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- OM-Olympiakos (2-1)
Le beau costume de Dimitri Payet, sauveur de l’Olympique de Marseille
Régulièrement bousculé par les médias et les fans marseillais, Dimitri Payet est redevenu l’homme providentiel d’un Olympique de Marseille enfin copain avec le chemin du but (et de la victoire) en Ligue des champions. Auteur d’un doublé, le meneur de jeu réunionnais sait encore gonfler les pecs pour dégager de la force.
Son regard à destination de Jesús Gil Manzano est évocateur : sans avoir la certitude de ce que l’arbitre central espagnol s’apprête à décider, Dimitri Payet jette un œil intéressé. Après ce premier but inscrit sur penalty (55e, 1-1), le premier pour l’OM en C1 depuis Souleymane Diawara le 11 décembre 2013 (!), le Marseillais se dit que ce mardi 1er décembre 2020 peut être le jour où tout va enfin tourner en faveur du club olympien. Dix secondes plus tard, bingo : Manzano annonce un deuxième péno en faveur de Marseille au grand dam d’un Rafinha fou de rage et d’un Yann M’Vila qui, sourire aux lèvres, l’explique : « Il n’y a jamais penalty, il est hors de la surface ! » Quoi qu’il en soit, Payet est déjà dans sa bulle. Un havre de paix où l’international français prend son élan, attend le coup de sifflet, s’élance et frappe dans le ballon sans jamais le quitter des yeux. Concentré, Payet claque son doublé (2-1, 75e) synonyme de premiers buts dans l’épreuve. Sacrément couillu, le Dim.
Les tresses de la gloire
Comme un symbole, le premier coéquipier à rencontrer la route de Payet après son deuxième but est l’autre homme fort de la partie : Duje Ćaleta-Car, impassable pendant l’intégralité de la rencontre et retrouvé mentalement. Dans les gros bras du stoppeur croate, Payet est ensuite entouré de bonheur par Valère Germain, maladroit, mais volontaire, et Valentin Rongier, fatigué, mais besogneux. Au milieu du noyau marseillais, la coquille se forme et dévoile un état d’esprit global : tout n’est pas parfait dans cet OM, loin de là, mais ce soir, le goût de l’effort et la hargne collective sont venus récompenser un collectif qui cherchait à mettre fin au calvaire européen qu’il était en train de vivre. Avec de la volonté et un peu de cohérence tactique, Marseille est capable de marquer des buts dans un stade Vélodrome vide de public et donc vide de passion. C’est une bonne nouvelle pour Marseille comme pour Payet, conspué et revanchard.
Coup d’œil dans le rétro : lors de la troisième journée de cette phase de poules dans le stade du Dragon de Porto, Florian Thauvin obtient un penalty et Payet s’autodésigne pour le tirer… pour envoyer une cacahuète dans les tribunes lusitaniennes, les derniers espoirs de qualification de son équipe pour les huitièmes de finale de C1 s’envolant dans le même temps. Pas assez concentré, Payet ? Peut-être. Mais la persévérance reste la plus grande vertu d’un footballeur pour se remettre en selle, et pour transformer les insultes en éloges. Un exemple ? Ce mardi, Dimitri Payet arborait une toute nouvelle coupe de cheveux avec des tresses que Snoop Dogg portait bien mieux que lui. Sauf qu’à la fin du match, Payet a rappelé aux Marseillais ce fabuleux classique : What’s my name ? Payet, Payet. À lire deux fois, comme au tableau d’affichage. Voilà assurément la marque des leaders.
L’attaque, c’est en équipe
Dès la première période passée sur le rectangle vert, Payet démontrait déjà son envie de bien faire : un centre-tir dangereux (8e), une frappe dévissée (9e), un nouveau centre à ras de terre pour Rongier (30e) et même une simulation un peu grotesque dans la surface grecque juste après l’ouverture du score visiteuse (35e). Payet avait-il senti que l’arbitre était enclin à faire pencher ses décisions en faveur de l’OM ? Personne ne peut l’affirmer, mais son instinct de chef de troupe semble avoir encore parlé. « On va se satisfaire de ces trois points de pris, nous n’avons plus le destin entre nos mains, mais on va se battre pour la qualification, expliquait Payet au micro de Téléfoot, après la victoire. Nous avons réalisé la même performance que samedi : compacts, solidaires. Même après leur but, on pousse ensemble et on gagne ensemble. C’est une victoire avec les tripes et en Ligue des champions, c’est positif. » Et le costume qu’il préfère, c’est encore celui de sauveur.
Par Antoine Donnarieix