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Le Bayern a besoin de son Kane pour marcher
En ballottage défavorable face à la Lazio (1-0 à l'aller), le Bayern Munich risque une élimination dès les 8es de finale de Ligue des champions, ce qui le précipiterait vers sa première saison blanche depuis 2012. Un scénario cauchemardesque qu'un homme peut repousser : Harry Kane. Et c'est à un spécialiste des saisons blanches qu'on a affaire.
Si Harry Kane a quitté son club de toujours, Tottenham, l’été dernier, ce n’est pas pour enfiler des perles. À 30 ans, le prince Harry en avait marre de jouer les seconds rôles et commençait à désespérer de voir son armoire à trophées vide. Alors le capitaine des Three Lions s’est expatrié en Bavière, où il empile les pions depuis l’été dernier. Les pions, et les records, mais pas encore de trophées. « À Munich, j’ai immédiatement trouvé mes marques. Je me sens épanoui et je compte bien désormais enrichir mon palmarès », prévenait l’Anglais dans les colonnes de Bild il y a quelques semaines. En rejoignant le Rekordmeister, Harry Kane ne se doutait pas que sa guigne le suivrait outre-Rhin et qu’il vivrait peut-être une saison blanche avec l’ogre bavarois. C’est pourtant bien le risque qui plane avant le huitième de finale retour de Ligue des champions ce mardi, face à la Lazio.
Le spectre de la saison blanche
Battus à l’aller par les coéquipiers de Ciro Immobile (0-1), les Munichois sont dos au mur. Largué en Bundesliga par le Bayer Leverkusen de Xabi Alonso (10 points d’écart), le Bayern a aussi été éliminé par Sarrebrück en seizièmes de finale de Coupe d’Allemagne, quelques semaines après sa défaite en Supercoupe face à Leipzig. Autrement dit : la Ligue des champions représente – sauf énorme glissade de Leverkusen – la dernière chance pour les hommes de Thomas Tuchel d’aller chercher un titre cette saison. Un minimum syndical lorsque l’on joue au Bayern, club qui n’a pas connu de saison blanche depuis 2011-2012, marquée par les défaites en finale de C1 et de Pokal. Pour mesurer l’ampleur du séisme sur l’échelle de Müller : terminer une saison sans se renverser des litrons de houblon sur le crâne n’est arrivé que cinq fois au Bayern lors des 30 dernières années.
25 – Harry Kane scored his 25th goal in his 22nd Bundesliga game – the fewest games any player has played in the competition to reach 25 goals. Giant. #BOCFCB pic.twitter.com/s7RAkADwTJ
— OptaFranz (@OptaFranz) February 18, 2024
S’il se dessine semaine après semaine, ce scénario peut toutefois encore être évité grâce à une victoire en Ligue des champions. Ce qui paraît bien ambitieux pour un Bayern en crise sportive et institutionnelle, certes, mais qui peut toutefois compter sur un sauveur tout trouvé : Harry Kane. Avec 31 buts en 32 sorties cette saison, dont 4 en 7 matchs de C1, l’Anglais porte les Bavarois à bout de bras. Depuis son arrivée, il efface un à un les records de Robert Lewandowski et Gerd Müller, avec désormais dans le viseur celui de 41 pions en une saison de Bundesliga établi en 2021 par le Polonais. « Je me sens bien, je me sens chez moi ici. Tout le monde m’a très bien accueilli, que ce soit les joueurs, le staff, le club ou les supporters. Je veux juste les remercier à chaque fois que je sors sur le terrain », a récemment résumé le héros attendu au micro de Sky Sports. Problème : la malédiction de Harry Kane semble aussi coriace.
Un prince sans couronne
Empiler les buts, l’Anglais sait faire depuis longtemps. En ce qui concerne les trophées, en revanche, le prince Harry est toujours vierge de la moindre ligne de palmarès. Vice-champion, d’Angleterre en 2017, le Dimitri Payet d’outre-Manche compte pour le moment cinq finales perdues à son palmarès : Carabao Cup 2015 et 2021, Ligue des champions 2019, Euro 2021 et Supercoupe d’Allemagne 2023. De quoi traîner une réputation de loser maudit, à l’image de ses tendres Spurs, accentuée par l’arrivée d’Eric Dier en Bavière ces dernières semaines. « Si j’étais lui, je ne pourrais pas dormir la nuit si, à la fin de ma carrière, je ne pouvais mettre en avant que mes buts », taclait d’ailleurs Thierry Henry en 2023. Une saillie du Gunner qui résume bien le plafond de verre du prince Harry. Pourtant, à l’heure de défier la Lazio, personne ne fait fi de cette malédiction outre-Rhin.
« C’est un cadeau d’être son entraîneur. Je ne suis donc absolument pas inquiet à son sujet et je suis sûr qu’il sera à la hauteur. C’est ce qu’il fait quand il y a de la pression, et nous pouvons compter sur lui à 100 % », a ainsi assuré Thomas Tuchel, à la veille du choc. Il faut dire que l’Allemand a de quoi être rassuré, puisque cette saison, Harry Kane a régulièrement répondu présent dans les grands rendez-vous du Bayern. En dehors de la scène européenne, il vient par exemple de porter les siens face à Leipzig, lui qui a marqué cette saison contre toutes les équipes du top 5 de Bundesliga, à l’image de son triplé pour son premier Klassiker contre Dortmund. De quoi convaincre une référence locale, Miroslav Klose, dithyrambique en janvier dernier dans les colonnes de L’Équipe : « Kane rend l’équipe meilleure, c’est sûr. […] Sa faim de titres est tellement forte qu’il va permettre de mobiliser encore davantage le groupe munichois aux moments clés. » Un moment clé comme un huitième de finale retour de Ligue des champions ?
Par Adrien Hémard Dohain