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Le Betis se redécouvre un projet
Auteur d’une saison plus que quelconque, le Betis Balompié espère rapidement tourner la page. Pour ce, il vient de s’attacher les services de Gustavo Poyet, un entraîneur que la direction espère en fer de lance d’un projet calqué sur l’Atlético de Madrid de Simeone.
Entre forteresse imprenable et château de cartes brinquebalant, le Benito Villamarin a fait son choix. Malgré une ambiance caliente et une capacité dépassant les 50 000 strapontins, l’antre sévillane erre depuis le début de cette Liga au rythme des déceptions enregistrées par ses locataires beticos. C’est qu’en cette édition du championnat domestique, le Betis, seulement précédé par le Deportivo La Corogne, pointe à l’avant-dernière place du classement à domicile. La morosité est pesante, mais laisse place depuis ce début de semaine à un optimisme revigorant pour le peuple verdiblanco. « Le supporter du Betis mérite que nous donnions beaucoup, car il espère retrouver une équipe compétitive, à laquelle il peut s’identifier et qui nous représente tous, surtout moi. » À défaut de promettre un jeu enjoué, les paroles initiales du discours d’intronisation de Gustavo Poyet peuvent laisser espérer des ambitions retrouvées pour le sixième club le plus suivi du Royaume d’Espagne. Car, sans projet depuis déjà quelques saisons, le Betis souhaite se muer en nouvel Atlético de Madrid pour retrouver des sommets longtemps inaccessibles pour cause d’imbroglio institutionnel.
Ángel Haro : « L’Atlético doit être notre étoile polaire »
Longtemps place forte du ballon rond outre-Pyrénées, le Real Betis Balompié se caractérise en ce millénaire par sa faculté à jouer au yo-yo. Un domaine de prédilection qui agace autant qu’attriste les quelque 35 000 socios et les milliers d’aficionados : en quatorze ans, le club descend trois fois en Segunda Division et laisse, seul, le FC Séville aux commandes de la capitale andalouse. Cet affront plonge les Beticos dans une sinistrose toujours d’actualité, en atteste cette saison qu’ils s’apprêtent à terminer sur le quatorzième strapontin du championnat. « C’est sûr, cette saison n’était pas excitante, mais nous avons su nous maintenir, convient Jaime Quesada, ancien joueur et aujourd’hui entraîneur de l’équipe U-19 du Betis. Elle a permis au club de retrouver une santé sur le plan judiciaire et institutionnel. Un nouveau président est là, il faut lui laisser du temps. Et lors de cet été, pour la première fois depuis longtemps, le club aura les moyens de bien se renforcer du fait d’avoir réduit sa dette. » Ce renouveau financier découle de la prise de pouvoir d’Ángel Haro, entrepreneur sévillan, sur le conseil d’administration du club début février.
Cette agitation institutionnelle, l’Atlético de Madrid l’a également connue en son temps. Des années de galère estampillées Jesus Gil y Gil qui, depuis la reprise en main d’Enrique Cerezo, se sont transformées en saisons dorées. Ce modèle, c’est celui que souhaite suivre le néo-président des Beticos : « Le Betis doit être une entreprise qui sait ce qu’elle fait, qui a des valeurs et qui est proche de ses supporters. J’insiste sur le fait que l’Atlético de Madrid doit être la référence du Betis, c’est le club le plus similaire en matière de masse sociale, il doit être notre étoile polaire. » Des paroles enchanteresses qui sont suivies de faits : début avril, Ángel Haro annonce le recrutement de Miguel Torrecilla, ancien directeur sportif du Celta de Vigo courtisé par de nombreux clubs espagnols. Une valeur sûre du paysage footballistique espagnol qui, en plus de former un effectif complet pour l’exercice prochain, joue un match à distance avec Monchi, son homologue sevillista, qui écrase toute concurrence locale. C’est dans ce sens, et avec la volonté de se forger un groupe dans un acier à la Simeone, qu’il porte son choix sur Gustavo Poyet, adepte de la garra charrúa.
Jaime Quesada : « Le Betis a toujours construit ses succès sur la grinta »
La Liga, l’entraîneur uruguayen la connaît comme sa poche, lui qui évolue sous les couleurs du Real Saragosse de 1990 à 1997. Dur au mal lors de sa carrière de joueur, il imprime à ses équipes un fighting spirit que ne renierait pas Diego Simeone. Ça tombe bien, « le Betis a construit ses succès sur la grinta » , assure Jaime Quesada : « Historiquement, le Betis a toujours été fort quand il jouait avec une forte agressivité, un bloc compact et une grosse assise défensive. C’était également dans nos gênes, ce ne serait pas contre-culturel de prendre pour modèle l’Atlético. Joueur, j’ai souvent été opposé à Simeone ou Poyet. L’un comme l’autre n’était pas des tendres, et je retrouve dans Gustavo un discours qui se rapproche de la philosophie de Simeone. » En soi, des paroles de leader dont doit se nourrir un Betis incapable de retrouver de l’ambition. « Avec Diego, nous pouvons nous ressembler pour ce qui est du rapport au joueur, au caractère, à ce besoin d’être toujours compétitif, confirme l’intéressé. Je veux une équipe avec du caractère, bien évidemment, mais qui sait également prendre soin du ballon. » Le Benito Villamarin ne demande que cela.
Par Robin Delorme