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Le bonheur est dans le prêt

Par Nicolas Jucha
Le bonheur est dans le prêt

Ce week-end, Monaco affronte Troyes. Une affiche que Corentin Jean ne pourra disputer en raison d'un accord entre l'ASM, qui a recruté le joueur cet été, et l'ESTAC, qui l'accueille en prêt pour la saison. Un arrangement parmi d'autres dans la constellation de possibilités qu'offrent les prêts dans le football d'aujourd'hui.

« Il n’y a pas de sécurité dans le football, c’est un univers irrationnel, alors que les sommes en jeu sont énormes. Regardez Di María, un échec à Manchester United, alors que maintenant il brille à Paris. Où est la logique ? C’est donc normal que les clubs trouvent des méthodes pour réduire les risques financiers et sportifs. » Franck Belhassen a l’habitude. Agent de plusieurs joueurs de Ligue 1 et Ligue 2, il a vu comme tous ses confrères la proportion de prêts sur le marché des transferts gonfler ces dernières années. Une conséquence « des finances toujours plus serrées des clubs, pour qui le droit à l’erreur se réduit » selon Philippe Fiorentino, associé d’une structure qui gère entre autres Romain Alessandrini et Mario Lemina, en prêt à la Juventus. « Un prêt, c’est une manière de faire des tests, de ne pas miser trop financièrement, cette tendance dans le football suit à sa manière les évolutions du monde du travail où on essaie de rendre les salariés plus « mobiles », plus adaptables à un volume de travail. » Pour répondre à une blessure d’un joueur cadre, compléter un effectif qui doit jouer une compétition supplémentaire ou simplement faire progresser un élément trop tendre pour l’équipe première. Avec ses différentes facettes, le prêt est devenu une solution passe-partout. Tour d’horizon.

Le prêt sans option d’achat

Gratuit ou payant, il est ce qu’il y a de plus classique dans le monde du football. Son coût pour le club d’accueil varie en fonction du camp le plus demandeur : s’il s’agit de donner du temps de jeu à un jeune ou de relancer un élément plus expérimenté, l’indemnité sera faible, voire nulle. En revanche, s’il s’agit pour le club « emprunteur » de compenser un manque dans son effectif, le prix sera plus élevé, même si ce dernier type de transactions entre le plus souvent dans le cadre des prêts avec option d’achat. « L’idée d’un prêt sans option, c’est de laisser le joueur progresser dans un autre cadre plus accessible, on mise sur un potentiel » , explique Fiorentino. « Cela peut être un projet sportif, à savoir de préparer le joueur pour un jour renforcer son équipe première, mais aussi économique, à savoir de valoriser le joueur pour un jour le vendre dans un club moins huppé, où il répondra à un besoin, mais en générant un retour sur investissement. »

Encore faut-il que les choix des clubs soient pertinents selon Franck Belhassen, qui a réussi son coup avec Alphonse Areola : « On a ainsi commencé avec Lens en Ligue 2, et on est allé crescendo avec Bastia en Ligue 1 et Villarreal en Liga. C’est un cas bien géré, car l’agent, le club et le joueur ont agi en bonne intelligence. Et aujourd’hui, son objectif de s’imposer un jour à Paris reste possible. » Mais un prêt n’est pas automatiquement synonyme de progression, surtout quand un club multiplie les expériences. L’exemple le plus concret ? Chelsea. « Le club a une multitude de joueurs de son équipe réserve qui partent en prêt dans des clubs, partenaires ou non, avec l’idée très claire que le club qui accueille n’est pas en mesure de se payer le joueur » , explique Belhassen, pour qui « l’ambition d’une telle politique, c’est de ne pas manquer une future star, quitte à briser quelques talents au passage. » L’intérêt est tout autant sportif que financier, car « cela permet d’éviter de devoir s’acheter les joueurs au prix fort quand ils ont atteint leur plénitude » .

Le prêt avec option d’achat

« C’est une manière de limiter les risques, de se donner le temps de voir si le joueur peut s’adapter à un autre contexte » , explique Fiorentino. Qui dit « option d’achat » , dit clairement volonté de vendre de la part du club. Il s’agit donc le plus souvent d’éléments en difficulté – sportives principalement -, mais pour lesquels le club d’accueil n’est pas totalement persuadé de faire le bon choix. Une sorte de période d’essai ? « On peut éventuellement le voir comme cela, même si l’achat d’un joueur est un investissement onéreux pas forcément comparable à un CDI offert à un salarié » , tempère Belhassen. Afin de ne pas léser le « prêteur » si jamais l’affaire ne se fait pas à la fin du prêt, ce type de transaction comporte de manière quasi permanente une indemnité de prêt proportionnelle à l’option d’achat fixée par les deux parties. L’un des meilleurs exemples récents ? Lucas Digne, prêté à la Roma par le PSG, dont la situation actuelle démontre l’un des intérêts de la formule : Luciano Spalletti, qui a hérité de ce joueur recruté par Rudi Garcia avant son limogeage, a la main quant au choix de le conserver ou non à l’issue de la saison. Alors qu’en cas de transfert sec, il l’avait obligatoirement sur les bras.

