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Laurent Nicollin : « Tu ne réussis pas comme Aulas si tu n’es pas brillant »
Actuel président de Montpellier, Laurent Nicollin gardera un très bon souvenir de Jean-Michel Aulas, qui a quitté la tête de l'Olympique lyonnais.
Que va-t-on retenir du mandat de Jean-Michel Aulas à la tête de l’OL ? On retiendra de lui qu’il est l’un des plus grands présidents d’un club français, si ce n’est le, des 30 dernières années. On retiendra les titres, les succès, que ce soit avec les garçons ou les filles. Et puis on retiendra le personnage, l’homme qu’il était. Toujours prêt à défendre son club, même si parfois c’était teinté de mauvaise foi. Même quand tu ne voyais rien, avec lui, il y avait toujours quelque chose pour Lyon à la fin. (Rires.)
Un personnage ? C’est-à-dire ? Il a toujours mis en avant l’OL. Dans n’importe quelles conditions, dans n’importe quel contexte. Quand tu as quelqu’un comme ça à la tête d’un club, ça ne peut que marcher. Mais lui a aussi fait les bons choix qui ont permis au club d’entrer dans la cour des grands. Que ce soit dans la construction, dans l’organisation, sur le terrain, loin des terrains… C’est tout à son honneur. Faut le voir pour le comprendre. Ce dimanche quand tu arrives à Lyon, tu te rends compte de l’outil qu’ils ont à disposition. C’est quand même un stade taillé pour les plus grands clubs au monde. Et puis après, j’aurai toujours un œil particulier sur ce monsieur. Mon père était un grand supporter lyonnais (Louis Nicollin a passé toute sa jeunesse à Lyon et a souvent pris place dans les tribunes de Gerland pour supporter son club de cœur, NDLR) et c’était un ami de mon père, alors on a toujours eu une approche particulière avec le président de l’OL.
Il y a eu des disputes ? Des malentendus ?
Jamais. C’est quelqu’un de très respectueux. Évidemment, ça a déjà chauffé sur les bancs entre le staff et les joueurs, mais bon, jamais en dehors. Enfin, si ! (Rires.) Mon père l’avait eu très mal quand Aulas avait décidé de reconstruire son équipe féminine et était parti chercher nos quatre internationales et meilleurs joueuses du club de l’époque : Camille Abily, Sonia Bompastor, Hoda Lattaf et Laure Lepailleur. Je peux vous dire que mon père a tiré la tronche longtemps et n’avait pas très apprécié, mais force est de constater qu’Aulas a eu raison, puisqu’il a remporté de nombreux titres derrière. Au bout de trois saisons, il avait déjà fait de cette équipe la championne de D1. Mais bon, il a toujours eu un bon rapport avec nous. Quelques années plus tard, je l’avais appelé pour m’attacher les services de Jordan Ferri, et il me l’avait fait à un prix bas parce que c’était moi.
Au-delà de vos bons rapports, pourquoi il est l’un des plus grands dirigeants de l’histoire du football français ?
Le mec est quand même extrêmement intelligent. Il a réussi dans le football, mais aussi dans les affaires. Avec toute la pression et les attentes que ça représente. Tu ne réussis pas des deux côtés si tu n’es pas brillant. Lui l’était. Oh ça me fait chier de dire ça, on dirait qu’il est décédé. (Rires.) Pour le petit clin d’œil, il avait pris la tête de l’OL après une défaite face à nous dans un match couperet pour la montée en 1987. Et pour la symbolique, il tire sa révérence avec une sublime victoire contre nous ce week-end. Ça va faire bizarre de ne plus le voir quand on se déplacera ou quand Lyon viendra. On avait l’habitude de se voir pour boire un coup, manger, s’offrir des cadeaux, bref passer des bons moments. Je ne sais pas qui je vais recevoir maintenant. J’en garderai de très bons souvenirs.
Propos recueillis par MD