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Le Betis fait peau neuve
Longtemps malmené par des guerres intestines et des résultats en dents de scie, le Betis se retrouve aujourd’hui une stabilité nouvelle. Un changement de cap qui doit beaucoup à un projet entraînant, des recrues enfin au niveau et, surtout, une direction à la tête bien faite.
Quelque 15 000 supporters frénétiques gagnent le Benito Villamarin et entourent Joaquín pour sa présentation. Les jours s’égrainent et c’est au tour d’une autre vieille gloire du ballon rond, Rafael van der Vaart, d’être offert aux supporters sévillans. De ce mercato marketé mais vieillissant ne restent, un an plus tard, que les rires et autres facéties de la Finta. Pour le peuple betico, la nouvelle est de bon augure, puisque le Néerlandais, comme les autres recrues de la saison passée, n’apporte aucune plus-value à la riche histoire du club et se trouve une autre destination.
Depuis cet été et le premier mercato estampillé Angel Haro, nommé président de l’institution andalouse en février dernier, le Betis fait, pour ainsi dire, peau neuve. Nouvel entraîneur, nouveau directeur sportif, nouvelles recrues, nouvel habillage de son enceinte… Autant de changements qui font souffler un vent d’optimisme sur des fans qui en ont bien besoin, eux qui souffrent de la comparaison avec les récents succès sevillistas. Mais qu’ils se rassurent : avec ce projet, le Betis peut retrouver l’aura qu’il a égaré.
Torrecilla-Poyet, ticket déjà gagnant ?
Avant d’évoquer les changements estivaux de ce Betis, un léger flash-back s’impose. Retour en début d’année civile, donc, lorsque le club entre dans une énième guerre intestine. En ces prémices de février, le conseil d’administration du club se déchire autour de sa figure présidentielle. Juan Carlos Ollero, homme de consensus, mais sans véritable soutien des autres actionnaires, est prié de laisser la place vacante. Détenteur de 4% du club, et donc l’un des actionnaires majoritaires – à l’instar du FC Séville, le Betis n’appartient presque qu’à des entrepreneurs andalous –, Angel Haro devient le cinquième président betico en quatre ans. « Juan Merino est l’entraîneur du Betis et nous avons pleinement confiance en lui » , déclare-t-il dès sa prise de pouvoir. Idem, il ratifie Eduardo Macia, directeur sportif très critiqué, à son poste. Deux confirmations qui permettent à l’équipe de terminer la saison en toute quiétude à un dixième strapontin, mais qui se transforment en licenciements sitôt la fin d’exercice actée. Le nouveau projet du Real Betis Balompié peut alors être actionné, et les nominations ne tardent pas à arriver.
Première recrue de l’ère Haro, Miguel Torrecilla débarque au poste de directeur sportif. Fort de son expérience plus que réussie au Celta de Vigo, il s’engage pour trois années, plus une quatrième optionnelle. Plus qu’un franchise-player, ce recrutement permet de structurer les fondations sportives du club. Homme de réseaux et de bons tuyaux, il est suivi par une autre figure bien connue de la Liga : Gustavo Poyet. « La décision a été très facile à prendre après l’appel du Betis. C’est un endroit où j’ai toujours voulu venir entraîner » , transmet celui que l’Espagne du football s’amuse à comparer à Diego Simeone : « Nous nous ressemblons sans doute dans la meilleure que nous avons de transmettre à nos joueurs, ce caractère, cette envie d’être toujours compétitif. » Un discours qui sied aux envies des nombreux supporters beticos. Mieux encore, cette nomination permet de tourner une page sanglante du Betis : celle des nombreuses descentes, imbroglios judiciaires et guerres internes. Autrement dit, le sixième club le plus populaire du Royaume se retrouve une ambition longtemps égarée.
Un premier succès sur les parquets
Malgré une défaite inaugurale aussi sèche que prévisible (6-2 sur la pelouse du Camp Nou), le moral reste au beau fixe du côté du Benito Villamarin. C’est qu’avec pas moins de neuf recrues depuis le début du mercato, l’été se veut mouvementé. Mais plus encore que cette dizaine de nouveaux venus, la qualité est autant à louer que la quantité. Aïssa Mandi, Jonas Martin et Tonny Sanabria peuvent largement permettre au Betis de remplir son objectif, autrement dit « terminer parmi les dix premiers et, si possible, se battre pour une place en Europe » , dixit Gustavo Poyet dans les pages du Pais.
Forcément, l’idée sous-jacente pour les supporters est également de rattraper son retard sur le rival du FC Séville. Pour ce, les Beticos ont déjà pris un avantage surprenant : en début d’été, la direction d’Angel Haro sauve in extremis le Baloncesto Sevilla de la disparition. Le club de basket de la ville, historiquement soutenu par les Sevillistas, devient alors le Real Betis Energia Plus au grand désarroi du peuple de Nervion. Un premier succès honorifique, mais un premier succès quand même contre l’ennemi héréditaire.
Par Robin Delorme