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- La pépite de la 21e journée
L’avenir est Tabanou
Auteur d’un joli doublé lors de la victoire de Toulouse face à Nancy samedi (2-1), Franck Tabanou a confirmé qu’il était aussi talentueux qu’irrégulier. Histoire d’en finir avec cette réputation de « joueur d’un match », le gaucher de 23 ans espère claquer une grosse deuxième partie de saison.
Franck Tabanou était porté disparu depuis le 15 décembre 2012. Ce samedi-là, face à l’Olympique de Marseille, le côté gauche toulousain passe une sale journée. Cheikh M’Bengue se fait exclure à la demi-heure de jeu avant que sa moitié offensive Tabanou ne le rejoigne aux vestiaires un petit quart d’heure plus tard. Auteur d’un sale tacle sur Rod Fanni, et déjà sanctionné d’un carton jaune quelques minutes auparavant, le natif de Thiais montre une nouvelle fois sa face obscure aux observateurs. Celle d’un joueur impulsif, souvent prompt à sortir de son match pour un oui ou pour un non, et qui ne brille pas forcément par son intelligence. Irrégulier parmi les irréguliers, le joueur d’Alain Casanova possède, comme beaucoup d’autres joueurs de type « comète » ou « supernova » , cette capacité à illuminer le paysage footballistique un week-end avant de disparaître à nouveau dans l’immensité de la galaxie du football. Auteur d’un doublé remarqué face à Nancy ce week-end, le talentueux gaucher est monté haut dans le ciel de Toulouse. À 23 ans, c’est un Tabanou plus mature qui espère ne pas redescendre se crasher dans la Garonne.
Un Toulousain de lendemain de victoire vous dirait aisément : « Tabanou ? C’est un bon joueur un match sur deux. » Un Toulousain giflé par un club amateur en Coupe de France comme chaque année vous dirait plutôt : « Tabanou ? Il fait deux bons matchs dans l’année. » La vérité se situe quelque part entre l’euphorie d’une victoire et la déception. C’est vrai, Franck Tabanou est un joueur irrégulier. D’ailleurs, ses maigres statistiques ne plaident pas en sa faveur, au même titre que sa polyvalence sur le côté gauche, qui l’a longtemps poussé à trop se chercher. Latéral ou milieu ? À 23 ans, le Francilien, devenu papa d’un petit Ethan il y a six mois et demi, semble être devenu un homme. Un gaillard fermement décidé à venir à bout de son incapacité à s’inscrire dans la durée. « Le bilan de ma première partie de saison est léger » , sabrait-il d’entrée de jeu en conférence de presse. « J’aurais dû apporter d’avantage. Mes statistiques doivent être plus conséquentes, c’est à moi de progresser sur la régularité. Je dois être constant sur la durée car, actuellement, je suis capable de disparaître un quart d’heure au cours d’un rencontre » , poursuit le double buteur du week-end, conscient de ses faiblesses.
Viré du centre de formation du Havre
Archétype du joueur talentueux mais au comportement moyen, voire mauvais, Franck Tabanou a été invité à quitter le centre de formation du Havre et n’a pas tout de suite fait l’unanimité au sein des jeunes pousses toulousaines. C’est finalement au détour d’une rencontre avec un certain « M. Philippon » , ancien joueur et, surtout, responsable au centre de formation de la ville rose, que le Francilien s’est assagit. Avec lui, Franck, qui se définit lui-même dans les colonnes de Libération comme un « enfant nonchalant, difficile à motiver avant un match » , construit une relation privilégiée. « J’ai envie de vous dire que non, je n’étais pas son chouchou, mais vu que tous les autres passaient leur temps à dire que je l’étais… » , se rappelle t-il.
Sous la houlette de M. Philippon et surtout grâce à un niveau technique supérieur à la moyenne, cet admirateur de Franck Ribéry, « le milieu gauche le plus décisif à ce poste » , a su passer les obstacles. L’autre Francky reste sur trois saisons à 32 matchs ou plus. Réguliérement sollocité par Alain Casanova, il ne lui reste plus qu’à être régulièrement bon. Car Joël Sami, défenseur de l’AS Nancy-Lorrain, enrhumé sur un enchaînement passement de jambes – mine du gauche, a bien compris que lorsqu’il ne dormait pas ou qu’il n’était pas éteint, quelque part dans la galaxie foot, Franck Tabanou avait pas mal de choses à apporter.
par Swann Borsellino