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Le Bayern à la conquête du monde
Hier soir avait lieu l'assemblée générale annuelle du Bayern Munich. Un absent de marque : Uli Hoeness, bien sûr. Mais le président des cœurs du club bavarois aura sûrement constaté que même en son absence, le Rekordmeister fait de très jolies choses, tant sur le plan sportif que dans le domaine économique. Big, bigger, Bayern Munich.
Hier soir, il n’était pas là, pour les raisons que l’on connaît. Et il a manqué. Les 2 421 membres du Bayern Munich présents hier soir à l’Audi Dome le savent très bien : cette assemblée générale annuelle, c’est sa chose. Alors, quand au bout d’une heure de bavardages, le nom de Uli Hoeness a finalement été évoqué, tous se sont levés comme un seul homme et ont offert une standing ovation de deux minutes à leur président chéri. Car au fond d’eux, les fans du géant bavarois savent ce qu’ils doivent à l’actuel pensionnaire de la maison d’arrêt de Landsberg. Que de chemin parcouru depuis 30 ans. Que de chemin parcouru depuis que Hoeness, devenu manager du Bayern après un arrêt brutal de sa carrière de joueur, a décidé de vendre son pote Karl-Heinz Rummenigge à l’Inter Milan pour une somme comprise entre 10 et 11 millions de marks, permettant ainsi au club bavarois de sortir du rouge, financièrement parlant.
Plus riche que jamais
Tout cela est bien loin désormais. Aujourd’hui, le club est devenu une grosse machine de guerre, toujours plus puissante, avec des chiffres toujours plus flippants. Et c’est avec une certaine fierté que Karl-Heinz Rummenigge, président de la société d’actions du Bayern Munich (donc la section pro), a annoncé les chiffres que tout le monde attendait. Sur la période courant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014, le Bayern Munich a réalisé un chiffre d’affaires de 528,7 millions d’euros. L’année dernière, il n’était « que » de 432,8 millions. Le bénéfice net après impôts est de 16,5 millions d’euros. À titre de comparaison, le Borussia Dortmund a fait un chiffre d’affaires de 260,7 millions sur la même période, pour un bénéfice net de 11,97 millions. Autre chiffre pour montrer que le Bayern n’a pas de concurrence en Allemagne : les Bavarois ont vendu 1,3 million de maillots la saison dernière, soit autant que les 17 autres clubs de Bundesliga réunis. La construction de l’Allianz Arena, qui affiche complet pour chaque match à domicile depuis près de 10 ans, a été remboursée avec 16 ans d’avance. Le capital est aujourd’hui de 405 millions d’euros (contre 286,8 l’an dernier), et sur le fameux compte de dépôt à terme du Bayern (le « Festgeldkonto » ), il y a 186,9 millions qui sont bien au chaud, soit près de 50 millions d’euros de plus que l’an dernier. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes bavarois, qui compte aujourd’hui 251 315 membres, soit plus que le Benfica Lisbonne (235 000) et le FC Barcelone (177 000). Même la section « amateurs » se porte à merveille : des titres en pagaille dans tous les sports (oui, les échecs sont un sport !), 10 millions d’euros d’excédents, soit une progression de 80%. Le Bayern, c’est furieux.
Un fossé à combler
Concrètement, si son cœur bat à l’ouest, le football allemand a plus que jamais pour capitale Munich. Du coup, avec leurs poches remplies, les Bavarois peuvent tranquillement partir à la conquête du monde, dans laquelle ils accusent un certain retard. Et ça commence par la base, par les jeunes. « Nous avons besoin de structures plus professionnelles encore, déclare ainsi Karl-Heinz Rummenigge. Manchester City vient d’ouvrir un centre de formation qui a coûté 250 millions de livres. De livres, hein, pas d’euros. » Le football anglais – du moins ses chiffres –, le but à atteindre pour le Bayern, même si cela semble un peu difficile. Cardiff City a beau être descendu la saison dernière, ses droits télés étaient quand même 50% supérieurs à ceux du champion d’Allemagne. Sinon, là où le Bayern vient d’ouvrir un bureau à New-York, Manchester City (en compagnie des Yankees) vient de mettre 100 millions de dollars pour une nouvelle franchise made in NYC en MLS. United fait des tournées depuis un bon moment, notamment en Asie, là où le Bayern va ouvrir un fan-shop en Chine l’an prochain. Le Bayern a mis l’Allemagne à ses pieds, mais pour atteindre les chiffres d’affaires et l’aura des clubs anglais et autres grands de ce monde, il reste encore un peu de boulot. Et ça passe notamment par de nouvelles victoires sur le terrain, de nouveaux titres. Et avec huit titres en deux ans, et au moins les demi-finales de Ligue des champions sur les trois dernières années, il y a de quoi avoir confiance en l’avenir. Uli peut dormir tranquille. Du moins jusqu’à son retour.
Par Ali Farhat