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Le BCC, le club qui unit Cécifoot et futsal féminin

Par Thomas Morlec, à Bondy
Le BCC, le club qui unit Cécifoot et futsal féminin

Vendredi 4 septembre, douze joueuses (re)chaussaient les crampons et se réunissaient pour leur premier entraînement. Qualifié par ses propres dirigeants d’« atypique », le Bondy Cécifoot Club (BCC) fait le pari d’allier le Cécifoot à une équipe féminine de futsal valide. Un mélange rare qui repose sur l’acceptation des autres, un esprit de famille, mais aussi l’envie de claquer des pions et de changer les mentalités. Reportage.

Le rendez-vous est donné à 20h, rue Du Vieux Moulin, à la frontière entre Bondy et Noisy-le-Sec, devant un gymnase de brique rouge, qui ressemble à la salle de sport que tout bon collégien qui se respecte a côtoyée. En ce vendredi 4 septembre, sous un soleil de plomb, des gamins, en sueur, lâchent leurs meilleures frappes sur le city-stade, qui est réservé à l’équipe de Cécifoot. C’est sur ce même terrain que la section féminine du Bondy Cécifoot Club (BCC) s’apprête à faire le premier entraînement de son histoire.

Tout est parti d’un désir partagé par Samir Gasama, coach de Cécifoot du club, et de trois anciennes joueuses de foot à onze, Syanie, Joyce et Stéphanie : « Avec les filles, un soir, on dînait ensemble, et Stéphanie nous a appris que le BCC voulait faire une équipe de futsal féminin. On s’est dit « banco, on va essayer ! » J’ai lancé un appel sur Twitter qui a pas mal fonctionné, il a été beaucoup retweeté », confie Syanie Dalmat, déjà en tenue et prête à mettre des crochets. Son message est plus que bien passé puisqu’il a été « RT » plus de 490 fois et a reçu près de 400 likes. Lancer une équipe de futsal féminin, c’est un projet qui trottait depuis pas mal de temps dans la tête de Samir, le coach de l’équipe : « J’ai voulu commencer avec une équipe féminine de futsal parce que je veux que la lumière soit mise sur les catégories qui ne le sont pas. C’est ce qu’on veut changer », argumente l’ancien gardien de l’équipe de France de Cécifoot à la barbe bien taillée, déjà dans son rôle, avec son survêt’ aux couleurs du club et son chrono autour du cou. La séance débute avec du retard, l’entraîneur lâche déjà sa première (petite) soufflante et rappelle à ses joueuses que la rigueur, c’est la base.

« Certaines filles n’osent toujours pas jouer au foot »

Sur le bord du terrain, un homme habillé en costard avec un masque au bout du nez peste contre un des projecteurs qui déconne. Il s’agit de Jean-François Chevalier, le président du club, qui a fait le déplacement pour cette première : « Généralement, ce sont surtout les clubs « valides » qui raccrochent une section Cécifoot. Nous, on a fait l’inverse. On est parti d’un club Cécifoot et on a raccroché un section valide, féminine futsal à Bondy. Notre volonté, c’est de se distinguer par quelque chose que les autres n’ont pas. C’est une fierté pour nous. » À cause de l’épidémie de coronavirus, les gestes barrière sont devenus la norme. En cercle, bien espacées les unes des autres, les filles écoutent attentivement les premières consignes de leur coach. Le président du BCC trouve que, malgré les apparences, c’est bien le moment de lancer une section : « Il faut s’adapter. On doit vivre avec. Sur le terrain, c’est plus compliqué, mais dans un moment difficile comme celui que nous traversons, il était important de proposer cette alternative. »

Si Kaaris n’avait pas mis la lumière sur Sevran…Si Samir Gasama n’avait pas mis la lumière sur le futsal féminin à Bondy.

Après les mots, le terrain. Certaines filles, qui pratiquent le foot depuis des années, passent facilement les moins expérimentées et lâchent des pralines en lucarne, mais très vite, les rires éclatent, les premiers liens entre les joueuses se tissent. Progresser ensemble tout en s’amusant, c’est l’ADN de la section : « On est toutes issues de milieu et de réalités différentes, mais on est dans le même état d’esprit. L’aspect compétitif entre en jeu, mais on ne met personne à l’écart, quel que soit le niveau. Si on veut développer la pratique du foot, il faut que tout le monde puisse s’y retrouver, et je me rends compte que certaines filles n’osent toujours pas jouer au foot parce qu’elles ont peur qu’on se moque d’elles. Mais ici, l’idée, c’est que tout le monde trouve sa place, prenne du plaisir et progresse à son rythme », lâche Syanie Dalmat. Ce n’est sûrement pas Stéphanie, coach des Cécifoot et joueuse de la section féminine, avec le maillot de l’équipe de France floqué « Chips » , qui dira le contraire : « J’ai joué en D2 et j’ai fait quelques apparitions avec le groupe en D1 féminine à Saint-Maur. J’ai envie d’apporter mon expérience. Je veux qu’on progresse un maximum pour qu’on puisse jouer toutes ensemble. Je ne veux pas de groupes de niveau, c’est ce qui arrive trop souvent dans les clubs. On a tenté dès le début de mettre en avant le relationnel. Ce qu’on veut, c’est de la bonne humeur, de la bonne ambiance. »

« On est un club pas comme les autres et c’est ce qui fait notre force »

Le club mise énormément sur la connexion entre les sections Cécifoot et celle du futsal féminin pour créer une émulation positive et tirer tout le monde vers le haut. Confrontées à des pratiques qu’elle ne connaissent pas ou très peu, les filles prennent leur pied à partager des moments qu’elles n’auraient pas pu vivre dans des clubs « lambda » : « On a plein de choses à s’apporter mutuellement. Le projet du Cécifoot m’a tout de suite parlé. J’ai fait un essai avec le bandeau sur les yeux et je me suis rendu compte à quel point c’était difficile. On en a tous déjà entendu parler, mais entre le voir à la TV, lire un article sur le sujet et être sur le terrain à taper dans le ballon à grelots, c’est clairement autre chose », admet Syanie Dalmat, qui est dans le staff des équipes Cécifoot. Le coach est quant à lui fier que ces personnes, toutes amoureuses de ballon rond, puissent partager leur passion, et ce, malgré leurs différences : « On est un club pas comme les autres et c’est ce qui fait notre force. C’est un bel ensemble. On a des valides, on a des handicapés, mais ils sont logés à la même enseigne, on ne fait aucune différence. Je n’ai que des sportifs devant moi. »

De la cohésion, il en faudra. Car les objectifs affichés sont hauts. L’entraîneur et les dirigeants du club bondynois ont mis les moyens en recrutant notamment un préparateur physique et en inscrivant, avant même le premier entraînement, la section féminine au championnat d’Île-de-France de futsal féminin, auquel près d’une cinquantaine d’équipes vont participer. « L’ambition, c’est de performer. On ne fait pas une équipe féminine simplement pour faire beau. Je veux être champion d’Île-de-France », affirme le coach, Samir Gasama. Les lumières du gymnase s’éteignent, hormis celle qui déconnait déjà. L’entraînement se termine. Lundi, les trois sections du club cracheront leurs poumons ensemble lors de la préparation physique. L’aventure est lancée.

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