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Laurent Blanc est-il toujours bordelais dans son jeu ?
En trois ans sur les bords de la Gironde (2007-2010), Laurent Blanc n’a pas fait que ramener des titres à Bordeaux, il a aussi envoyé du jeu. C’était beau, spectaculaire et osé. Certes, la fin de l’histoire est moche, mais il faut savoir se souvenir des belles choses. Trois mois après son arrivée dans la capitale, Blanc le Bordelais a-t-il réussi son acclimatation parisienne ?
11 janvier 2009. Si on ne doit retenir qu’une seule date du règne de Laurent Blanc aux Girondins de Bordeaux, c’est la bonne. Ce soir-là, devant les caméras de Canal +, son Bordeaux s’amuse du Paris Saint-Germain (4-0). Une patate dans la tronche. On frôle même la perfection girondine. En témoigne ce but OVNI claqué par Yoann Gourcuff au cœur de la seconde mi-temps. L’ancien gendre préféré des ménagères de moins de 50 ans marche sur la gueule de toute la défense parisienne, et notamment sur celle de Sammy Traoré. C’est beau, putain ! Tout y est. On pose son cul sur le canapé, on sort les bières et on kiffe. Le Bordeaux de Blanc, c’était ça. Un système fluide et travaillé, sur et en dehors du terrain. Un mec qui a toujours clamé se toucher devant le jeu espagnol, et notamment du FC Barcelone, ne pouvait pas faire autrement qu’envoyer du mouvement une fois une équipe de football en main.
Centrez, centrez, centrez !
On l’avait souligné lors de sa signature au PSG, Blanc, c’est avant tout une promesse de jeu. Une promesse que l’on avait vu poindre à Bordeaux. Une promesse basée sur la possession de balle, un jeu très porté vers l’avant et une utilisation optimale des coups de pied arrêtés. Hasard ou non, on a déjà retrouvé cette patte du côté de la capitale. En quatre matchs, les Parisiens ont déjà confisqué la gonfle à leurs adversaires (66% de possession de balle en moyenne, plus de 3000 ballons joués, personne n’a fait mieux en Ligue 1). Mieux, les hommes du Président centrent comme des porcs (132 centres dans le jeu) et enquillent les coups de pied arrêtés à ne plus savoir qu’en faire. On se souvient d’ailleurs de ses propos sur ce compartiment lors de son passage aux Girondins : « Ils ont une grande importance dans le football moderne. »
Quand on revisionne la vidéo du match contre Guingamp, les Franciliens ont été dangereux sur la moitié d’entre eux. C’est énorme. Naturellement, le but de Rabiot se situe à la suite d’un coup franc. CQFD. Comme à Bordeaux, Blanc fait peut tourner son effectif pour le moment. Cela étant dit, le Président a surtout envie d’assurer les fondations de sa baraque avant de mettre des rideaux un peu loufoques. On le comprend. Dans son fonctionnement au quotidien, on retrouve également l’homme à la touillette de Bordeaux. Jean-Louis Gasset, son adjoint, et surtout Claude Makelele assurent l’animation des séances quotidiennes. Blanc, lui, est plus dans le management à l’anglaise. Il observe, dialogue, conseille et tranche. Pour le moment, le trio arrive à suivre le tempo. Maké connaît bien la maison et le groupe. Gasset a une grosse voix de poissonnier et une passion communicative. Blanc s’appuie sur eux. Mais sur le pré, le jeu flamboyant que le Président avait promis peine à arriver.
Des latéraux dans le dur
La faute aux adversaires, déjà. Contre Ajaccio et Guingamp, les Parisiens ont joué face à deux murs. Et comme les mecs prennent leur temps pour écarter le jeu (pléonasme), chaque attaque francilienne vient s’écraser dans l’entonnoir axial des défenses adverses. Bref, ça manque de solutions sur les côtés, notamment des milieux excentrés et surtout des latéraux. Elle est là, la grande différence avec le schéma bordelais. Dans le 33, Chalmé et Trémoulinas apportaient énormément de solutions offensives. Ce qui est loin d’être le cas à Paris, surtout sur le côté droit où ni Jallet ni Van der Wiel n’ont réussi à prendre la place. Forcément, ça conforte cette impression axiale en phase offensive, et on termine clairement par se faire chier face à un jeu trop stéréotypé. Laurent Blanc le sait et cherche encore la bonne formule (4-4-2 à la Ancelotti, 4-3-3) sans pour autant utiliser celle qui avait fait sa force du côté de Bordeaux : le milieu en losange avec un numéro 10. Bizarrement, c’est le poste de prédilection de Javier Pastore…
Bref, Blanc pose petit à petit ses pions. On le voit en conférences de presse où il se livre assez facilement, parfois taquin, affable et cohérent dans ses propos. Mais on l’attend surtout sur autre chose : sa gestion de la fameuse crise parisienne, qui arrivera bien un jour au l’autre. Elle arrive toujours. À Bordeaux, on n’a pas oublié sa politique de l’autruche lors de son dernier semestre chaotique. Le jour de sa signature au PSG, d’aucuns ont parlé de gestion de vestiaires, d’ego et de tout ce bordel. Des choses que Laurent Blanc ne maîtrise pas. En théorie. On en oublie que le Président a joué dans le Barça de Bobby Robson. Un club et une époque où Ronaldo, Guardiola, Figo et compagnie peuplaient un vestiaire dans lequel un certain José Mourinho faisait office de traducteur et/ou adjoint déguisé. Bref, