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Lautaro Martinez, taureau ailé
Petit, trapu, puissant, Lautaro Martinez a des airs de bison énervé, qui ont valu à certains observateurs argentins de l'étiqueter comme le nouveau Carlos Tévez. Mais, derrière les labels, celui qui devrait encore suppléer Mauro Icardi à la pointe de l'attaque de l'Inter face au Rapid Vienne ce jeudi ressemble surtout à un drôle d'oiseau, qui cultive un style qui n'appartient qu'à lui.
Sa probable présence à la pointe de l’attaque de l’Inter ce jeudi aura des faux airs d’heureux accident de parcours. Débarqué du Racing Club pour l’Inter cet été moyennant 25 millions d’euros, Lautaro Martínez devait endosser le costard de remplaçant attitré de Mauro Icardi et grappiller en silence les miettes que le numéro neuf nerazzurro était disposé à lui laisser. Sauf que Maurito s’est une fois de plus engueulé avec sa direction et s’est peut-être condamné à passer le restant de la saison sur le banc. De quoi se demander si l’heure de Lautaro Martinez n’est pas déjà venue.
The man of the hour
La question peut sembler prématurée, mais l’Argentin a signé des débuts du genre appétissants sous les couleurs lombardes. Souvent assigné à un rôle de remplaçant de luxe, il a planté à 7 reprises en 22 matchs toutes compétitions confondues, en ayant disputé un total de 900 minutes de jeu. Soit un ratio pas dégueulasse d’une banderille toutes les 128 minutes. Surtout, le nouveau numéro 10 interista a fait des siennes dans les moments qui comptent : face au Napoli fin décembre dernier, c’est lui qui délivrait l’Inter à la 91e minute, peu après être entré en jeu. Scénario identique contre Parme le neuf janvier, où il délivrait les siens à la 79e minute, deux minutes après avoir fait ses premières foulées sur le pré (0-1). Dernièrement, alors que l’Inter doit composer avec le mélodrame Icardi, il signait deux copies exemplaires face au Rapid Vienne en C3 – où il marquait le seul but de la rencontre, sur penalty – et face à la Sampdoria en Serie A le week-end dernier.
El Lautoro Martinez
Alors, Lautaro Martinez en a-t-il déjà suffisamment dans le bide pour saisir sa chance à l’Inter ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que l’attaquant est un drôle de zozo, qui fait déjà beaucoup parler de lui en Argentine. En plantant 22 buts en 48 matchs à 20 ans sous les couleurs du Racing Club, le gamin s’est attiré les louanges de nombreux observateurs. Et notamment de Carlos Tévez, qui ne trouve pas inapproprié qu’on le compare avec le néo Interista : « Il a faim, il est impitoyable et techniquement doué. Il me rappelle moi, il y a quelques années. Parmi les jeunes attaquants argentins, c’ est le meilleur et il peut encore s’améliorer. » De fait, comme Tévez, Lautaro est court sur pattes (1 mètre 74), rapide, musculeux et n’est pas franchement emmerdé avec le ballon. Un style brut de décoffrage, qui lui vaut parfois le surnom de « Lautoro » ou plus basiquement d’El Toro, dans sa patrie d’origine. Ce qui ne l’empêche pas de dégager ses propres spécificités. Ce natif de Bahía Blanca, une ville de la province de Buenos Aires, a par exemple d’abord construit sa combativité en effectuant une partie de sa formation au poste de défenseur central, avant d’être repositionné en pointe. Car Lautaro aime la baston : « Je donnais des coups. J’étais rapide au duel. Même si je ne parvenais pas à toucher le ballon, j’arrivais à avoir l’attaquant. »
Air Martinez
Un cursus de stoppeur, qui a aussi permis à Martinez de développer une qualité surprenante pour un joueur de sa taille : le jeu aérien. Adroit de la tête, l’Argentin peut aussi s’appuyer sur une détente verticale efficace, qui lui permet d’aller au mastic dans les airs. Un atout qu’il a aussi pu travailler en pratiquant assidûment l’autre sport de sa vie : le basket. Il faut dire que Bahia Blanca, la ville de naissance de Lautaro, est traditionnellement la capitale du basket argentin. « Ça doit être la seule ville du pays où le basket a plus d’importance que le foot. C’est une ville de 350 000 habitants qui possède 21 clubs, avec près de 4 000 garçons jouant chaque week-end » , détaillait récemment Leandro, le frère de la superstar argentine Manu Ginóbili, lui aussi originaire de Bahia Blanca. « J’ai beaucoup joué au basket jusqu’à mes 15 ans, mais après j’ai dû choisir et j’ai décidé de jouer au football, déroule Lautaro. Mais si je n’avais pas été footballeur, je jouerais au basket, j’adore ça. Je préfère nettement regarder un match de basket à un match de football. »
Dernière dimension plutôt atypique du jeu de Lautaro, sa capacité à bonifier le peu de ballons qui atterrissent entre ses pieds. À l’aise dans le jeu en déviation et en une touche, il peut parfaitement s’accommoder de toucher assez peu le cuir, pour user les défenses en utilisant sa mobilité et ses qualités de déplacement. Avec le Racing la saison dernière, l’attaquant n’effectuait qu’environ 17 passes par rencontre. Soit beaucoup moins que son ex-coéquipier et partenaire d’attaque Lisandro López, qui revendiquait une moyenne proche de 31 transmissions par match. Lautaro entretient en revanche un rapport privilégié avec la cage : la saison dernière, personne n’a tenté plus de tirs que lui en Superliga (64), ni réussi à cadrer autant (35). Un cocktail séduisant de qualités, que le joueur va devoir faire pétiller comme jamais du côté de Milan. Histoire de montrer qu’il est appelé à devenir bien plus qu’une alternative de circonstance à Mauro Icardi, dont le futur s’écrira peut-être loin de la Lombardie, dès l’été prochain.
Par Adrien Candau
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