- Ligue des champions
- Demi-finale retour
- Barcelone/Bayern (0-3)
Le Bayern cuit le Barça « aller-retour »
La face B du récital de mardi dernier. Auteurs d'une nouvelle prestation majuscule sur la pelouse du FC Barcelone, les joueurs du Bayern Munich se sont qualifiés tranquillement pour la finale de la Ligue des champions. Les Catalans attendaient une remuntada, ils ont pris 3 à 0.
FC Barcelone – Bayern Munich : 0-3
Buts : Robben (48e), Piqué (72e csc) et Müller (76e) pour le Bayern.
Les publicités contre l’éjaculation précoce pullulent en ce moment, à la télévision française. Jalouse, l’impuissance s’est payée une promo de quatre-vingt-dix minutes à une heure de grosse audience, ce mercredi soir. Étrillés 4 à 0 à Munich, les Barcelonais étaient censés mettre les petits plats dans les grands pour, au moins, sortir avec les honneurs. Mais en face, l’ovni était le même qu’il y a huit jours et, de fait, le suspense inexistant. Trop solides, trop confiants et tout simplement trop forts, les Allemands ont vécu une soirée sans inquiétude. Toujours aussi impressionnants, les hommes de Heynckes se sont payé le luxe de repartir du Camp Nou avec une victoire 3 à 0 pour rejoindre le Borussia Dortmund en finale de la Ligue des champions. N’en déplaise à Doisneau : il n’y a jamais eu photo.
Machine allemande, cargo de nuit espagnol
Le coup d’envoi n’est pas encore donné, le premier uppercut munichois pas encore déclenché que déjà, le FC Barcelone est KO debout à cause d’un homme assis. Leo Messi est sur le banc de touche et c’est avec Cesc Fàbregas en « pointe » que les Catalans devront réaliser l’exploit. Petite gueule de bois donc, et réveil musclé. Au taquet, les Munichois attaquent la rencontre comme s’ils avaient quatre buts à rattraper. Les premières phrases de jeu ne mentent pas, le Bayern joue haut, très haut, et les actions à neuf Allemands dans la moitié de terrain espagnole ne sont pas rares. Comme souvent ces derniers temps lorsqu’ils relèvent la tête, les hommes de Villanova conservent le ballon pour se mettre en confiance, mais n’en font pas grand-chose. Préjudiciable quand l’adversaire défend et relance aussi bien que le Bayern Munich. En une touche, Lahm et Schweinsteiger combinent sur le côté droit. Ce dernier lance Robben en profondeur, à la limite du hors-jeu, mais le Batave a des principes, alors c’est par un loupé grossier qu’il entame sa partie. En attendant mieux.
Côté catalan, comme souvent, c’est Xavi qui allume la lumière. Des passes entre les lignes impossibles à faire pour un être humain et, au quart d’heure de jeu, cette belle passe en profondeur pour Dani Alves. Mais comme beaucoup de ses partenaires, Bartra, David Villa et Fàbregas en tête, le Brésilien déjoue. Il s’endort devant Alaba et se fait rattraper par la garde allemande. Au fond, il n’y a guère que Pedro, auteur d’une belle frappe lointaine, pour réveiller le Camp Nou plus bruyant que Santiago Bernabéu hier, mais pas plus optimiste. Sur son côté gauche, Franck Ribéry est une nouvelle fois au four et au moulin. Mais en face, pour démanteler les belles offensives bavaroises, Gerard Piqué veille. Mais même aidé par un bon Song, monsieur Shakira semble bien seul face à la maestria de Schweinsteiger, Müller et Mandžukić. Une emprise si forte que des « olé » naissent dans les tribunes du Camp Nou. Une anomalie. Pire. Un anachronisme.
Bayern-Barça, qui est qui ?
Un retour des vestiaires et une seule question : Messi ou pas Messi ? L’Argentin, qui avait rongé son frein en première période face à Paris, n’a pas tombé le survet’ au retour des vestiaires, et il n’a besoin que de quelques minutes pour comprendre qu’il ne l’enlèvera pas ce soir. Pourquoi ? Parce que Arjen Robben, auteur, comme à son habitude, d’une partie plutôt exécrable jusqu’à son coup de génie, vient d’être servi parfaitement après une transversale. Pourquoi ? Parce qu’en 2013, une époque où tout le monde connaît par cœur la spéciale « Robben » , le Barça la prend en pleine face. Crochet extérieur, frappe parfaitement enroulée du gauche vers le côté opposé. 1-0, le suspense était en état critique, Arjen vient de le débrancher. Mais ce n’est pas fini. Car les Allemands courent toujours. Plus vite, plus longtemps, plus loin. Ils courent vers cette raclée qu’ils ont envie de mettre à des Catalans méconnaissables. Au vrai, avec le temps, on prend des repères, et ce soir, on ne sait plus qui est le Barça. Car c’est en jouant comme les Catalans à l’époque où ils dominaient l’Europe – une époque terminée ce soir – que les coéquipiers de Franck Ribéry vont remuer le couteau dans la plaie. Lancé en profondeur par Alaba, le Français centre parfaitement et oblige Piqué à un joli contre son camp dans la lucarne. Dans la foulée, sur un long centre, Thomas Müller saute plus haut que tout le monde et envoie une tête dans le but de Valdés. Sur le banc, l’image est belle, Heynckes a dégainé la tête en même temps que son joueur. L’entraîneur allemand est un peu plus rouge que d’habitude. Et il a de quoi. Ce soir, il peut être fier. Il est en finale de la Ligue des champions avec la manière. Passer un 7-0 au Barça, c’est se préparer dans les meilleures conditions pour Wembley. Au pire des cas, le Bayern et le Borussia s’affrontent ce week-end. En Bundesliga.
Par Swann Borsellino