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L’autopsie de la Ligue des nations
Nouvelle compétition destinée à effacer progressivement des tablettes les matchs amicaux, la Ligue des nations va officiellement être lancée ce mercredi à l'issue de son fameux tirage au sort prévu à midi. Une entrée sur la pointe des pieds pour la dernière des trouvailles de l'UEFA, qui espère relancer l'intérêt des rencontres internationales hors grandes compétitions.
Pour remonter au moment de la conception de la Ligue des nations, il faut revenir près de sept ans en arrière. Nous sommes en 2011, à Nyon au siège de l’UEFA. Bien loin d’anticiper un scandale qui le fera chuter de son piédestal, Michel Platini est tranquillement installé sur son trône de fer, tout en cherchant des idées pour améliorer le football actuel. Chaque initiative adoptée par le gotha du football mondial est un pas de plus pour celui qui vise déjà la présidence de la FIFA. Vient alors, au cours des discussions, un thème pas encore résolu par les différentes institutions : le véritable intérêt des matchs amicaux. Alors que les meilleurs joueurs ont tendance à de plus en plus balancer ou sécher les friendly games à cause d’un calendrier en club surchargé, Platini et son entourage sentent qu’il y a un créneau à occuper pour relancer l’intérêt du spectacle. Trois ans plus tard en conférence de presse à Nice, Infantino et Platini l’annoncent : « Les matchs amicaux n’intéressent plus personne. » La Ligue des nations est née, débuts prévus pour septembre 2018. Il serait peut-être donc temps de s’y intéresser.
La Ligue des Justiciers
Réparties en quatre ligues (A, B, C, D) en fonction de leur coefficient UEFA, les 55 nations européennes vont disputer de septembre 2018 à juin 2019 la première Ligue des nations. Les douze meilleures au coefficient UEFA d’octobre 2017 seront donc dans la Ligue A, les douze suivantes dans la Ligue B, et ainsi de suite. Par Ligue, il y aura quatre groupes composés de trois à quatre équipes toutes issues de la même Ligue. Par exemple, fini les rencontres entre la France et Saint-Marin ou Gibraltar, car en faisant partie des douze meilleures équipes, les Bleus sont placés au sein de la Ligue A et affronteront donc des adversaires comme l’Allemagne, le Portugal ou l’Italie. Sur la base de rencontres aller-retour, les quatre premiers des groupes de la Ligue A composeront ensuite « le carré final » qui s’affrontera chez l’un des champions, après désignation, en juin 2019 pour s’adjuger le trophée. Quelle récompense pour le gagnant ? Un trophée de plus, donc. La gloire, aussi. Et quelques points FIFA supplémentaires. Pour les autres Ligues, les quatre équipes qui finissent premières de leur groupe montent d’une Ligue, les quatre dernières descendent d’un échelon. Sauf, bien sûr, pour les quatre derniers de la Ligue D, qui ne finissent pas radiés à vie du football européen.
Les tickets d’or et l’impact direct sur les éliminatoires
Quid des quatre tickets promis pour l’Euro à venir ? En se terminant en juin 2019, la LDN ne va pas pour autant manger tout cru le créneau des barrages de l’Euro 2020, puisque ceux-ci auront lieu à partir de mars 2019. Ces tickets, un par Ligue, dépendront directement du résultat de cette fameuse phase éliminatoire. Pour les équipes de la Ligue D, qui ont une faible chance de se qualifier à l’Euro via les éliminatoires, l’intérêt de disputer la Ligue des nations est double : l’occasion de remporter des matchs et, pour la meilleure d’entre elles, disputer l’Euro. Pour les autres, l’équation s’annonce plus complexe. En fonction du parcours lors de la phase éliminatoire, les meilleurs de chaque Ligue disputeront des barrages avec les équipes des Ligues supérieures ou inférieures qui n’ont pas décroché leurs billets via les éliminatoires. Exemple : si toutes les équipes de la Ligue A, exceptées l’Islande et la Croatie, décrochent leur billet pour l’Euro via les éliminatoires, ces deux nations disputeront des barrages avec les deux meilleures équipes de la Ligue B qui n’ont pas décroché leur ticket via ces éliminatoires. Les anciens barrages qui découlaient strictement des phases éliminatoires sont désormais influencés par le parcours des équipes pendant la Ligue des nations. La mission « relancer l’intérêt des matchs amicaux » est donc réussie. On attend maintenant le tirage, histoire d’y voir encore un peu plus clair.
Par Andrea Chazy