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Laurent Pionnier : « Montpellier est le club que j’aime »

Propos recueillis par Flavien Bories
Laurent Pionnier : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Montpellier est le club que j’aime<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Laurent Pionnier est arrivé à Montpellier à l’âge de 15 ans, il en a aujourd’hui 35. Cadre du vestiaire, le gardien était l'un des plus touchés par l'hommage à Loulou Nicollin, samedi, face à Caen. Entretien à coeur ouvert.

Salut Laurent. Comment se sont passées tes vacances ?Je les ai passées en famille car je n’ai pas eu trop le temps d’en profiter. Chaque année ma femme essaie de prendre quelques semaines pour qu’on puisse partir en vacances. Ma femme et mes enfants c’est la base, je suis très proche d’eux. Quand tu aspires à devenir sportif professionnel, tu parts souvent très tôt de chez toi, tu t’éloignes du cocon familial. J’essaie peut-être de combler ce qui m’a manqué.

Tu es aussi très proche des supporters.On partage beaucoup et j’aime ça. On tire tous dans le même sens. Ils vivent pour le club, n’ont pas la chance comme nous d’être sur le terrain mais ont toute leur part dans les exploits qu’on a accomplis et qu’on accomplira encore.

On peut parler d’amitié, de fraternité entre vous ?Quand tu es dans un club, que tu restes trois, quatre ans c’est difficile d’avoir ce genre de relations. J’ai la chance d’y être depuis un peu plus longtemps que ça. Certains je les connais depuis tout petit, il y a une amitié très forte. Il y en a que je connais personnellement, parce que ça va faire 20 ans en septembre que je suis au club. J’ai eu le temps d’apprendre à connaitre les gens, leur vie. Je suis quelqu’un qui s’intéresse aux autres. Forcément des liens se créent.


Tu es arrivé en 1997 à Montpellier, un bail.

« J’aimais l’engouement qu’il suscitait, le fait que le président soit au courant de ce qu’il se passait au centre de formation. Je ne pense pas que ce soit le cas dans beaucoup de clubs. »

J’étais international chez les jeunes avec l’Olympique d’Ales. Le club venait de tomber deux années de suite, de D2 à National et coulait doucement. Vu mon statut, des clubs se sont penchés sur mon cas. J’ai visité le centre de formation de Lens, le jour où malheureusement Lady Di est décédée. Mais le directeur de celui de Montpellier m’a contacté. Il voulait que je les rejoigne. C’était particulier parce que ça ne venait pas de l’entraineur. J’avais un peu peur. Mais je n’étais pas très loin de Montpellier, une ville que je connaissais déjà un peu et j’ai choisi de rester proche de la famille. Même en étant très jeune, je me suis toute suite retrouvé dans ce club et ses valeurs. J’aimais l’engouement qu’il suscitait, le fait que le président soit au courant de ce qu’il se passait au centre de formation. Je ne pense pas que ce soit le cas dans beaucoup de clubs. Tu faisais une connerie même aussi petite soit-elle il était au courant. Et si tu le croisais, il t’en touchait un mot (rires).

Suite à son décès, tu as écrit avoir perdu plus qu’un président.Le président était proche des joueurs, quand quelque chose allait ou n’allait pas, les anciens, les leaders allaient lui parler. Au fil des années, se nouent des liens qui dépassent le cadre professionnel. Je suis arrivé au club à 15 ans. Il connaissait mes parents, mes enfants… c’est pour ça que j’ai perdu plus qu’un président. J’ai bossé pour lui, je me suis marié ici, chez lui, j’ai baptisé mes enfants chez lui. J’ai pu travailler, gagner un peu d’argent, construire un projet familial. Tu sais à qui tu le dois.

Tu es un garant de l’esprit pailladin.

