- Bundesliga
- J21
- Bayer Leverkusen-Bayern Munich
Bayer contre Bayern : une affaire domestique
Ce samedi, le Bayer Leverkusen accueille le Bayern Munich pour un duel décisif dans la course au titre en Bundesliga. L’équipe de Xabi Alonso a une occasion en or de frapper un grand coup de poing sur la table du foot allemand. Mais ce choc ne sera qu'une étape du semi-marathon attendant les deux formations, et ce quel que soit le résultat.
C’est presque devenu une tradition allemande. Comme un vœu formulé naïvement après les fêtes, mais qui n’aboutit jamais vraiment. Chaque année à la mi-saison, une équipe émerge en Bundesliga avec l’espoir de mettre fin au règne sans partage du Bayern Munich, vainqueur des onze derniers titres. Et la même question se pose à chaque fois : cet impertinent outsider tiendra-t-il la cadence jusqu’au bout ? L’Union Berlin l’an passé, le RB Leipzig, le Borussia Dortmund à plusieurs reprises : tous ont fini par craquer en seconde partie de saison face à la locomotive bavaroise. Mais cette année, le prétendant semble plus sérieux que d’habitude. Le Bayer Leverkusen a un rendez-vous ce samedi avec son histoire, pas réputée pour être des plus glorieuses jusqu’ici. En cas de victoire face au Bayern, les hommes de Xabi Alonso prendront cinq points d’avance sur leur adversaire direct, et s’envoleront ainsi à la tête du classement. À condition de ne pas se brûler les ailes trop vite.
Plein de buts et plein de blessures
Cette saison, le vent semble souffler vers l’ouest plutôt que vers la Bavière. Depuis le mois d’août, le Bayer Leverkusen marche sur tout le monde ou presque. Invaincu en championnat, en Coupe et en Europe, le club a inscrit la bagatelle de 90 buts en 30 matchs. Une moyenne de trois pions par rencontre, qui semble tout droit issue d’une partie de Football Manager tant elle semble surréaliste. Et quand il ne roule pas sur son adversaire, le Bayer a aussi été capable de décrocher des succès à l’arrache dans le temps additionnel, comme récemment face à Augsbourg (0-1) et Leipzig (2-3). La fameuse « chance du champion », comme certains raccourcis pourraient le laisser suggérer.
Au Bayern, la jauge de confiance n’est pas des plus remplies, contrairement à l’infirmerie du club. Alphonso Davies, Joshua Kimmich, Kingsley Coman, Serge Gnabry ou encore Dayot Upamecano sont tous indisponibles pour ce week-end. Et un élément de taille pourrait s’ajouter à la liste, puisque Manuel Neuer, touché au genou, est incertain avant le choc. Les deux défaites en championnat enregistrées face à Francfort (5-1) et contre le Werder Brême (0-1) ont aussi remué les doutes autour de Thomas Tuchel. Malgré des résultats corrects et Harry Kane en mode machine, le champion d’Europe 2021 n’a pas encore réussi à mettre tout le monde d’accord depuis son arrivée. « Sur le plan du jeu, le Bayern n’a pas évolué sous Tuchel comme beaucoup de fans l’attendaient, moi y compris, a récemment exprimé la légende Lothar Matthäus. Les résultats sont bons, mais il manque l’attractivité du football que l’on peut attendre de cette équipe bavaroise très fournie, et ce, malgré les nombreuses blessures. »
Le Bayern injouable dans les tie–breaks
Si le Bayer Leverkusen semble plus armé que jamais pour faire un gros coup, difficile de balayer des esprits le poids des dernières années. Dans les grands rendez-vous en championnat, le Bayern répond présent. À chaque fois, même. Depuis la saison 2016-2017, les Bavarois ont remporté la totalité de leurs matchs de deuxième partie de saison face à l’équipe qui a finalement été leur dauphin. Une force mentale froide et impressionnante, qui leur permettait dans le même temps d’assurer la tête et d’assommer celle de l’adversaire. L’équipe de Xabi Alonso devra justement s’en inspirer, elle qui, cette saison, a à chaque fois partagé les points face à ses trois actuels poursuivants : le Bayern, Stuttgart et Dortmund. « Pour battre le Bayern, nous devons réaliser un match de très haut niveau, presque parfait, a expliqué l’Espagnol en conférence de presse. Ce serait excellent de faire la fête après le match, mais nous n’en sommes pas encore là. »
Car le tacticien l’a bien compris : les cinq potentiels points d’avance seront loin d’être suffisants pour assurer le titre. Ne pas tomber face aux Bavarois est une chose, ne pas trébucher tout seul en est une autre. Le titre manqué par le Borussia Dortmund l’an passé, alors qu’il suffisait d’une victoire face à Mayence lors de la dernière journée pour le valider, est encore frais dans la tête de tous. Avec treize matchs de championnat à disputer après ce week-end, la route est encore longue. Un combat de haut niveau ne se joue pas toujours à qui mettra l’autre KO, mais à qui sera le plus endurant.
Par François Linden