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Le Bihan, la puissance du port du Havre
Auteur de seize buts cette saison, Mickaël Le Bihan est le meilleur artificier de Ligue 2. Ce titulaire d'un CAP plomberie, qui n'est jamais passé par un centre de formation, fait clairement oublier Adriano et saliver les clubs anglais.
C’est assez rare pour être souligné, mais Mickaël Le Bihan n’a pas marqué lors du dernier match de son équipe. Mardi, face à Nîmes (2-0), ce sont Alexandre Bonnet et Jean-Pascal Fontaine qui ont scoré. Une sorte d’anomalie quand on sait que le numéro 8 havrais a déjà fait trembler les filets à seize reprises en Ligue 2. C’est d’ailleurs l’actuel meilleur buteur du championnat. Valérian Guestres, speaker au stade Océane, a sans doute eu plus d’une extinction de voix à force de crier son nom. Qu’il se rassure, ce vendredi, les Ciel et Marine sont en déplacement du côté de Laval. L’occasion peut-être d’une revanche après le succès des Tangos en terre normande à l’aller (1-0). L’occasion aussi pour Le Bihan d’ajouter un nouveau but à sa collection. « Il est à seize buts, c’est le meilleur buteur et c’est mérité, nous explique son meilleur ami Yoann Court, que l’on retrouvera en Ligue 1 avec Troyes en août prochain et qui a connu le phénomène à Sedan. Il peut jouer, devant, à droite, en dix. Il est vraiment polyvalent. Il est fort tactiquement, techniquement. Mentalement, il se bat aussi pour les collègues. C’est clair que c’est un des meilleurs joueurs de Ligue 2 cette saison. Je suis content pour lui, car au Havre, la situation n’était pas facile. Et en plus, il joue tout seul devant. Mais je savais très bien qu’il allait marquer des buts. Il a tout pour réussir. »
« Vaut mieux être footballeur à Sedan que plombier à Fréjus »
Aujourd’hui, c’est une évidence. Mais avant d’en arriver là, le natif de Ploemeur a cravaché. Le décès de son papa en 2005 l’a marqué, et lui a sans doute donné une force supplémentaire pour avancer. Et c’est sans passer par un centre de formation qu’il a gravi les échelons. Cannes, Fréjus, puis Lorient en CFA 2. Avant de débarquer à Sedan, où sa carrière a véritablement décollé. Notamment lors de la saison 2012/2013 dans une équipe qui se bagarrait pour ne pas descendre et au sein de laquelle il surnageait. « Vaut mieux être footballeur à Sedan que plombier à Fréjus » , expliquait ce titulaire d’un CAP plomberie il y a quelques années sur une télévision locale, après que sa mère l’a motivé pour rejoindre la patrie de Mionnet, N’Diefi ou Di Rocco. C’est d’ailleurs là-bas, en compagnie notamment de Florentin Pogba, qu’il a signé son premier contrat pro. Une nouvelle étape validée dans une carrière qui ne cesse de monter crescendo. Aujourd’hui loin des Ardennes, celui qui aura 25 ans dans quinze jours pile poil réussit la meilleure saison de sa carrière. Il a déjà réussi à faire oublier Adriano, la vraie fausse recrue du HAC, et sur les réseaux sociaux, ses fans ont même détourné une photo en le transformant en Superman. De quoi donner des idées à Yoann Court, qui se verrait bien jouer les recruteurs pour son club. « Depuis Sedan, je savais qu’il allait exploser et cette année, on le voit. S’il vient à Troyes, il va se régaler. Il a les magasins pas chers (Troyes est célèbre pour ses magasins d’usine, ndlr), il m’a moi, il a tout ce qu’il veut (rires). » Hormis peut-être son numéro 8, aujourd’hui propriété de Stéphane Darbion.
Nantes, Nottingham, Crystal Palace…
« Contre nous, cette saison, il a marqué à l’aller et au retour, reprend Court. D’abord un doublé, puis un but. Il nous a fait très, très mal quand même. J’aurais préféré qu’il vienne à Troyes au mercato, mais ça ne s’est pas fait (rires). Je pense qu’il nous aurait bien aidés. On savait qu’il était très dangereux. Le coach en avait parlé pendant sa causerie d’ailleurs et il nous avait dit que c’était un très bon joueur. Et même l’année dernière, il avait marqué. De toute façon, il marque tout le temps contre nous. En plus, sur les côtés, il a Bonnet qui lui met des centres. » Jusqu’à la fin de la saison, ça c’est sûr. Après, on verra. Sous contrat jusqu’en juin 2016, « Super Le Bihan » est bien parti pour aller voir ailleurs durant l’été. Nantes, Brighton, Nottingham Forest et même Crystal Palace en Premier League sont visiblement à l’affût. Mais bon, aller manier la langue de Shakespeare dès cet été n’est pas dans ses priorités. A priori. « Je crois qu’il n’est pas très, très fort en anglais, se marre son meilleur pote Yoann Court, formé à Lyon. Déjà qu’avec le français, il a du mal (rires). Après, s’il va là-bas, je pense qu’il va se régaler. Il va encore enquiller les buts. C’est un très bon pays pour le football. De toute façon, que ce soit en France ou en Angleterre, il continuera à faire parler de lui. » Les tabloids anglais sont prévenus.
Par Tanguy Le Séviller