Le boss, c’est Chelsea !

Seize occasions à sept, 21 tirs à 8, 8 tentatives cadrées à 2, 13 corners à 3, 20 centres à 6 : voici donc, en chiffres, le détail de l’ultra-domination de Chelsea ce mardi soir à Stamford Bridge. Des stats dignes d’un deuxième tour de FA Cup contre une formation de League Two sur le papier, type Bradford ou Stevenage, mais facturées face au nonuple champion d’Italie et leader de ce groupe H avant le coup d’envoi. Et, au passage, face à l’une des deux seules formations – avec Manchester City -, la dernière en date d’ailleurs (c’était le 29 septembre), à avoir fait tomber les Blues cette saison : la Juve.

L’heure d’Hudson-Odoi, le leurre Morata

Une Vieille Dame réduite à sa plus simple expression, ou ramenée à ses tristes limites du moment, et repartie en tout cas de Londres avec quatre pions dans la musette. Un total qui ne dit pas grand-chose des parades de Szczęsny face à James (24^e, 37^e) ou Ziyech (87^e), ou des retours décisifs de Rabiot devant Kanté, ou de Bonucci et De Ligt devant un Hudson-Odoi ingérable sur son côté gauche. On fire, l’ailier a vu ses efforts récompensés à la 58^e minute, lorsqu’il s’est retrouvé à la conclusion d’une action résumant à elle seule l’omnipotence londonienne du soir, initiée par Rüdiger et relayée par James et Ziyech dans la surface.

Avec, dans le rôle du passeur décisif, le joker Loftus-Cheek, qui a joué les funambules entre cinq Turinois dans un mouchoir de poche avant de décaler son compatriote pour le 3-0 (58^e). À ce moment-là, la sortie prématurée de Kanté (37^e) semblait déjà oubliée. Comme ce sacrifice de Thiago Silva pour éviter une égalisation-miracle italienne, sur ce lob de Morata (28^e), unique alerte de la soirée sur le but d’Edouard Mendy, jusqu’à cette demi-volée tardive de McKennie que l’ancien Rémois et Rennais a claqué pour la photo (84^e). À ce moment-là, surtout, ce qui devait être la finale du groupe H était déjà pliée, alors qu’il restait encore plus d’une demi-heure à jouer.

La Vieille Dame, maquillée comme une bagnole banalisée

Un supplice pour une Juve prise à la gorge et proche de céder d’entrée sur ce bon débordement de Kanté gâché par Chilwell (3^e), débordée d’un bout à l’autre de la partie si l’on excepte ce mini-temps fort autour du quart d’heure de jeu, perforée une première fois sur un corner remisé – avec l’aide du bras – par Rüdiger et catapulté au fond par Chalobah (1-0, 25^e), puis une deuxième sur un centre de Chilwell que James s’est bien emmené avant d’allumer le coin opposé (2-0, 55^e). Et même une quatrième quand Ziyech a servi sur un plateau Werner (4-0, 90^e+4), sorti du banc à l’instar de Mount, Azpilicueta ou Ñíguez et au contraire de Lukaku, ce qui dit là quelque chose des folles possibilités qui s’offrent à Thomas Tuchel cette saison.

Au-delà du score, c’est la manière dont son Chelsea a roulé sur la Vieille Dame qu’il conviendra de retenir, entre pressing intense, contre-pressing, maîtrise technique, solidité défensive, transitions éclair et longues séquences de possession ponctuées en fin de match des « Olé » d’un Stamford Bridge hilare. Ce n’était « que » la Juve en face ? S’ils semblent en sur-régime en C1 cette saison, en comparaison avec leurs états de service domestiques, rappelons tout de même que les Bianconeri, avant de se faire banaliser par les Blues, étaient les seuls à avoir planté face aux Londoniens dans cette phase de poules, et qu’ils visaient ce soir un sixième succès consécutif en C1 pour la première fois de leur histoire. Pas de quoi faire trembler les hommes de Thomas Tuchel, qui enchaînent eux une dixième victoire de suite toutes compétitions confondues, et se posent en favoris légitimes à leur propre succession. Comme quoi, n’en déplaise à Mauricio Pochettino, on peut faire beaucoup de choses en dix mois.