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Le Bamba triste

Par Maeva Alliche
4 minutes
Le Bamba triste

Privé de terrain à cause d’un imbroglio autour de sa prolongation de contrat, Jonathan Bamba a connu une dizaine de jours compliqués. Finalement réintégré au groupe professionnel par les dirigeants stéphanois, le meilleur buteur des Verts va tenter d’oublier cet épisode ce mercredi soir face à Strasbourg en huitième de finale de Coupe de la Ligue. S'il le peut...

Huit matchs, sept dans la peau d’un titulaire, quatre pions plantés, une passe décisive, le début de saison de Jonathan Bamba annonce un horizon dégagé. À vingt et un ans, l’attaquant stéphanois a enfin ce qu’il attend patiemment depuis deux ans et trois prêts au Paris FC, à Saint-Trond (Belgique) et à Angers : la confiance de son club formateur. Mais le ciel du jeune joueur s’assombrit brusquement le 13 octobre dernier, lorsque ses dirigeants décident de l’écarter du groupe professionnel. Le club ne supporte plus le silence de ses représentants dans les négociations autour de sa prolongation de contrat. Il faut dire qu’Aboubakar Traoré, frère de Bamba, Michaël N’Cho, un cousin de la famille, tous deux conseillers, et Samir Khiat, son agent, mettent à mal la patience de Roland Romeyer et Dominique Rocheteau. Depuis juillet, le contact est rompu, et l’ultimatum d’un retour à la table des négociations au plus tard le 12 octobre est resté sans réponse. Ni une ni deux, dès le lendemain, le président du directoire et son directeur sportif optent pour la sanction. Un petit tour en équipe réserve devrait rafraîchir les idées du joueur et de ses conseillers. Et tant pis si Óscar García doit se priver de son meilleur buteur. « La décision des dirigeants nous pénalise sportivement » , estime le coach espagnol, déjà bien embêté par une infirmerie qui se remplit match après match.

La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf

Tout est une histoire de gros sous. Le natif d’Alfortville et ses quinze mille euros mensuels pointent aux dernières places du classement des salaires du club. Pour prolonger le joueur qu’ils désirent enfin retenir dans l’effectif, les Verts doivent donc mettre la main à la poche. Et ce ne sont pas les vingt-cinq mille euros proposés au début des discussions qui installent un climat serein en salle de négociation. Dérisoire pour le camp de Jonathan Bamba, cette première offre est remplacée par une seconde à cinquante-cinq mille euros, elle aussi refusée. Forcément, après trois prêts consécutifs, il est plus difficile d’être conciliant au moment de négocier une prolongation de contrat. Le problème, c’est que les prétentions salariales du clan Bamba sont jugées trop gourmandes pour la trésorerie du club. On parle de cent cinquante mille euros mensuels, soit autant que des joueurs de Ligue 1 confirmés comme Morgan Sanson, Gregory Sertic ou encore Andy Delort. Surtout qu’avec la politique de salary cap instaurée par la direction, Saint-Étienne n’est vraiment pas le club adequat pour réclamer une telle somme. Encore moins quand on a vingt matchs de Ligue 1 dans les guiboles.

Dans le Forez, les salaires sont plafonnés à quatre-vingt-dix mille euros par mois, et complétés par un sytème de primes « personalisées » . Ce qui permet à certains cadres, Stéphane Ruffier ou Loïc Perrin en tête, de gagner « deux millions d’euros annuels à travers diverses primes » comme l’expliquait Roland Romeyer au Progrès début octobre. Soit à peu près autant que ce qu’aurait réclamé les représentants de Jonathan Bamba. Ce qui explique pourquoi les dirigeants ne peuvent se résoudre à accepter une telle demande. Les supporters aussi, d’ailleurs. « Bamba 150 000 euros ou pas, l’humilité ne s’achète pas » , la banderole déployée par le kop stéphanois lors de la réception de Montpellier est claire, nette, précise.

Message reçu, semble-t-il, dans le salon de Jonathan Bamba. Le frère du joueur reprend contact le jour même avec les dirigeants stéphanois. Rendez-vous est pris, les deux parties doivent se retrouver autour de la table des négociations dans la semaine. « Dans ces conditions, il n’y avait plus lieu d’écarter Jonathan » , concède Dominique Rocheteau. Autorisé à réintégrer le groupe pro, l’attaquant devrait être du déplacement à Strasbourg ce mercredi en huitième de finale de Coupe de la Ligue. Pas encore suffisant pour faire danser Bamba, mais le premier pas est fait.

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