« Quand une équipe vient jouer à la Paillade, elle doit tomber sur une équipe hargneuse, solidaire, difficile à manœuvrer, sanguine, qui a du répondant. »

J’espère l’être (rires). Quand ça fait longtemps que tu es là tu sais ce que le club représente… que tu sais ce qui a été fait, ce qu’il reste à faire, ce que les gens aiment voir en leur équipe… quand une équipe vient jouer à la Paillade, elle doit se dire que « ça va être compliqué » . Elle doit tomber sur une équipe hargneuse, solidaire, difficile à manœuvrer, sanguine, qui a du répondant. On est un club formateur. On a des jeunes au fort potentiel mais qui ne sont pas encore totalement formés. Lorsqu’ils arrivent à maturité, ils sont souvent déjà partis mais c’est le modèle économique qui veut ça. Si on manque parfois de qualités, on ne doit pas manquer d’investissement. C’est quelque chose sur lequel on insiste souvent.

Cet esprit se matérialise-t-il en dehors du terrain ?Oui, c’est un état d’esprit global. C’est donner pas mal de temps aux associations, à des gens qui en ont besoin. On essaie d’être exemplaire, c’est que le Président voulait et c’est ce que son fils Laurent continue de préserver.

Pourquoi avoir prolongé à Montpellier ?Parce qu’on me l’a proposé et parce que c’est mon club. J’ai encore beaucoup de chose à faire ici. Si j’ai une fierté dans le football, c’est d’être resté fidèle à mon club. Je ne dis pas que je ne partirai pas un jour mais je suis content de poursuivre sur ma lancée.

Qu’est-ce que tu as encore à accomplir ici ?Même si j’ai fait pas mal de choses avec mon club ces dernières saisons, une nouvelle se profile et il va falloir atteindre nos objectifs, c’est important. Il y a beaucoup d’argent en jeu pour toute une ville, tout un peu peuple, pour les salariés du club. C’est important pour nous de terminer le plus haut possible. Ces deux dernières saisons étaient moyennes et il a fallu que je m’emploie à titre personnel. C’est pour ça que c’était une fierté pour moi de jouer même si le club a décidé de faire venir Benji (Benjamin Lecomte, ndlr). Il faut bien l’accueillir et espérer faire la meilleure saison possible. Je le connaissais déjà et je m’entends très bien avec lui. Je souhaite que ça dure longtemps. S’il doit jouer plus que moi, ce qui est programmé, je vais faire aussi en sorte de bien me préparer pour qu’il soit performant au quotidien. C’est le principe d’une concurrence saine.


Ton rôle au sein du vestiaire ?Quand tu es là depuis longtemps, un cadre du vestiaire, il y a plein de détails à régler par rapport aux demandes de l’entraîneur, pour faire passer ses messages sur un plan tactique ou concernant le projet de jeu qu’il souhaite mettre en place.

« Si un joueur a besoin de quoi que ce soit, j’essaie de lui trouver le numéro de téléphone utile, l’aider ce que tout se passe bien. »

C’est pas mal de réglages à faire en interne. C’est aussi savoir remettre dans le droit chemin celui qui s’égare. Ce n’est pas agréable mais il faut le faire. Et puis il y a tout ce qui est extra sportif. J’aime bien que tous les joueurs soient bien chez eux, bien dans leur tête. Je sais pertinemment que ça à un impact sur le terrain. Si un joueur a besoin de quoi que ce soit, j’essaie de lui trouver le numéro de téléphone utile, l’aider ce que tout se passe bien. Et puis ils se tournent naturellement vers moi parce que ça fait longtemps que je suis là, je connais un peu de monde et ils pensent sûrement que je suis le mieux placé pour les aider. Je le fait avec beaucoup de plaisir. Les choses désagréables je les fais pour le bien de l’équipe et du club, nullement par intérêt personnel car je n’en tire aucun bénéfice. C’est le club que j’aime, que beaucoup de gens aiment, un club dans lequel le président aujourd’hui décédé a mis énormément d’argent pour le faire grandir et le faire arriver là où il est. Cela a pris énormément temps à construire et ça peut tomber rapidement donc il faut être vigilant. Chacun veille à sa façon et à son niveau.

