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Laurent Blanc, le déni
Après une victoire contre Toulouse fin septembre au Parc des Princes, Laurent Blanc s'en était pris aux petites équipes qui ferment le jeu. Une maladresse qui dit deux-trois choses sur le coach actuel du PSG.
Il y a des phrases qui ne trompent pas : « Certes, il y a eu des imperfections de notre côté, car la fatigue est toujours présente. Techniquement, on a mieux maîtrisé le match. Cette victoire est vraiment logique. Mais vous avez vu comment Toulouse a joué… Si, un jour, nous jouons comme ça, tout le monde va nous critiquer. (…) C’est ça, le problème. C’est malheureux de voir des équipes qui viennent au Parc et qui attendent de prendre le premier but pour se livrer… » Si les conférences de presse de Laurent Blanc sont avant tout des robinets d’eau tiède, l’homme peut encore dire des choses sans le vouloir. Ce samedi 28 septembre 2013, en s’offusquant que le PSG ne soit pas évalué comme le TFC et en se positionnant en victime d’équipes qui ne viennent que pour défendre au Parc des Princes, l’homme a rappelé bien malgré lui à ceux qui en doutaient encore le gouffre abyssal qui le sépare des grands coachs mondiaux.
Se montrer insatisfait
Lorsque Mourinho, Ancelotti ou Wenger se jouent, le sourire en coin, des médias en conférence de presse en maniant l’ironie avec l’aisance de ceux qui savent, Laurent Blanc, lui, s’assoit, pose les coudes sur la table, se braque et se défend. Se défend de ne pas être jugé comme les autres. Se défend de ne pas pouvoir faire mieux. La faute aux autres. À chaque fois. Or la réalité est tout autre : son équipe fait un début de saison quasi parfait et il le sait. Si on lui avait promis ce démarrage deux mois plus tôt, lorsque la liste des coachs ayant refusé le job lui était sans cesse rabâchée, il aurait signé des deux mains. L’insatisfaction dans ces conditions est donc un luxe. Un luxe que Laurent Blanc ne se refuse visiblement pas. Quitte à lâcher maladroitement des jugements de valeur beaucoup trop gros pour être vrais. Histoire de montrer qu’au PSG, il ne fait plus partie de ce petit monde qu’est la Ligue 1. Quitte à oublier avec une prétention mal cachée qu’il n’y a pas si longtemps, c’est avec un Bordeaux au profil costaud qu’il lançait sa carrière d’entraîneur.
Toi, la petite équipe
Vous imaginez-vous Pep Guardiola se plaindre d’un Osasuna ou d’un Fribourg un peu trop défensifs ? Les grandes équipes ne râlent pas lorsque les petites équipes n’ouvrent pas le jeu chez elles. Elles sont surtout rassurées sur leur propre condition : celle d’équipes qui font peur. Elles leur mettent alors 3-0 et l’affaire est réglée. Ce 28 septembre 2013, la cible des critiques était donc le TFC, 11e de Ligue 1, qui n’avait visiblement pas envie d’en prendre cinq et s’était refusé d’aborder le match comme s’il recevait Lorient au Stadium. Samedi, ce sera le SC Bastia qui, si l’on en croit Frédéric Hantz, ne viendra pas faire de folies au Parc : « Nous allons faire preuve de prudence en raison de la qualité de l’équipe parisienne. » Laurent Blanc pourra alors allègrement pester en conférence de presse. Oui, ce même Laurent Blanc qui, un certain 6 septembre 2010, au moment d’aller affronter avec l’équipe de France la Bosnie – et son terrifiant trident Džeko-Ibišević-Misimović – après une piteuse défaite au Stade de France contre la Biélorussie, résumait en ces quelques mots son ambition : « Je crois qu’il faudra d’abord bien défendre. »
Par Antoine Mestres