Le prêt avec option d’achat sous condition

« Un prêt avec des clauses contraignantes » , selon les termes de l’agent Franck Belhassen. Un exemple typique de la prise de risques indexée sur la réalisation d’un objectif sportif prédéfini : maintien, qualification européenne, nombre de matchs joués ou de buts inscrits. Une méthode qui, a priori, est censée arranger les deux camps, mais qui parfois met le joueur en porte-à-faux, à l’image de Stefan El-Shaarawy, expulsé de la Principauté car il approchait doucement mais sûrement des 25 apparitions sous le maillot monégasque, mais s’éloignait proportionnellement des petits papiers de Leonardo Jardim.

Le prêt avec option d’achat obligatoire

On pourrait se poser la question suivante : « WTF ? » Car un prêt avec option d’achat obligatoire est par essence un transfert sec. Non ? « C’est un jeu d’écriture pour arranger un bilan comptable ou contourner une règle, rien de plus » , explique Franck Belhassen. Dans le cas de Paul Bernardoni, prêté à Bordeaux par Troyes jusqu’à la fin de la saison avec une option obligatoire, l’intérêt est de faire passer l’entrée d’argent dans le prochain bilan comptable des Troyens, plutôt que l’actuel. « Cela peut aussi servir à contourner le fair-play financier » , ajoute Fiorentino, en citant le cas de Serge Aurier qui, à l’été 2014, a été prêté au PSG avec une obligation d’achat un an plus tard. Quelques années avant, Zlatan Ibrahimović avait fait l’objet d’un arrangement similaire entre le FC Barcelone – où il n’entrait plus dans les plans de Pep Guardiola – et le Milan AC.

Le prêt sur plusieurs saisons… ou sur plusieurs semaines

En Espagne, au Portugal, mais aussi en Allemagne avec le cas Kingsley Coman, les prêts peuvent s’étendre sur plusieurs saisons. Même si certains sont parfois annulés en cours de route, comme celui de Javier Manquillo à Liverpool cet été par l’Atlético de Madrid. « Clairement, c’est un moyen de faire progresser un joueur, sauf que l’on se donne plus de temps » , avance Belhassen. À l’opposé, les Anglais sont friands des prêts très courte durée, prisés dans les divisions inférieures. Fiorentino y voit « le moyen de faire tourner une économie, car à part ça, l’intérêt sportif est quasiment nul, le joueur n’a pas le temps de s’adapter qu’il repart déjà à l’envoyeur. Il n’y a qu’en Angleterre que cela peut fonctionner. »

Le transfert en cours de saison avec prêt dans le club d’origine pour finir la saison

En 2011, Adil Rami a quitté Lille sur un doublé Coupe-championnat. Techniquement, il était déjà un joueur du FC Valence, qui avait conclu le deal en hiver en acceptant de laisser le défenseur finir la saison dans son club d’origine. L’option permet au club acheteur de « verrouiller » sa cible plus tôt, tout en ne pénalisant pas les ambitions sportives du club vendeur. Un compromis qui peut se traduire par des indemnités de transfert « raisonnables » par rapport à la valeur du joueur, puisque le club vendeur s’assure une rentrée d’argent tout en se donnant le temps de trouver et recruter un remplaçant.

Le transfert en début de saison avec prêt pour toute la saison dans le club d’origine

« Le cas Corentin Jean est intéressant : a-t-il le niveau pour jouer à Monaco ? Pas encore, en revanche, si Monaco ne l’avait pas acheté maintenant, il aurait pu se faire doubler quand il aurait explosé » , analyse Belhassen, pour qui l’ASM a acheté le joueur que Jean pouvait devenir à terme, pas celui qu’il est maintenant. Ce type de transactions est donc un moyen pour les investisseurs comme l’AS Monaco de s’offrir des actifs sportifs et financiers même s’ils n’ont pas encore les capacités de s’imposer dans l’équipe première. Pour ce faire, ce type de transaction nécessite une négociation « amicale » entre les deux clubs, ainsi qu’une relation forte entre le club vendeur et le joueur. Si ce n’est pas le cas, la recrue est envoyée pour s’aguerrir dans un tierce club, à l’image d’un Allan Saint-Maximin que l’ASM a placé à Hanovre, car il n’avait plus la cote à Saint-Étienne.

Les prêts MLS

Thierry Henry, David Beckham… Un mec en pré-retraite parti palper des dollars qui a peur de se faire chier pendant la trêve américaine. What else ?

Les prêts Mendes

Fabinho, recruté par Rio Ave, prêté dans la foulée à l’AS Monaco, club qui, deux saisons plus tard, l’achète pour 15 millions d’euros. Bilan : 0 match pour le club portugais, mais un bénéfice de 15 barres. Fiorentino : « L’idée est clairement de faire de l’argent, oui, cela ressemble surtout à de la spéculation pour générer des profits. Mais avec l’interdiction de la TPO(Third Party Ownership), ce type de montages devrait se développer pour contourner l’interdiction. C’est une sorte de TPO maquillée. »

Dans cet article :
Monaco en démonstration à Auxerre
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Par Nicolas Jucha

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