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Le bon Mercado
Débarqué en Europe à vingt-neuf ans, le Sévillan Gabriel Mercado est tardivement devenu un incontournable de la sélection argentine. Retour sur le parcours d’un ancien buteur devenu défenseur.
André-Pierre Gignac et Alexis Sánchez ont un point commun. Ils ont tous les deux gardé une belle trace du marquage de Gabriel Mercado. Le premier lors d’une finale de Copa Libertadores remportée par River Plate contre Tigres, le second lors de la finale de la Copa América Centenario qui a vu le Chili battre l’Argentine aux tirs au but.
El pie de Gignac (Tigres, 2015). Y el de Alexis Sánchez (Chile, 2016). Y un eslabón que los une: Gabriel Mercado. pic.twitter.com/JKUUkNcLFt
— Diego Borinsky (@diegoborinsky) 30 juin 2016
Mercado, un temps latéral droit, un temps défenseur central, représente parfaitement le cliché du défenseur sud-américain à la technique limitée, à la garra débordante. Outre sur les adversaires qu’il croise, il laisse des traces partout où il passe. Dernièrement, ce sont les supporters de River Plate qui ont regretté le départ d’un latéral venu sans faire de bruit et reparti avec le costume d’idole. Bientôt la trentaine, Mercado a découvert le football européen cet été avec le FC Séville et s’impose en sélection argentine. Une éclosion tardive qui mérite des explications.
« Il ressemblait à Batistuta, c’était un animal »
Quand il débarque au Racing, le natif de Puerto Madryn, où les touristes viennent observer les baleines, gagne rapidement le surnom de « L’Orque » . Son physique de déménageur et son apport offensif font de lui un bon latéral de Primera. Une centaine de matchs sous le maillot du club bleu et blanc d’Avellaneda et Mercado est transféré à Estudiantes. Avec le club de La Plata, il remporte le premier titre de sa carrière : le tournoi d’ouverture de 2010. En deux ans à Estudiantes, Mercado plante dix buts. Assez rare pour un latéral droit, dans un championnat où l’on ne voit plus de défenseur qui se projette tant depuis longtemps. C’est sa formation d’avant-centre qui lui permet d’être aussi efficace. Dans un article de Canchallena, le père du latéral s’enflamme : « Il ressemblait à Batistuta, c’était un animal. » Un animal qui enfile le maillot de River Plate en 2012. Où il deviendra légende. Surtout sous le mandat de Marcelo Gallardo, avec ce doublé historique Copa Sudamericana 2014-Copa Libertadores 2015. Là encore, ses débordements incessants, son marquage souvent agressif et surtout ses buts décisifs vont faire de lui le meilleur latéral du football local. Contre l’Atlético Nacional, lors de la finale retour de la Sudamericana, Mercado ouvre le score d’un coup de tête et met River sur la voie du titre.
L’année d’après, c’est Guaraní qui subit la loi du défenseur buteur en demi-finale de Libertadores. Dans les colonnes du Gráfico, l’intéressé explique cet instinct : « Beaucoup regardent où va arriver le ballon et ne s’occupent pas du deuxième rebond. Je regarde les deux, et je tente d’anticiper la fin de l’action. Il faut fixer la balle et te rendre compte si le défenseur qui te marque le fait à fond où si tu peux le semer en un petit mouvement. » Incontournable à River, Mercado le devient en sélection avec Tata Martino, après la longue blessure de Zabaleta et des mauvaises performances de Roncaglia. Il s’offre même son premier but en sélection, au Chili (victoire 1-2 de l’Albiceleste) lors des éliminatoires du Mondial 2018.
#VIDEO El último gol de #Argentina 🇦🇷 a #Chile 🇨🇱, anotado por Mercado en el 2-1 por #Eliminatorias. pic.twitter.com/bts6XQLROC
— La Capital – Rosario (@lacapital) 6 juin 2016
« Les gars de River se moquent de moi parce que j’ai fêté le but dans les bras de Messi » , raconte-t-il à son retour en terre argentine. Quelques mois plus tard, Mercado se retrouvera au marquage de son compatriote…
Mercado et la découverte de l’Europe
Le 31 juillet dernier, River dispute son 32e de finale contre Rivadavia. Un match a priori anecdotique et facile. Sauf que cette rencontre sera la dernière de Mercado à River. Souvent annoncé dans le championnat mexicain, l’international argentin a reçu un appel du triple vainqueur de la Ligue Europa. Une offre impossible à refuser pour celui qui bénéficiait d’un bon de sortie. À la fin du match, Ivan Alonso lui laisse tirer un penalty en guise d’adieu.
#CopaArgentina El ex #Racing Gabriel Mercado (@GabeMadryn) marcó de penal en el 3-0 de #River a @RivadaviaVt pic.twitter.com/mWPgIoTiqh
— Fernando Beriau (@Ferberiau) 1 août 2016
Direction le FC Séville où Jorge Sampaoli compte bien sur sa polyvalence et sa hargne pour imposer sa patte. Son premier défi arrive rapidement, en Supercoupe d’Espagne. Le Barça de Messi ne laisse aucune chance à Séville et soulève la coupe. Mais Mercado va rapidement entrer dans les cœurs sévillans, avec un but une nouvelle fois décisif, lors du derby face au Betis. Pas le plus beau de sa carrière puisqu’il est tout simplement inscrit du postérieur. Mais peu importe, l’élégance n’a jamais été son point fort. Carlos Arias, adjoint de Monchi, peint le portrait de la recrue argentine : « C’est vrai que Séville se tourne souvent vers des jeunes joueurs, mais on a besoin d’hommes d’expérience pour les entourer. Mercado apporte un plus énorme. » L’âge de Mercado et le fait qu’il n’ait jamais jouer en Europe ne semblent pas l’inquiéter : « Il s’est parfaitement adapté à la vie sévillane. C’est un travailleur incroyable. Avec tous les joueurs que l’on recrute, il y a un risque d’échec. Mais on savait que la venue de Gaby n’en serait pas un. » Carlos Arias affirme que la polyvalence du joueur a été un argument majeur pour sa signature : « C’est extrêmement important qu’il puisse jouer dans l’axe et à droite de la défense. Il sait aussi s’adapter à tous les systèmes. Dans notre processus de recrutement, il y a une grande partie d’analyse du joueur et Monchi se met toujours d’accord avec l’entraîneur, en l’occurrence Jorge Sampaoli. » Après son arrivée tardive en Europe, Mercado doit affronter un nouveau défi puisqu’il a vu la nouvelle version de Zabaleta, façonnée par Guardiola, lui passer devant depuis le début de l’ère Bauza avec l’Albiceleste. Comptez sur lui pour s’adonner à une lutte acharnée et retrouver sa place dans le onze de la patrie.
Par Ruben Curiel
Propos d'Oscar Arias recueillis par RC.