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- France-Islande (5-2)
Le bain de Mouss
Invité surprise de la fête organisée par l’équipe de France face à l’Islande (5-2), Moussa Sissoko a une nouvelle fois répondu présent à la force de ses cuisses et de ses courses. Malgré ça, il ne devrait pas poursuivre contre l’Allemagne jeudi prochain.
Il fait partie d’une classe à part. Moussa Sissoko restera à vie un membre du club des décriés. C’est comme ça et, qu’on se le dise, cela devrait rester comme ça. Cette saison, à Newcastle, certains supporters ont fait de lui « le joueur le plus frustrant de la saison » . C’est une constante : malgré le coffre, malgré les promesses, Sissoko traîne aux chevilles le boulet d’un joueur inconstant. Et pourtant, il n’a jamais douté. Il y a quelques semaines, dans un entretien donné au Journal du Dimanche, il expliquait même n’avoir été inquiet « qu’à 5% » au moment de la liste de Didier Deschamps pour le Championnat d’Europe. Pourquoi ? Peut-être tout simplement parce que Moussa Sissoko connaît sa place – « je suis un briscard.(…)Qu’on me donne quatre-vingt-dix ou cinq minutes, je me dois à la France. Je préfère gagner l’Euro en jouant une minute par match qu’échouer en étant titulaire » . Et voilà, Sissoko a gratté une titularisation contre la Suisse (0-0) où il a été convaincant et une seconde plus surprenante contre l’Islande (5-2) dimanche soir. Sur le papier, c’était une surprise et un sujet pour balancer des vannes. Reste que pour la deuxième fois de la compétition, Sissoko a répondu présent. Comme si de rien n’était.
« Le fils du coach »
L’objectif de Didier Deschamps contre l’Islande était simple : pilonner à outrance, dans tous les sens et faire imploser le bloc serré islandais. Dans ce sens, coucher sur la feuille de match un 4-2-3-1 avec Sissoko à droite comme draxter pouvait se comprendre, l’idée étant également de se servir de l’ancien toulousain comme repli défensif et couverture aux montées de Bacary Sagna, ce que Coman ne fait pas. Et voilà : Moussa Sissoko a passé quatre-vingt-dix minutes à combiner avec Antoine Griezmann en une touche, à chercher des relais, à se montrer utile sans être forcément décisif. C’est l’art de la polyvalence de Sissoko, la raison principale pour expliquer sa présence dans le groupe France où certains le surnomment « le fils du coach » . C’est un boulon essentiel d’un collectif dans lequel il ne sera jamais un titulaire indiscutable, mais peu importe. Là, on reconnaît la volonté de Deschamps de créer « un groupe au-delà des individualités » . Et contre l’Islande, Sissoko lui a rendu à la sueur et à la douceur de ses courses.
Le bon soldat
Au lendemain de ce quart de finale, Moussa Sissoko fait partie des satisfactions du festival offensif des Bleus. Sauf qu’il ne devrait logiquement pas être du onze titulaire contre l’Allemagne jeudi prochain. C’est une question d’adaptation et de la ligne de conduite de Deschamps. En demi-finales, le sélectionneur français devrait revenir à son système initial, le 4-3-3, et laisser de côté Sissoko au profit d’un triangle offensif Griezmann-Giroud-Payet. L’idée sera de réussir à contrôler le milieu allemand et non de tabasser à tout-va pour s’exposer à nos limites défensives. Il ne devrait donc pas y avoir de débat autour d’une titularisation de Sissoko, mais il restera dans les têtes les images de cet infatigable travailleur silencieux type Mickaël Gelabale. Le genre de mec qui se la ferme, qui bosse, qui cabosse les autres et qui n’exige rien. L’histoire d’un mec normal, limité mais volontaire, dont on se souviendra comme d’un bon soldat. Rien de plus probablement, mais c’est déjà ça pour un joueur autour de qui tout le monde a déjà posé cette question : mais qu’est-ce qu’il fout là ? Maintenant, on sait.
Par Maxime Brigand