- Europa League
- 1/2
- Valence/Atletico Madrid
L’autre Madrid veut sa finale
Alors que le Real ne s’est toujours pas remis de son élimination européenne, l’Atletico sourit. Forts de leur avantage acquis à l’aller, les Colchoneros représentent les derniers espoirs madrilènes en Europe.
Madrid a la gueule de bois. Après l’élimination de son Real, la capitale espagnole l’a encore de travers. Les ratés de Ronaldo, de Kaka puis de Sergio Ramos passent en boucle dans les têtes madrilistas. « Si proche… Si loin » titre d’ailleurs Marca, se rappelant au bon souvenir de la saison passée et de la double confrontation face au Barça. Mais dans cette ambiance morose, proche du cauchemar – il suffisait de voir les âmes égarées des Merengues dans le centre-ville sitôt le pénalty de Schweinsteiger –, quelques petits malins sont aux anges. Eux, ce sont les supporters de l’Atletico Madrid qui se voient bien comme les derniers représentants de la Babel ibérique en Europe. En cas de résultat positif ce jeudi soir face à Valence, toutes les attentes de Madrid se reposeraient sur le club des Colchoneros. Un comble.
Des losers qui s’assument
Car on ne le répétera jamais assez, dans une ville où le Real Madrid de Bernabeu est synonyme de gloire, le voisin de Calderon est quant à lui la définition même de la lose. Depuis 1996, et un magnifique doublé Liga-Copa del Rey, les Rojiblancos n’ont plus rien gagné sur le plan domestique. Un constat qui n’effraie pas tant que ça ses supporters. « Notre championnat en cache deux, il est deux-en-un. Soit tu joues le titre et donc tu es le Barça ou le Real, soit tu joues de la troisième à la vingtième place et tu es un club normal, expose Luis, notre interlocuteur préféré de la Frente Atletico.Et nous, nous ne gagnons jamais rien, on y est habitués » . Un statut de loser en Espagne totalement assumé mais qui n’est pas sans être paradoxal avec le niveau affiché sur la scène européenne. Il y a de ça deux saisons, la bande à Forlan et au Kun soulevait la petite Europe depuis le Volksparkstadion d’Hambourg. Un été après, c’était au tour de la Supercoupe d’Europe de s’installer sur les berges du Manzanares (cf.l’emplacement de l’Estadio Vicente Calderon).
Fort de son expérience européenne, l’Atletico peut également miser sur sa bonne forme actuelle. Avec leur victoire 3-1 dans le Clasico du pauvre face à l’Espanyol, les Matelassiers ne pointent plus qu’à quatre longueurs de Malaga et d’une qualification en Ligue des champions. En Liga, malgré quelques rechutes, l’arrivée de Diego Simeone sur le banc a visiblement rendu un semblant de stabilité. Et que dire du bilan affiché en Europa League: 17 rencontres, 15 victoires et une seule petite défaite (2-0 à Udine). Bref, les ouailles de Simeone comptent, et de loin, le meilleur bilan de la feu Coupe de l’UEFA dans cette édition 2011-2012. Vainqueurs de cette demi-finale aller 4-2 face à Valence, ils s’avancent à Mestalla dans le costume du favori. Et ce, en toute logique.
Calculer ou jouer ?
Le danger, car il y en a toujours un, l’Atletico se l’est infligé seul. Alors qu’ils menaient tranquillement 4-1, les Colchoneros se sont laissés avoir et ont encaissé un but à la dernière seconde du match aller. Avec deux buts d’avance, l’histoire n’est pas tout à fait la même. Alors attaquer sans se soucier du score ou défendre tout en calculant ? Pour Simeone, le dilemme n’a pas lieu d’être: « Nous essayons toujours de jouer de la même façon, et nous n’allons pas changer. Il est évident que Valence va nous poser des problèmes, mais nous sommes là pour jouer, pas pour regarder. Nous avons un grand rival et la différence entre nous n’est pas de trois buts » . Madrid n’espère donc plus qu’une seule chose: se réveiller demain matin avec la gueule de bois, mais avec le sourire.
Par Robin Delorme, à Madrid