- Stages de pré-saison
L’Autriche, pays des stages de pré-saison
En vingt ans, l'Autriche est devenu l'une des destinations privilégiées, voire la destination incontournable pour les stages de préparation des clubs de foot pendant l'été. Un développement dû à l'AS Roma, et qui concerne désormais plus d'une centaine de clubs sur moins de trois mois à l'année.
Arsenal, le PSG, Leicester, l’AS Roma, l’Anzhi, Arnhem, Al Wahda… Ces clubs ont un point commun quant il s’agit de l’été. Ils ont choisi l’Autriche pour passer quelques jours. Depuis quelques années, l’Autriche a un regain d’intérêt auprès des clubs – et des fédérations – pour préparer une saison, une compétition, un tournoi. Le pays accueille désormais plus d’une centaine de clubs, minimum, d’au moins 21 pays différents selon le dernier décompte de Sportnet.at. Des clubs souvent européens, parfois du Moyen-Orient ou de Chine. L’Autriche est en pleine hype pour préparer du football. Même le Trophée des champions entre le PSG et Lyon s’y déplace cette saison. Alors, c’est quoi le truc en plus de l’Autriche pour attirer autant de footeux en plein mois de juillet ?
Du hasard
L’histoire de l’Autriche et des stages de préparation pour les nouvelles saisons remonte à l’année 1996. « C’est un hasard complet » , raconte Kian Walizadeh, qui travaille pour le « pionnier » en Autriche, le Football Camp Styria. « Pendant un match entre vieilles légendes du football » , un joueur étonné de la qualité des lieux glisse l’idée à l’AS Roma de faire un stage de préparation ici-même, au cœur des montagnes autrichiennes. « Il leur a dit que le lieu était idéal, avec les terrains de football tout proches de l’hôtel. »
Le gouvernement de la région en question, le Steiermark, flaire le bon coup. « Ils ont senti que cela pouvait apporter du tourisme et de la publicité au coin » , ajoute Kian Walizadeh. Son agence se met en route et se développe, avec le soutien financier des institutions publiques pour contribuer efficacement à l’effort et au lancement de la machinerie.
Des infrastructures
L’avantage certain de l’Autriche aujourd’hui réside dans la qualité des lieux. Les hôtels sont tous « luxueux, au moins à quatre ou cinq étoiles » . Les terrains d’entraînement sont situés au plus près. Les clubs sont désormais chouchoutés, avec le maximum à disposition immédiate pour contribuer au bien-être des clubs : des hôtels quatre ou cinq étoiles, coin spa, salles de réunion, salles de muscu et… deux machines à laver par jour pour les affaires d’entraînement, à en croire le site de l’IFCS. Tout est prévu, « tout est pris en charge par nous » , explique fièrement Kian Walizadeh. Ce n’était pas gagné d’avance, il n’y a pas si longtemps. En 1999, trois ans après sa création, le Football camp Styria est débordé par la demande. C’est l’heure de dépasser le simple camp d’entraînement et d’agglomérer tous ceux de la région. Aujourd’hui, la firme rassemble « entre 15 et 17 » centres d’entraînement sur le seul Land de Steiermark. Suffisant pour accueillir « quarante équipes sur les mois d’été, donc juin, juillet et début août » .
Du chaud, de l’air frais et des pentes
Question météo, l’Autriche rassemble les qualités nécessaires à un bon entraînement d’avant-saison. Il y fait plutôt chaud, voire très chaud, avec en bonus l’air de la montagne.
« En moyenne, la température ne dépasse pas les 28°C ici. Par rapport aux pays du sud, c’est très confortable. En fait, il fait un temps semblable aux autres pays d’Europe d’occidentale, mais après deux ou trois jours de chaleur, il y a toujours un orage qui éclate et la fraîcheur qui revient. » Plus que la météo, la montagne autrichienne fait des convaincus. « Les clubs anglais ne demandent pas avant tout d’avoir leur bus, des transports. La première chose qu’ils réclament avant de venir, ce sont des vélos de montagne. »
Déjà la Roma, aux prémices de l’Autriche terre de la pré-saison, recherchait les pentes ardues pour ses entraînements. « Ils ne voulaient pas de course sur du plat, pour faire du sprint, mais avant tout un parcours pentu. » La montagne est au cœur de la préparation. Kian Walidazeh raconte notamment que pour l’équipe de West Brom, le vélo débutait dès 5h30 du matin. Et après l’effort, les cols sont encore mis à profit. « Les joueurs vont souvent se baigner dans les rivières de montagne, très fraîches, pour la récupération. En fait, la nature ici offre des conditions idéales. »
Des partenaires
C’est en tout cas l’argument avancé par le site de l’office du tourisme de la Haute-Autriche, une autre région qui mise tout autant sur ce nouveau créneau. « Des sparring-partners convenables sont logés juste à côté également. » Que les clubs soient autrichiens ou d’autres colonies internationales exilées le temps d’une semaine, les équipes savent qu’elles n’ont pas trop de difficultés à se trouver une autre équipe – plus ou moins avancée dans sa préparation – pour une petite confrontation amicale. C’est bénéfique pour les deux, et pour les locaux, le cercle vertueux s’agrandit ainsi d’année en année, avec en plus le bouche-à-oreille. Kian Walizadeh confie que le PSG est présent « parce qu’Ancelotti a appelé Arsène Wenger, un habitué depuis dix ans, qui lui a conseillé notre agence. Il lui a vanté le temps, la proximité des terrains et notre cuisine. » Même si les tournées asiatiques et américaines et leur argent facile ont détourné quelques clubs, dont le Real Madrid, la cote de l’Autriche demeure forte. Presque toute la Bundesliga s’y retrouve, de plus en plus de clubs anglais et désormais donc le PSG en tête de pont – quand, il y a dix ans, le FC Nantes se faisait plus discret pour ses virées autrichiennes.
Du tourisme
Pour Kian Walidazeh, c’est une certitude, le business attire du monde, avec « minimum 1000 spectateurs à chaque match, des locaux et des étrangers » et certains clubs comme Dortmund ou Schalke qui attirent beaucoup aux entraînements.
L’an dernier, le maire de Bad Tatzmanndorf déclarait d’ailleurs dans le Kurier que « le football est devenu un pilier économique important et augmente la reconnaissance » du bled. Le nombre de nuits dans le village dues au football était estimé pour 2015 à 8000. Un bon score pour une station thermale de 1300 âmes. Effet boule de neige de l’ensemble de ces raisons, l’Autriche accueille pour la première fois cet été le Trophée des champions entre le PSG et l’Olympique lyonnais sur… proposition du club de la capitale.
« C’est le PSG qui m’a donné le contact de la ligue, pour que je puisse émettre l’idée de faire le match ici. » Avec, pourquoi pas, quelques supporters pour venir faire le déplacement et découvrir les montagnes alpines côté autrichien. Ce sera toujours plus facile qu’un détour par Montréal ou la Chine.
Par Côme Tessier