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Lautner : « Les tacles, c’est le foot que je veux voir… »

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Lautner : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les tacles, c’est le foot que je veux voir…<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

« Vous croyez que les gens vont acheter du Blu-Ray ? Moi, j’ai déjà tellement de DVD et de VHS à recopier, alors le Blu-Ray… » Le réalisateur des Tontons Flingueurs, Ne nous fâchons pas ou encore Les Barbouzes, Georges Lautner, ne croyait pas des masses en l’avenir. Décédé il y a quelques semaines, cela ne devrait pas s’arranger. Reste que ses histoires sur grand écran ou au coin du feu continueront, elles, de perdurer. Avec et surtout sans football…

Avez-vous joué au foot ?

Je n’ai joué au football qu’une seule fois bien dans ma vie, lors du tournage du film Le Monocle noir (1961, ndlr). C’était dans le Morbihan, à Josselin, contre l’équipe du coin. Sur le terrain, il y avait toute l’équipe du film. Je jouais arrière droit. Comme j’étais costaud, je faisais le boulot. Il ne fallait pas que je me troue : il y avait Paul Meurisse dans les buts…

Son rôle du Commissaire Théobald Dromard, c’est OSS 117 avant l’heure, non ?

Peut-être, mais je m’en fous en fait de ce genre de pastiche qui se fait maintenant, ça ne m’intéresse pas. Le premier OSS 117 m’a profondément déplu mais il paraît que le deuxième est mieux, alors…

Ça l’intéressait le football, Paul Meurisse ?

Pas vraiment : ce qui l’intéressait dans le poste de gardien de but, c’était avant tout que ça le mettait en valeur. Comme beaucoup de gardiens amateurs d’ailleurs… Un super souvenir que Le Monocle noir : j’ai d’abord refusé le projet puis accepté uniquement si on pouvait prendre le roman initial et en faire un film pastiche. On a tout changé et fait autre chose. Quand le distributeur a vu le film, il a dit qu’il fallait tout retourner, que c’était une catastrophe. Il l’a planqué, l’a sorti à la plus mauvaise période… et le film a été un triomphe. C’est pour ça qu’on en a retourné un autre, héhé…

Ça vous fait quoi que des équipes de foot amateur portent des noms, parfois, en référence aux Tontons, comme les Raoul, ce genre de choses ?

On m’en a parlé, oui. Disons que c’est un peu un esprit de virilité qui perdure. Ça fait peut-être vieux con mais à mon époque, le football n’avait pas la puissance qu’aujourd’hui. C’est donc devenu logique de le montrer. On voit des joueurs de foot qui deviennent acteurs, et ça me paraît plutôt dans l’ordre des choses, étonnamment…

Ça ne vous aurait pas branché de mettre en scène un match ?

Le foot, non, je suis allé une fois voir un match au stade mais ça ne m’intéresse pas de filmer. Mais la boxe… Je m’intéressais au tennis et à la boxe avec Belmondo, puis ça nous a passé. Je pense que je n’ai jamais été assez formé pour filmer du foot en direct, j’ai du mal à me représenter le résultat final, d’un point de vue cinématographique. Ah, si : je suis ravi de voir des tacles bien filmés, ça les tacles, c’est le foot que je veux voir, mais non seulement cette manière de filmer instinctive, ce n’est pas mon école, mais en plus, j’ai l’impression que la télé n’aime pas bien filmer les tacles, comme s’ils en avaient honte. C’est con. En général, les matchs sont assez ternes mais quand il y a du tacle de très haut niveau, c’est exquis. Ce qu’ils font, c’est quand même de la haute précision mais pour ne pas en faire qu’un spectacle froid, il faut que ça vive. Faut être vachement adroit pour filmer un match, mais faut pas déconner, hein : un match tout naze ne fera jamais un grand match même si c’est bien filmé.

Et Audiard aux commentaires, vous auriez pu y contribuer, non ?

Je ne l’ai pas fait mais oui, oui, oui, moi, très grande idée, je suis pour les dialogues, partout, tout le temps car j’ai réussi ma vie grâce à ça, et je pense avoir réussi à avoir mis en avant les acteurs et les auteurs. A l’époque où j’ai commencé, on faisait des plans larges, lointains, panoramiques, mais moi, j’ai voulu filmer avant tout les acteurs, en gros plans, et avec mon équipe. J’ai refusé des projets qui ne respectaient pas cela, je ne voulais pas de plans western. Et les acteurs ont leur routine. Dans les Tontons, Lino devait payer une note de restaurant. Simple, sauf que lui avait tout un cérémonial : « C’est ça que je fais » , me dit-il… Je l’ai laissé faire mais on a coupé au montage. Je me suis aussi pris des soufflantes par Gabin, qui était surpris par mes méthodes de travail. Il était habitué à des grands plans avec des travellings, alors que je faisais des gros plans rapides. Il n’a pas compris. Après, je lui ai montré que je pouvais aussi faire des travellings, hein… Les cascades avec Belmondo, les mecs aujourd’hui ne comprendraient pas, je crois qu’ils ne savent pas vraiment cadrer l’acteur pendant la cascade. Une cascade d’emmerdes, oui…

La bande de Lautner, c’était vraiment des potes, avec le système D ou une légende ?

Oui, tous copains, on a dû faire une trentaine de films ensemble, avec comme seule règle « un film fait dans les délais et dans le budget » . On ne s’engageait que là-dessus, on se démerdait car on voulait faire un film derrière, c’est tout. Les Tontons Flingueurs, on savait que ce serait un film cher mais sans savoir si ça marcherait. On a enchaîné très vite ensuite avec Les pissenlits par la racine, mon premier film avec Mireille Darc, De Funès, Serrault. C’était un film qui coûtait beaucoup moins cher, comme ça, si les Tontons ne marchaient pas, on aurait quand même eu la réputation de pouvoir faire aussi des films bon marché… En fait, on n’a pas arrêté. Mes films sont peut-être restés car j’ai utilisé le gros plan, ce principe de télé qui fait que mes films se démodent peut-être moins que les décors ou la mise en scène… J’en suis persuadé. Mais ma culture, c’étaient les comédies musicales, les films de danse, les Westerns, Orson Welles aussi…

Et dans le cinéma d’aujourd’hui ?

Bien sûr qu’il faut aller voir ce qui se passe ailleurs, tout est possible, je ne suis pas bloqué là-dessus, mais il faut que l’image traduise vraiment une vision des choses, une vision du monde, sinon… Moi, j’ai fait beaucoup de pubs, donc je connais les clips. Peut-être que le clip devient la vision admise. Je reçois des scénarios de jeunes mais ils écrivent tout comme un clip. J’ai reçu un scénario où le dialogue au début est super et ensuite, je n’ai rien compris. J’ai du mal en les lisant, impossible d’imaginer quoi que ce soit… Peut-être que ce sera ça, demain, mais je ne vois vraiment pas où ça peut bien aller. Le temps pris pour écrire est capital car c’est de quoi on part, quitte à tout changer. Idem pour le montage, on y consacre de moins en moins de temps et c’est une connerie sans nom…

Propos recueillis par Brieux Férot

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