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Laurent Blanc, stop ou encore ?

Charles Alf Lafon et Antoine Mestres
Laurent Blanc, stop ou encore ?

Bien que quasi assuré du titre de champion, le Cévenol pourrait bien ne pas être prolongé en cas de défaite ce soir. Une situation précaire qui amène à s’interroger sur le vrai niveau de l’ancien sélectionneur tricolore.

Pourquoi Laurent Blanc doit rester

La vie est une affaire de peu de choses. De minutes, de centimètres, de protège-tibias. De défaites. Si on connaissait Quinn Mallory, on pourrait voir dans un monde parallèle que le PSG est qualifié en demi-finales de la LdC après avoir tenu le 1-0 à Stamford Bridge et a arraché une timide victoire face aux Lyonnais dimanche dernier grâce à un pénalty de Cavani. Seulement, parfois, tout va de travers, Paris découvre la crise d’avril, son coach est montré du doigt, son avenir remis en question. Du calme. À trop vouloir trop vite, les dirigeants qataris ont déjà fait fuir Carlo Ancelotti, pourtant pas le dernier des peintres, parti chercher la tranquillité du côté de Madrid ; un comble. Et après s’être pris râteau sur râteau, ils ont dû se rabattre sur un type sans classe, tout en costume mal coupé, en touillettes, en mouche. Mais pas sans talent. Un homme qui a fait d’un Bordeaux 6e en 2006-2007 un dauphin l’année suivante, puis un champion de France. Un homme qui nous a fait aimer Yoann Gourcuff, et qui nous a fait croire que c’était lui la réponse. Un homme qui a marché sur l’Europe à l’hiver 2010, sortant premier d’un groupe comportant la Juventus et le Bayern sans perdre un match. Avec une charnière Planus-Ciani, ce qui n’est pas une mince affaire. Bordeaux et Blanc tombèrent ensuite bien bas, mais il ne faut pas négliger la responsabilité de la FFF dans l’histoire.

Son mandat à la tête de l’équipe de France ne fut pas non plus l’échec qu’on veut nous vendre. Avec près de 60% de victoires, il fait mieux que bien de ses prédécesseurs et que son successeur. Il n’y a pas de honte à tomber contre l’Espagne tenante du titre en quart de l’Euro. Même avec deux arrières droits titulaires. Un choix tactique que nombre de ses détracteurs ont ressorti après l’élimination face à Chelsea, avec ce remplacement Lucas/Marquinhos, pour arguer du fait que Blanc était un tacticien frileux. Mais non. C’est de la simple logique. Et Mourinho n’est pas un génie pour avoir fini avec trois attaquants alors qu’il devait marquer absolument un but. Ancelotti, encore lui, a bien sorti Isco et Di María pour Illarramendi et Casemiro, deux récupérateurs, après le but de Bale en finale de Copa del Rey. Et si Blanc avait eu un 6 à faire entrer, nul doute qu’il l’aurait fait, sauf que Rabiot, aussi talentueux fut-il, n’offre aucune garantie à ce niveau de compétition. Blanc fait tout simplement avec ce qu’il a, et très bien même. Son PSG offre un jeu bien plus attrayant que ses précédentes itérations et peut encore battre quelques records en Ligue 1. Le Français ne fait rêver personne, mais c’est un mariage de raison avec Paris, cet ancien laideron et nouvelle belle qui ne sait pas encore ce qu’il lui faut. Tout simplement un mec gentil, attentionné et aimant, qui ne risque pas de s’envoler aux premiers battements de cils dans la rue, qui saura faire des efforts pour continuer à lui plaire. Pas repartir avec un quatrième type en quatre ans. Ce qu’il faut, c’est de la stabilité. Pour grandir ensemble. Pour rêver plus grand.
(CAL)

Pourquoi Laurent Blanc doit partir

Laurent Blanc arrive au PSG un après-midi de juin 2013 sans parler de football. Là n’est pas la question. Il doit rassurer les supporters parisiens : Jean-Louis Gasset sera bien son adjoint et l’objectif sera de « trouver un équilibre entre bien jouer et gagner » . Pas plus, pas moins. Le temps passe, le PSG gagne des matchs, domine outrageusement la Ligue 1 avec des équipes types, des équipes bis, des équipes mixtes, balaye son groupe de Ligue des champions et Laurent Blanc prend de l’épaisseur. De l’assurance, aussi. La possession de balle, la gestion du groupe, la cohérence de l’ensemble et une communication maîtrisée musclent un bilan comptable déjà costaud. La méthode appliquée est la même qu’en équipe de France : un fantasme de tiki-taka sans fondement ni culture. Une possession grossière fondée simplement sur la domination technique et physique de ses joueurs. Un mensonge, donc. Même si un ami assure le service après-vente tous les dimanches soir dans un talk-show, la vérité finit par éclater au grand jour. Lors du quart de finale de Ligue des champions 2013-2014 contre Chelsea.
Laurent Blanc aligne alors son onze type (à une ou deux variables près). En espérant que ça passe. Sauf que… La ficelle est trop grosse. Sans plan de rechange, sans plan B ou C, il est éliminé à la fin du match retour avec un score de 3-3. Sans génie, ni émotion (hormis un coup de génie exogène de Pastore). Sans essayer, sans inventer. Le PSG est sorti avec la terrible impression de ne pas savoir pourquoi. Sans question et donc sans réponse. Sans regrets véritables. Il a pourtant fait ce qu’il savait faire, ce qu’il a fait toute la saison. Ce qui a marché jusque-là. Ce n’est pas la première fois que Laurent Blanc échoue de cette manière : seul face à ses propres limites. Un soir de juin 2012 déjà, avec les Bleus contre le modèle espagnol, il avait aligné Mathieu Debuchy milieu droit et renoncé à deux ans d’annonces flatteuses (pour lui-même) en cédant devant ses propres peurs. Laurent Blanc avait touché alors le (son) plafond de verre pour la première fois. Ce 8 avril, à quelques dizaines de mètres, sur l’autre banc de touche, José Mourinho court, exulte et se réinvente. Une fois de plus. Un nul sur deux matchs et cinq mots de fausse modestie ( « Cela s’appelle avoir du cul » ) lui auront suffi pour humilier Laurent Blanc. Les grandes histoires se construisent en parlant de football.
(AM)

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