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Le Berchiche tourneur
Première recrue du Paris Saint-Germain dans ce mercato estival, Yuri Berchiche était ardemment désiré par Unai Emery pour concurrencer Layvin Kurzawa dans le couloir gauche. Voire le mettre sur le banc. Berchiche ?
« Mon cœur et celui de ma famille vont rester ici à Paris, pour tout ce que le public m’a donné. J’ai un sentiment de reconnaissance énorme pour le club, tous les joueurs, les entraîneurs et les personnes qui ont travaillé avec moi pendant cinq ans et demi. » En deux phrases, Sherrer Maxwell synthétise son passage au PSG. Une longue histoire d’amour avec le club et ses supporters, consumée par le temps qui passe. Maxwell était un travailleur, et son absence laisse un vide certain dans la composition de l’effectif parisien. Un départ et une peine inéluctables, auxquels le Paris SG n’avait semble-t-il pas prévu de remède. Destitution de Patrick Kluivert et nomination d’Antero Henrique obligent, Paris s’est mis en quête d’un homme capable de remplacer son Brésilien alors que la canicule pointait déjà le bout de son thermomètre. Pas une mince affaire, tant le bonhomme transpirait la classe et la sérénité.
Paris s’est donc renseigné sur plusieurs profils. Il y a d’abord eu la rumeur Alex Sandro, récent finaliste de la Ligue des champions avec la Juve. C’était un grand oui, mais la Juve préférait annoncer qu’elle n’était pas vendeuse. Un grand non, donc. Ensuite, Raphaël Guerreiro est arrivé sur le dossier. Un grand oui là aussi, même si l’addition s’annonçait bien plus salée que celle payée par Dortmund il y a tout juste un an. Mais là encore, le refus était catégorique. Deuxième vent, donc. Pour déboucher enfin sur l’annonce que tout le monde attendait, mais qui parlait d’un garçon que personne ne connaissait vraiment en France : Yuri Berchiche. Latéral gauche de la Real Sociedad, récent sixième de Liga. Un accord à quinze millions d’euros plus tard, le défenseur de 27 ans passe sa visite médicale et signe à Paris pour quatre ans. D’où cette question qui brûle les lèvres de la ville lumière : Berchiche ?
Sang chaud et exil en Albion
Né d’un père algérien et d’une mère espagnole, Berchiche fait ses classes au Pays basque dans le club d’Antiguoko, voisin de Saint-Sébastien. Un club qui a déjà vu éclore Mikel Arteta, Xabi Alonso ou Aritz Aduriz, entre autres. Engagé en cadets à la Real, il bascule ensuite chez le rival de l’Athletic Bilbao, où il récite ses gammes et récolte l’étiquette du futur successeur d’Asier del Horno, pion inamovible des Leones. Formé dans une école où la rigueur et la fidélité sont des règles d’or, le latéral se retrouve suspendu quatre mois par son club pour avoir insulté et menacé un arbitre en plein match. Une peine qu’il ne purgera pas dans son intégralité à la suite d’un départ pour Tottenham, à dix-huit ans seulement.
Recruté pour sa vitesse, sa puissance et sa lourde frappe de balle, Berchiche passe par l’académie londonienne, où il croise un sacré concurrent à son poste : un certain Gareth Bale. En Angleterre, Berchiche va connaître la galère, avec un prêt en quatrième division anglaise à Cheltenham Town, loin des clubs de l’élite et de sa région natale. Ce faux pas l’oblige à revenir dans les catégories inférieures espagnoles, où il apprend la vie du footballeur lambda. Ses saisons au Real Unión Irún vont lui apprendre l’humilité, et les deux suivantes à Eibar seront celles de son éclosion. Avec deux montées successives pour atteindre la Liga, Berchiche est rapatrié à la Real Sociedad, où Eusebio Sacristán, ancien disciple de l’entraîneur Cruyff, en fait un titulaire indiscutable cette saison sur le flan gauche, que ce soit en 4-2-3-1 ou dans un 4-3-3 plus classique.
Doublure de doublure ?
Après une saison qui devait être celle de Kurzawa, mais qu’il a préféré boucler déguisé en Tupac Shanoir, que peut bien apporter Yuri Berchiche au PSG ? L’expérience de Maxwell ? Certainement pas, l’homme n’a jamais vu la couleur d’une Coupe d’Europe. Son calme et sa sérénité alors ? Encore raté. Berchiche traîne une réputation de joueur distant, voire conflictuel. Reste qu’Unai Emery le connaît parfaitement, et qu’il apprécie particulièrement son tonus autant que sa propension à se projeter dans son couloir. Une tendance qui fera des merveilles en Ligue 1, où le PSG domine outrageusement ses matchs, mais qui pourrait coûter cher en Ligue des champions. Un peu comme avec Kurzawa, en fin de compte.
Par Antoine Donnarieix