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Laurent Blanc, Hérault local
Le PSG n'a besoin que d'un point à Montpellier pour devenir champion de France pour la cinquième fois de son histoire, la troisième de suite. Champion à la Mosson, chez Loulou Nicollin, Laurent Blanc y verrait forcément un clin d'œil du destin. Après tout, c'est à Montpellier que le « Président » a découvert le football, c'est ici qu'il est devenu libéro, c'est ici qu'il a rencontré Jean-Louis Gasset qui est aujourd'hui son adjoint, c'est ici qu'il est devenu un homme, en fait.
« C’était important qu’il soit là. Un garçon comme Laurent Blanc, pour nous c’est un exemple, la statue du club. Il est là, simple, alors que maintenant il pourrait rouler des mécaniques. » Les mots sont de Louis Nicollin sur les ondes de RMC. C’était il y a moins d’un mois, à l’occasion des 40 ans du club de Montpellier. Une grande fête au cours de laquelle l’actuel entraîneur du PSG a reçu le prix du « meilleur joueur des 40 ans » . Laurent Blanc, c’est 84 buts en 273 matchs à Montpellier entre 1983 et 1991, année de son départ pour Naples pour 17,5 millions de francs (2,67 millions d’euros). En comptant ses années de formation, le « Président » aura passé onze années dans l’Hérault. Un club jeune à l’époque et déjà à part, car dirigé par Nicollin.
Blanc a 15 piges quand il est repéré par le MHSC. C’est Serge Delmas qui est le premier séduit par le gamin qui jouait alors à Alès. En janvier 1982, lors d’un match contre l’AS Saint-Martin au stade de la Rauze, Delmas tombe sous le charme d’un joueur qu’il va alors décrire comme « grand, maigre, appliqué et technique » . À l’époque, le père de Laurent Blanc envisage d’envoyer son garçon à l’essai à Monaco. Sur le Rocher, Blanc est recalé. Trop lent et un physique trop frêle. Montpellier ne va pas laisser passer l’occasion de signer le jeune Blanc que certains comparent physiquement à un « Marquis » . Au centre de formation, on découvre une tige tellement grande qu’elle donne une impression de lenteur. Quand il joue, Blanc n’est pas coordonné, mais le jeune milieu de terrain compense alors par une certaine intelligence tactique. À 15 piges, Blanc est déjà au-dessus. À Montpellier, il va apprendre à mettre son talent au service des autres et à mettre des coups. Mais surtout, à se faire respecter.
Apprendre à marcher sur les autres
Pour imposer le respect, Blanc a déjà un atout non négligeable, il sait très bien jouer au football. Il débarque dans le groupe professionnel à 17 ans, et Nicollin est déjà sidéré par son talent. « Je l’imaginais bien jongler dans une salle à manger sans casser d’assiettes » , balance à l’époque le président du club. Pourtant, dans les années 80, Montpellier n’est pas du genre à pratiquer un football chatoyant. Et pour cause : le club est en D2. En gros, pour réussir à cette époque, il fallait avoir des couilles, de la niaque et marcher sur les autres. Tout ce que Blanc ne savait pas vraiment faire à ses débuts. Pendant quatre ans, Blanc, Kader Ferhaoui et les frères Passi, ses potes de la génération Gambardella (finalistes 1984 et 1985) apprennent le métier en deuxième division avec des vieux briscards du club.
Il s’adapte à tout et développe ce qu’il a souvent appelé une « intelligence situationnelle » . En gros, peu importe l’environnement – hostile ou non – Blanc s’adapte. Pour accélérer sa mutation, le milieu de terrain va pouvoir compter sur la bienveillance d’un milieu défensif de 29 ans qui termine alors sa carrière à Montpellier. Ce mec, c’est Jean-Louis Gasset. De cette relation de chaperon va naître une réelle complicité qui va ensuite se poursuivre une fois Blanc entraîneur, que ce soit à Bordeaux, en équipe de France et au PSG. « Il m’a conseillé à mes débuts à Montpellier… Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il transpire la passion du foot. Je souhaite qu’il continue avec moi, à Bordeaux ou ailleurs. Louis n’est pas mon adjoint. C’est mon entraîneur » , disait d’ailleurs Blanc de Gasset dans les colonnes de L’Équipe en 2010.
Il aurait pu entraîner Montpellier en 2007
Montpellier, là où tout a commencé finalement. Comme son positionnement sur le terrain. Formé au poste de milieu de terrain, Blanc s’essaie – pour dépanner – une première fois en 1989 au poste de libero sous la houlette d’un certain Aimé Jacquet. Sans succès. En février 1990, Michel Mézy est alors rappelé d’urgence à la tête du club. Sa première décision : faire reculer Blanc en défense centrale aux côtés de Júlio César. Blanc ne veut pas en entendre parler. Ça ne l’intéresse pas. Et surtout pas à 25 ans. La veille d’un match, Mézy passe la nuit dans la chambre d’hôtel de l’actuel entraîneur du PSG. L’idée est de le convaincre de jouer défenseur. Avant de partir se coucher, Blanc n’en démord pas. C’est non. Mézy lui aurait alors lancé : « Alors, tu ne joues pas. » Comme on dit souvent, la nuit porte conseil. Le lendemain, Blanc accepte finalement de se sacrifier. Il ne bougera plus jamais de ce poste. Que ce soit à Montpellier, Naples, Nîmes, Auxerre, Barcelone, Marseille, l’Inter ou Manchester United. C’est à ce poste qu’il va devenir champion du monde et d’Europe avec les Bleus. C’est à ce poste qu’il va devenir une référence d’élégance, de placement et d’efficacité. Finalement, c’est Nicollin qui avait raison lorsqu’il parle de Blanc en 2013 : « Il doit tout à Montpellier. » Vrai. Et dire qu’en 2007, l’homme a refusé d’en devenir l’entraîneur, lui préférant l’option bordelaise. On connaît la suite.
Par Mathieu Faure