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Le B.A.R.C.A et la mission finale
Vous ne le savez pas encore, mais ce soir, Álvaro Morata va doucher les espoirs madrilènes en inscrivant un quintuplé. Voilà pourquoi.
« Chauve classe, ici Chauve rapide. Ce soir, on fait sauter la Maison Blanche. Terminé. » Confortablement installé dans son bain de lait d’ânesse, Wesley Sneijder esquisse un petit sourire à la lecture du texto d’Arjen Robben. Certaines rancœurs sont parfois plus tenaces que la volonté de gagner des titres. Cinq ans se sont écoulés depuis ce face-à-face manqué en finale de Coupe du monde, mais les deux Hollandais n’ont pas digéré ce duel remporté par Iker Casillas. Casillas, le gardien du temple du Real Madrid, un club qui les a tous deux virés comme des malpropres et que Fiorentino Pérez et sa politique galactique ont envoyés paître. Finalement, plus que Casillas, c’est peut-être ce roi omnipotent qui cristallise le plus la haine des deux Néerlandais envers l’Espagne. Bons amis, ils décident, au sortir du Mondial sud-africain, de se venger de celui qui aura mis le foutoir dans leurs carrières respectives. Impulsif et monomaniaque, Robben propose de lui mettre un crochet du gauche, puis une grosse tatane dans ses lunettes. En fin tacticien, Sneijder sait que pour faire tomber le chef, il faut l’attaquer en plein cœur, et lui faire exploser en pleine face sa politique visant à ramener année après année les plus grandes stars mondiales à la Maison Blanche. Ainsi, c’est décidé : le Bastion Anti Real, Cristiano et Affiliés (B.A.R.C.A) est né.
Özil, Owen… et Faubert
Mais puisque deux individus ne suffisent pas à constituer une société secrète à visée terroriste de qualité, les deux compères décident de recruter, dans la plus grande discrétion. Première recrue, de choix, le colonel Faubert, qui s’occupera d’organiser la résistance dans le maquis des Girondins de Bordeaux, club le plus éloigné footballistiquement parlant des ambitions madrilènes. Propagandiste actif, le Colonel est chargé de discréditer l’ennemi en diffusant massivement des vidéos de son passage au Real sur les réseaux sociaux. Un premier succès pour le B.A.R.C.A. Deuxième recrue, le Dr. Michael Owen, dit B.O.S.S (Ballon d’or Super Subversif). Sa mission ? Instaurer la mauvaise graine dans le vestiaire madrilène. Profitant de ses contacts dans le football anglais et le milieu hippique, B.O.S.S projette de trouver un footballeur britannique prometteur, de lui administrer un remède de cheval afin de créer le clone de Cristiano Ronaldo. Plus rapide, plus fort, donc plus cher. Ainsi naquit Gareth Bale. On croit pourtant à l’échec de la mission lorsque le Gallois inscrit le but de la délivrance en finale de la Ligue des champions l’an passé. Grossière erreur. Car plus haut est le but, plus dure sera la chute. Autre membre du B.A.R.C.A, Mesut Özil, dit Fish Eyes, ou Poiscaille, avait en effet révélé que le rêve de la Décima n’était qu’un leurre. Non, la vraie ambition folle de Pérez est de voir son équipe réussir le premier doublé en C1 depuis le passage à l’ « ère Ligue des champions » , en 1993.
Morata, l’arme fatale
C’est donc après la Décima que Sneijder échafaude son plan. Inspiré par le passage de Morientes à Monaco, qui avait éliminé le Real à lui seul, le meneur hollandais découvre Álvaro Morata, prometteur gars du cru, lassé de devoir attendre sa chance en équipe première. Durant le Mondial, Chauve Classe parvient à convaincre Daniel Lauclair d’utiliser ses talents pour masquer sa voix et se faire passer pour Florentino Pérez afin d’arranger un transfert à la Juve, misant sur la volonté de Michel Platini de voir la Vieille Dame dans le dernier carré de la compétition. Coup gagnant. Sauf que le temps presse, puisque Morata doit arriver à Turin le 19 juillet. Après la victoire de la Hollande face au Brésil (3-0), le 12, Robben et Sneijder convoquent tous les membres du B.A.R.C.A dans une demeure abandonnée de Corrèze, à l’abri des regards.
Là, un véritable entraînement militaire débute pour Morata, dernier espoir des insurgés. Ainsi, Robben lui apprend le secret de ses crochets, Sneijder les coups francs, Fish Eyes l’art de la passe, et le Colonel à être mauvais, histoire de ne pas éveiller trop rapidement les soupçons, surtout en début de saison. Dernière recrue, Klaas-Jan Huntelaar, dit « le chasseur » , lui apprend à abattre froidement la cible. Le buteur de Schalke est d’ailleurs utilisé comme un leurre, en huitièmes de finale, avec pour consigne de marquer à Bernabéu pour instaurer un premier doute chez les socios, sans toutefois, surtout pas, éliminer le Real. Il faut diviser pour mieux régner, c’est donc à un enfant du club d’abattre Pérez afin de scinder les supporters en deux camps : les pro-Castilla, et les pro-Galactiques. Alors, ce soir, quand Morata entrera dans l’arène avant d’inscrire un quintuplé, Sneijder, sorti de son bain, répondra : « Le raton est dans le fromage, je répète, le raton est dans le fromage. Terminé. »
Par Paul Piquard