Il y avait une ambiance de match de foot sur le court n°7 pour ton match du 1er tour. Le public de Roland-Garros n’était pas choqué ?
Au contraire ! Ils étaient surpris, mais agréablement. C’était comme à Furiani, à encourager son joueur du début à la fin. J’ai adoré. J’avais fait un pari, c’était de réunir toute la Corse derrière moi et j’ai réussi. Je me suis vraiment épanoui pendant ce Roland-Garros et j’ai vu à quel point les Corses étaient présents et se soucient vraiment de mon bonheur. On a gagné ensemble, on a perdu ensemble, on s’est battus comme des lions, tous ensemble. J’ai adoré les avoir à mes côtés, ça m’a transcendé. Puis j’en ai entendu des belles. Quand j’ai fait un ace, j’ai entendu : « Va coucher ! » Mais c’était bon enfant. Tout le monde a trouvé ça magnifique.
Ton père, Dominique, ex-footballeur professionnel, t’a aidé à te préparer à ce genre de pression ?
On ne parle pas trop tennis. Il me donne parfois des petits conseils du haut niveau, car ce n’est pas toujours évident de savoir tout gérer. Mais ils m’ont appris avec ma mère à garder la tête sur les épaules. Pour le stress, le reste, je vois ça avec mon entraîneur, Thierry Tulasne, dont je suis très proche. Quand j’ai des angoisses, je vois avec lui.
Ton père a joué au PSG, Auxerre, Nancy et Reims. Tu n’as jamais été tenté de supporter un de ces clubs ?
Ah non pour moi, il n’y a jamais eu qu’un seul club, c’est le Sporting. Je vais à Furiani avec mon père depuis que je suis petit, je suis toujours à fond derrière eux.
Tu n’as jamais voulu jouer au foot du coup ?
J’ai fait les deux pendant un moment, jusqu’à mes neuf ans, à l’AS Costa Verde. J’étais polyvalent, j’ai débuté défenseur parce que j’étais costaud. Et plus j’avançais sur le terrain, plus je me débrouillais ballon au pied. J’avais un bon pied gauche. Je suis droitier au tennis, mais gaucher au foot et j’ai fini milieu offensif, puis en attaque. Je voulais être professionnel dans l’un des deux. J’ai vu la Coupe du monde et je regardais Roland-Garros chaque année. Mais j’aimais plus le tennis. Et puis vu la comparaison avec mon père, j’ai choisi le tennis.
Le tennis a cette image de sport un peu policé. Toi, tu célèbres tes points comme des buts…
Surtout les fins de matchs, c’est vrai. J’aime mettre l’ambiance, j’aime mettre le feu. Je suis un passionné. Donc pour moi gagner un match, c’est encore plus que marquer un but, c’est quelque chose d’énorme. Une pression qui retombe.
On a vu beaucoup de drapeaux du Sporting en tribunes quand tu joues. Tu pourrais porter un maillot bleu.
Je suis vraiment, vraiment à fond derrière le Sporting, j’aime le Sporting de tout mon cœur. Mais j’ai vraiment cherché à réunir tous les Corses. Que ce soient les Ajacciens, ceux de Porto-Vecchio, ceux de Calvi, les gens de Corte. Pour moi, c’était être unis sous la même bannière. Je suis corse et j’en suis fier. J’ai des amis qui viennent d’Ajaccio et le plus important, c’est de représenter toute l’île.
Étant le premier métisse à porter haut les couleurs de la Corse, tu penses que tu peux faire évoluer les mentalités ?
Il y aura toujours des gens qui ne me considèrent pas comme corse. Mais je suis né là-bas, j’ai grandi là-bas. Mes parents ont toujours été soucieux d’inculquer la culture corse à leurs enfants. Je l’ai dans mon sang, dans mon cœur et j’essaie de la porter au plus haut dans toutes les circonstances, dans n’importe quel endroit. Peut-être que ces gens pourront changer d’avis à mon sujet. Mais la plupart savent que j’ai les mêmes valeurs. On me dit souvent que beaucoup ont le nom, mais pas les agissements du Corse. La générosité, les valeurs de guerrier, j’essaie de véhiculer ça.
Quand il jouait à Bastia, Chaouki Ben Saada disait : « Quand je marque je suis corse, quand je frappe à côté je suis arabe. » Tu comprends ce qu’il voulait dire ?
Oui, je comprends un peu. Ensuite, je ne suis pas là pour faire de la politique. On ne peut pas changer tout le monde. Mais je ferai toujours tout mon possible pour ramener un maximum de Corses derrière moi. C’est autant mon pays que le leur, et je ferai toujours tout pour les défendre. Je me considère comme un porte-drapeau au niveau du tennis et j’essaie d’apporter tout le bonheur possible à la Corse. J’ai à cœur de redorer l’image de l’île.
À ce sujet, tu penses quoi de la nomination de Claude Makelele à la tête du Sporting ?
Je pense qu’il peut faire de belles choses. Il a eu une grosse carrière, il a été adjoint d’un club double champion de France. Je pense qu’il peut apporter. Avant de critiquer, il faut voir comment ça se passe.
Tu aurais préféré que Frédéric Hantz reste ?
Ce qu’il a fait pour le Sporting est énorme. Les deux titres, les deux montées. Certains voulaient qu’il s’en aille, d’autres non. Moi, je l’aimais beaucoup, mais c’est comme ça, c’est la vie. Mais l’avoir une saison en plus sur le banc m’aurait plu.
Tu as un modèle de sportif corse ?
J’aime beaucoup François-Joseph Modesto. Déjà quand j’étais petit, je me souviens de lui quand il jouait à Monaco. J’ai regardé ses interviews, j’aime sa façon d’être. Et puis il a eu ce souhait de revenir chez lui. J’aime sa mentalité. Ensuite cette année, il y a eu Sébastien Squillaci, qui fait une super saison. Mais quand j’étais petit, celui qui me faisait vibrer, c’était Pierre-Yves André !
Et dans le reste du monde football, tu aimes qui et quoi ? Tu as vu la finale de la Ligue des champions ?
Oui ! J’aime le Real, donc j’étais content. Rien que pour Cristiano Ronaldo qui est extraordinaire. Mais depuis quelques saisons, mon joueur préféré, c’est Robert Lewandowski, je le trouve fantastique.
Tu supporteras qui à la Coupe du monde ?
Bon, c’est vrai que lors du match contre l’Ukraine, j’étais content que la France passe. Une Coupe du monde sans la France, ça le fait pas. Mais s’ils perdent, je n’en fais pas une maladie. Alors que quand le Sporting perd, ça me fait chier.
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