure de jeu, James Rodríguez met un coup franc dans la boîte. Après un long cafouillage, c’est le grand Mario qui la met au fond, mais le but est refusé pour deux positions de hors-jeu à l’origine de l’action. L’éclaircie est passée, retour des nuages.

Des feuilles dans la bourrasque

Un peu plus d’une minute plus tard, le Brésil obtient un coup franc dans l’axe. À trente mètres du but, David Luiz prend son élan et envoie une cacahuète qui contourne un mur bizarrement placé pour aller se loger au fond des filets d’Ospina. Ne reste plus, pour les deux héros jusque-là invisible que sont Neymar et Júlio César, que le temps d’essayer de se faire remarquer. Neymar tente une frappe enroulée qui loupe le cadre d’un rien, puis Júlio César fauche Bacca pour montrer à nouveau son talent sur les penaltys. Manque de pot, il a face à lui James Rodríguez, meilleur buteur du tournoi, qui le prend à contrepied et inscrit son sixième pion. Après les onze Colombiens, il fallait bien que les 65 000 Brésiliens aient aussi droit à leurs dix minutes de frayeur.
Des feuilles dans la bourrasque. Le seul coup dur pour le Brésil avant le coup de sifflet final est la sortie sur civière de Neymar Jr après un choc avec Zúñiga. Une blessure qui constituera sans doute le deuxième motif d’inquiétude brésilien après la suspension de Thiago Silva, pour un carton jaune un peu con. La mini-Copa América organisée au milieu de ce Mondial entre le Chili, le Brésil, la Colombie et l’Uruguay a donc désigné son vainqueur. Avec l’Allemagne en demi-finales, la Seleção rencontrera pour la première fois de la compétition un adversaire dont le passé peut rivaliser avec le sien, et elle le fera sans peur. Les Témoins de Jéhovah peuvent remballer.

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