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Le 4-3-3 : dictateurs africains
L'Afrique est malheureusement un continent où les chefs d'État aiment s'accrocher au pouvoir. Réélus au premier tour (ou pas élus du tout), ces hommes jouent perso, confisquent les libertés individuelles et taclent l'opposition. Pas grave, l'arbitre est un cousin.
Mouammar Kadhafi
Despote précoce, le simple colonel découvre l’ivresse du pouvoir à seulement 27 ans. Grand amateur de camping, il plante aussi bien sa tente face à l’hôtel Marigny à Paris que devant les cages de son pays. Il reste pendant 41 ans le gardien de la révolution, une longévité que certains expliquent par sa consommation matinale de lait de chamelle. Il termine sa carrière sur une sortie approximative.
Défenseurs
Teodoro Obiang Nguema Mbasogo
Mbasogo évolue pour la seconde fois en trois ans devant son public lors de cette CAN. Pas le plus connu des potentats africains, il tient son couloir droit et son pays depuis 1979. Fort de sa formation militaire dans l’Espagne de Franco, il a pris l’opposition en marquage individuel. Les stats Opta de ses réélections parlent pour lui (96,96% ; 99% ; 97,1% ; 96,7%).
Joseph-Désiré Mobutu
Moins doué que son camarade de formation Patrick Lumumba, Mobutu compense par un sens de l’anticipation et de la trahison remarquable. Si sa toque léopard le gêne pour le jeu de tête, Mobutu s’impose comme un leader incontesté. Il décide même de changer le nom de son équipe (le Congo devient le Zaïre). Plus gros salaire de l’équipe, sa fortune personnelle est estimée à 6 milliards d’euros.
Idi Amin Dada
Avec son 1,90m et son quintal, l’homme a le physique de l’emploi. Un stoppeur dur sur le droit de l’Homme et qui doit beaucoup à sa formation militaire. Admirateur du jeu écossais, Amin Dada aime aller au contact, de préférence quand il s’agit d’opposants politiques. Suspecté par la commission de discipline de bouffer ses petits camarades, son cas n’a pas encore été tranché.
José Eduardo Dos Santos
Passé par un centre de formation soviétique, le président de l’Angola occupe le côté gauche, mais n’hésite jamais à rentrer sur son pied droit. Avec la manne pétrolière de son pays, il mène un train de vie confortable. Sa fille Isabelle gère désormais sa carrière et tant pis si elle n’a officiellement pas sa licence ONU.
Milieux
Jean-Bedel Bokassa
Trop vite, trop haut, trop tôt. Président de la République centrafricaine, Bokassa exige une revalorisation. Devenu empereur du milieu en 1976, ce diamant brut se brûle les ailes en trois ans. Sans doute perturbé par les voyages fréquents de sa femme à Paris, il perd la confiance de son entraîneur français, Valérie Giscard d’Estaing. Rancunier, il contribuera à lui faire perdre un match très important en 1981.
Omar Bongo
Pas le plus grand des dictateurs par la taille, Bongo sait qu’une carrière se juge sur la durée. Jamais blessé ni suspendu, le Gabonais sera la sentinelle de la « Françafrique » pendant 41 ans et six mois. Équipier apprécié par Paris, il cède sa place en fin de match à son fils Ali.
Ben Ali
Il profite d’une blessure du titulaire du poste Habib Bourguiba pour gagner une place de titulaire. Après avoir marché sur les traces de son prédécesseur, il se démarque par la suite avec un style plus physique et une tendance à beaucoup garder le pouvoir. À trop jouer dans les petits espaces avec sa belle-famille, il est poussé par un public mécontent vers un prêt sans option de retour en Arabie saoudite.
Attaquants
Robert Mugabe
Joueur apprécié en début de carrière, Mugabe déçoit depuis. Le vétéran de l’équipe use et abuse de la torture sans jamais tenir compte des remontrances de l’arbitre international. Son style hargneux lui assure cependant une place de titulaire depuis 1987. Il refuse de jouer en blanc et avec des homosexuels qu’il appelle « à décapiter ».
Mswati III
Titulaire du poste depuis ses 18 ans, ce « fils de » flambe sa carrière depuis. En juin 2005, il affichait douze épouses, deux fiancées officielles et 24 enfants. Il possède aussi un des parcs automobiles les plus luxueux d’Afrique. Pas toujours concentré sur ses obligations professionnelles, Mswati III est très critiqué pour ses prestations contre le SIDA qui ravage son pays. Lui préfère réclamer une rallonge budgétaire pour agrandir son palais et y loger toutes ses nouvelles épouses.
Ismail Omar Guelleh
Pas le plus connu ni le plus spectaculaire de l’équipe, mais un président qui fait parler les chiffres. Il sort l’élection parfaite en 2005 avec 100% des voix. Et si Djibouti n’est pas l’équipe la plus médiatisée du continent, sa performance aurait fait quelques jaloux.
Remplaçants
Hosni Moubarak
Une autre victime de marque du mercato arabe de 2011.
Charles Taylor
Le bourreau de la Sierra Leone a rejoint le club de La Haye en fin de carrière. Et personne ne va s’en plaindre.
Blaise Compaoré
21 ans de carrière et un départ en catimini en octobre sans même un jubilé.
Pierre Nkurunziza
Réélu avec 91% des voix en 2011, il a tendance à ne pas partager le ballon avec ses partenaires tutsi.
Par Alexandre Pedro