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Le Barça est-il vraiment moins bon qu’avant ?
Dix ans après s'être fait sortir en huitièmes de finale par le Barça, l'Olympique lyonnais retrouve les Blaugrana au même stade de la compétition. Et après le 0-0 du match aller, les spécialistes du ballon rond sont formels : Barcelone est « moins fort qu'avant ». Vraiment ?
C’est un discours répandu sur tous les plateaux de télévision et de radio de France : le Barça est « moins fort » que ces dernières années et « ne fait plus peur » . Mais les consultants ne sont pas les seuls à répandre cette « rumeur » puisque si Jean-Michel Aulas s’était contenté en janvier dernier d’un « Je pense que l’écart avec Barcelone sur le point sportif s’est réduit » , Claude Puel, lui, ne prend pas de pincettes pour dire tout haut ce que tout le monde penserait tout bas sur le plateau de RMC Sport : « Je pense que Lyon a les atouts pour faire une différence sur un contre bien mené à Barcelone. L’équipe du Barça est performante, mais elle l’est moins que celle de l’époque. L’équipe de Guardiola était extraordinaire dans le pressing, elle étouffait l’adversaire et c’était impossible de jouer. Contre l’équipe de 2019, il y a des possibilités et Lyon aura des opportunités. Elle est prenable sur des situations de contre. » En est-on bien sûr ?
Les chiffres trompeurs
Quand Claude Puel évoque l’équipe « de l’époque » , l’ancien coach de Leicester veut surtout parler de celle de 2009 qui avait roulé sur son Olympique lyonnais en huitièmes de finale retour de Ligue des champions (5-2 après un match nul prometteur 1-1 à l’aller) avant d’aller soulever la coupe aux grandes oreilles quelques semaines plus tard. Une équipe qui avait aussi écrasé de toute sa classe la Liga – devenant ainsi le premier club espagnol à réaliser le triplé C1, championnat, Coupe du Roi – grâce à sa triplette offensive Henry-Eto’o-Messi et son milieu (Busquets-Xavi-Iniesta) plus sexy que le couple Bradley Cooper-Irina Shayk. Si cette équipe a marqué l’histoire du football de son empreinte, un coup d’œil aux statistiques suffit pour voir que la bande d’Ernesto Valverde ne fait pas forcément moins bien. Voire mieux.
C’est bien simple, cette saison, le Barça n’a connu la défaite qu’à deux reprises en Liga quand, lors de l’exercice 2008-2009, les Blaugrana en étaient déjà à trois à ce moment de la saison, et à quatre en 2014-2015, année de la dernière C1 des Catalans. En Ligue des champions, le constat est plus ou moins le même, puisque les coéquipiers d’Ousmane Dembélé n’ont toujours pas connu la défaite cette saison – malgré une poule composée de l’Inter, de Tottenham et du PSV – quand les protégés de Guardiola avaient perdu face au Shakhtar Donetsk (2-3), après avoir fait match nul face à Bâle (1-1), pour les deux derniers matchs au Camp Nou avant la réception de l’OL. Une phase de poules de laquelle Lionel Messi s’était extirpé avec cinq pions, contre six dix ans plus tard.
Jeu moyen, efficacité maximale
Les statistiques sont donc formelles : ce Barça n’est pas moins fort que celui de 2009. Mais le football n’est pas qu’une question de statistiques, et il paraît évident que ce Barcelone version 2019 ne va pas marquer l’histoire comme a pu le faire celui de Pep Guardiola. Car si les chiffres ne trompent pas, les yeux sont formels : le jeu des Blaugrana, lui, est bien moins agréable à regarder. La faute à des recrues offensives – Ousmane Dembélé, Malcom, Philippe Coutinho – qui n’arrivent pas à se montrer au niveau de leurs prédécesseurs. La faute aussi à des joueurs qui vieillissent, à l’image de Sergio Busquets ou encore de Gerard Piqué. Résultat, le Barça n’arrive plus à étouffer l’adversaire comme il a su si bien le faire et s’en sort comme souvent grâce au talent de Lionel Messi qui, lui, ne semble pas avoir pris une ride et à la muraille Marc-André ter Stegen, décisif pratiquement à tous les matchs.
Alors, oui, le jeu n’est plus aussi enthousiasmant qu’il y a quelques années. Mais l’essentiel est là pour Ernesto Valverde : le Barça est premier du championnat – avec sept points d’avance sur l’Atlético –, est qualifié pour la finale de Coupe du Roi et est toujours en course pour soulever la coupe aux grandes oreilles. De quoi pourrait alors s’inquiéter l’ancien coach de Bilbao ? De la fatigue de son onze type qui joue énormément de matchs ? Non, car à l’image d’Ivan Rakitić, revenu exténué de la Coupe du monde, les joueurs se montrent bien plus en forme depuis que Patrick Sébastien a conclu l’année 2018 en faisant tourner les serviettes. Du fait que Luis Suárez ne plante plus un but à l’extérieur en Ligue des champions ? Non, car le Real Madrid en est témoin, l’Uruguayen semble avoir retrouvé son sens du but. Finalement, seule une blessure de Lionel Messi pourrait réellement inquiéter Ernesto Valverde. Quoique, puisque le Barça n’a pas eu besoin de lui pour claquer un violent 5-1 au Real Madrid en début de saison.
En faisant 0-0 à Lyon, Barcelone a finalement fait mieux que le Manchester City de Pep Guardiola (tiens donc) qui s’était incliné à l’Etihad Stadium (1-2) face aux Gones, avant de venir faire match nul au Groupama Stadium (2-2). Et finalement, les trois dernières Ligue des champions ont prouvé que ce n’est pas forcément le jeu proposé qui fait gagner la C1, mais bien l’efficacité. Et ça, le Barça d’Ernesto Valverde n’en manque pas.
par Steven Oliveira