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L’autre chantier de Sochaux
Alors que Sochaux est bon dernier de Ligue 1, avec quand même quatre défaites en quatre matchs, le club vient de faire face à une polémique sur fond de racisme. Explications.
Stade Bonal, samedi 1er septembre. Alors que Sochaux vient d’encaisser un second but de Montpellier, le coach des locaux, Éric Hély, décide de remplacer un Ryad Boudebouz auteur d’une prestation plutôt timide. Bon, ça arrive, hein ! Si les sifflets accompagnent sa sortie, le milieu de terrain algérien affirme par la suite sur son compte Twitter avoir entendu des propos racistes lors de son remplacement : « Je comprends que certains supporters soient énervés par rapport à ma prestation, mais de là à dire« Dégage ! »ou« Sale arabe », je ne suis pas d’accord. » La référence au mot « dégage » faisant écho à une banderole ( « Ryad dégage ! » ) déployée par les Joyriders Sochaux (JS), le principal groupe ultra du club.
Dans la foulée, l’affaire fait grand bruit et plusieurs sites internet n’hésitent pas à associer la photo de la banderole des ultras aux propos racistes parvenus aux oreilles du milieu sochalien. Le lundi suivant, le FC Sochaux-Montbéliard monte à son tour au créneau en expliquant dans un communiqué avoir été « choqué d’apprendre que Ryad Boudebouz avait été victime d’insultes à caractère raciste » avant de lui apporter son « plein et entier soutien » . Sur lequipe.fr, son président, Alexandre Lacombe, prend de nouveau la défense de son joueur : « Il y a visiblement des choses détestables qui ont été dites. C’est d’une stupidité sans nom. Ryad a toujours été nickel. Il n’a jamais dit qu’il voulait partir à tout prix, et que rester à Sochaux ne serait pas un problème. »
« Le bien du club comme seul objectif »
Une opinion pas vraiment partagée par Fabrice, porte-parole des « Joys » : « L’objet de la banderole« Ryad dégage »fait uniquement suite au match disputé à Marseille cette saison où, à la fin de l’échauffement, Ryad Boudebouz a salué les supporters marseilllais (NDLR : le Sochalien ayant été annoncé à l’OM pendant tout l’été) avant de reprendre un chant pour Marseille durant la rencontre. À nos yeux, c’était insupportable, inqualifiable, inadmissible. » Pour ce groupe qui anime les travées de Bonal depuis 1996 (et dont certains membres sont présents depuis plus de 20 ans), ce message ne serait dès lors en « aucun cas une attaque raciste ou vis-à-vis des origines du joueur » . Une précision lexicale qui sera rapportée à Boudebouz, qui ne souhaite plus s’exprimer sur l’affaire, lors de son retour de sélection, selon les JS.
« Après, je suis conscient des choses, concède Fabrice. Même si notre groupe ne revendiquera jamais ces idées-là, nous ne sommes pas à l’abri qu’une personne, qui ne fait pas partie de notre tribune, déraille… Et si des gens veulent faire l’amalgame entre notre bâche et les insultes racistes, libre à eux de le faire. Cela nous portera peut-être préjudice plus tard, mais, en tout cas, on est fidèles à nos idées. » Un amalgame particulièrement douteux lorsque l’on connaît l’engagement contre le racisme des Joyriders, une association qui fait notamment partie de l’ancien RSRA (Réseau Supporters de Résistance Antiraciste). « On a beaucoup de problèmes à Sochaux et je redoute que ce « fait divers » ne fasse justement diversion, s’inquiète Fabrice. Notre crainte réside également dans le fait que le supporter sochalien lambda soit désormais catalogué comme une personne raciste, alors que ce n’est pas du tout le cas. On espère que la direction du club réagira à cela pour ne pas entacher l’image de marque de tous les fans jaune et bleu. » Alors qu’une rencontre entre toutes les parties est au programme pour aplanir cette « polémique » , les Joys se veulent ouverts au dialogue : « Nous sommes avant tout là pour faire avancer les choses. Et avec le bien du club comme seul objectif. » Et avec zéro point au compteur après un mois de compétition en Ligue 1, il serait en effet temps de se reprendre…
Par Antoine Aubry