Tu débutes en pro lors de la saison 2002-2003.C’était assez compliqué. J’étais en fin de contrat espoir, c’était une année charnière. Je ne savais pas si j’allais passer professionnel. C’est toujours compliqué pour un joueur de gérer ce genre de situation. L’équipe n’allait pas bien du tout, on n’était pas bien classé. Il a fallu que je rentre dans l’arène. Il fallait mettre l’âge, l’inexpérience de côté et prendre ses responsabilités pour aider l’équipe. Mais c’était une vraie fierté pour moi de jouer pour cette équipe. Mes premiers matchs ont été bons. Ça s’est enchainé assez rapidement et j’ai pu signer pro derrière. Si on arrivait à se sauver, le président a dit qu’il monterait à Lourdes à vélo pour faire une prière, ce qu’ils ont fait à la fin de l’année. Bon, lui n’était pas à vélo mais il les a suivis (rires). Ce sont des choses qui marquent et puis ça a été le lancement de ma carrière.

Tes trois meilleurs moments à Montpellier ?C’est compliqué parce que toute ma carrière fut un bon moment. J’ai eu des déceptions sportives mais pour moi cette fidélité reste une fierté. Après forcément, il y a le titre de champion. C’est quand même important d’obtenir le graal avec un club formateur pas programmé pour être champion. Le sourire sur le visage du président… sur celui de son fils Laurent qui gère le club depuis quelques années déjà… être champion avec notre modeste équipe de copains, c’était énorme. Sinon, à mes débuts, lorsque je n’étais pas encore en pro et qu’on était relégable, on m’a dit que j’allais jouer au Parc. On a gagné 3-1.

Quand ce coup de foudre avec le club est-il survenu ? De suite. J’ai senti des gens investis dans leur mission, le rayonnement du Président sur les jeunes du centre de formation… tu te dois de lui faire plaisir.

« Peut-être que je n’ai pas gagné l’argent que j’aurais pu gagner mais ce n’était pas ma volonté première. Je voulais faire ma carrière sans tricher en restant fidèle à mes valeurs. Mais si je suis resté aussi longtemps c’est que les dirigeants me l’ont permis. »

Et puis, il avait toujours le mot pour te récompenser. Attention, je tiens à préciser que tout ça, c’est ma vision des choses. Je respecte les joueurs qui veulent faire pleins de clubs et même ceux qui font un choix financier. Peut-être que je n’ai pas gagné l’argent que j’aurais pu gagner mais ce n’était pas ma volonté première. Je voulais faire ma carrière sans tricher en restant fidèle à mes valeurs. Mais si je suis resté aussi longtemps c’est que les dirigeants me l’ont permis. Je voulais aussi les remercier pour ça. Mais tu sais, si je n’avais pas été professionnel, j’aurais peut-être fait carrière dans une même société. J’ai chance de connaitre du monde sur Montpellier, notamment des chefs d’entreprise avec qui j’aime bien parler. Et il y a plein de similitudes entre le monde de l’entreprise et le sport. On a des objectifs à atteindre. Je suis très attaché à la famille et au travail et c’est ce que j’essaie de transmettre à mes enfants. J’espère que mon parcours dans ce club durera encore un bon bout de temps. Je suis honnête avec ce que je suis, ce que je fais. Je ne fais pas tout bien mais je donne mon maximum au quotidien.

La saison dernière, les supporters ont sorti une banderole en ton honneur.C’est la reconnaissance de ce que tu es, ce que tu fais, même si je ne suis jamais resté à Montpellier pour que les supporters me fassent une banderole. C’est un des plus grands moments que j’ai vécu au club. Quand tu es à l’échauffement et que tu vois une banderole comme ça, tu te dis que ce que tu fais est jugé à sa juste valeur. J’ai un profond respect pour ces gens-là et ce n’est pas pour leur passer de la pommade. Le club ce n’est pas que son équipe première. Les supporters font partie intégrante du club. Ils investissent beaucoup pour pouvoir voir leur équipe. C’est quand même remarquable et louable.

De quoi es-tu le plus fier ?De ma famille et sportivement, de ma fidélité envers mon club et la famille Nicollin.

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Propos recueillis par Flavien Bories

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