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Layvin Kurzawa, à double tranchant
Patrice Évra poussé gentiment vers la touche, Layvin Kurzawa a honoré sa première titularisation en équipe de France avec un but et une passe décisive contre l'Italie. Mais il a montré également quelques largesses défensives.
Une passe décisive, un but. Pour sa troisième sélection en équipe de France, Layvin Kurzawa a clairement marqué des points. Surtout qu’en face, c’était l’Italie, l’une des meilleures défenses du monde. Un adversaire qui met en perspective la performance offensive du latéral gauche parisien, installé comme titulaire au PSG par Unai Emery et en Bleus par Didier Deschamps. Pour le moment. Mais cela ne devrait pas bouger si le joueur formé à Monaco poursuit sur sa lancée : trois buts en quatre matchs toutes compétitions confondues avec son club, et donc un de plus avec la sélection. Peu avant de marquer, un autre de ses débordements avait disloqué une partie de la défense italienne. Une capacité de percussion qu’aucun de ses concurrents n’égale, le titulaire de l’Euro, Patrice Évra, n’ayant même jamais marqué en 80 capes. Autant dire que Layvin Kurzawa amène aujourd’hui des qualités inédites dans le couloir gauche français. Avec ses contreparties…
Attaquant dans l’âme
Contre la Squadra Azzurra, c’est de son côté qu’est venue l’égalisation. Parce qu’à force de faire des appels à proximité de la surface adverse, forcément, Kurzawa ne protège pas toujours ses arrières. Une tendance qui a contribué à l’explosion en vol du PSG à Monaco juste avant la trêve internationale – même si la défaite n’est aucunement imputable au seul latéral gauche –, et qui est à ce jour le seul point noir dans les performances du jeune homme de vingt-quatre ans. Le Parisien est aujourd’hui plus attaquant que défenseur. Logique pour un élément d’abord formé aux avant-postes. Mais l’histoire de son positionnement est commune à beaucoup de latéraux : des attaquants trop justes pour passer pro, que l’on repositionne pour sprinter dans les couloirs. Dans cette caste des offensifs contrariés, Kurzawa est peut-être de ceux qui arrivent le moins à refréner leur instinct. Ou à l’exploiter au mieux, question de perspectives. À l’image d’un tempérament qui l’a parfois pénalisé – son salut militaire avec les Espoirs contre la Suède par exemple –, mais qui aujourd’hui pourrait contribuer à l’installer durablement au sommet en club comme en sélection. Si la prise de risques paie, ce n’est pas sans conditions.
Besoin d’un ratisseur en partenaire
Contre l’Italie, c’est N’Golo Kanté qui a tenté de colmater la brèche laissée par la montée du latéral gauche. Sans succès, puisqu’une fois n’est pas coutume, le Blue de Chelsea n’a pu empêcher le centre à l’origine du seul but italien. Ce qui ne doit pas pousser le sélectionneur à nier une évidence : il va falloir accepter une partie des défauts de Kurzawa pour profiter au maximum de son extraordinaire force de percussion. Et ainsi oser miser sur un latéral qui va de l’avant comme l’ont fait le Barça avec Alba ou l’Allemagne avec Hector pendant l’Euro. Ce qui impose aussi de trouver un joueur qui défende pour le gaucher. Un type comme Flo Malouda, qui aurait été un partenaire de couloir parfait pour Layvin, bien plus que les attaquants actuels que sont Anthony Martial, Dimitri Payet, voire Antoine Griezmann. La solution devrait donc venir de l’entrejeu, avec un ratisseur type N’Golo Kanté, bien préparé à boucher les trous béants. Ce qui n’interdit pas non plus à Kurzawa de se concentrer sérieusement sur ses problèmes de rigueur défensive. Surtout lorsqu’il s’agira pour les Bleus de garder un score favorable, de plier sans rompre. Pour l’instant, face à des oppositions plus modestes, c’est surtout sa capacité à faire la différence que Deschamps souhaite exploiter. Tant mieux, Layvin compte bien remettre ça dès ce mardi en Biélorussie, pour fêter dignement ses vingt-quatre ans et lancer la campagne des Bleus vers le Mondial 2018.
Par Nicolas Jucha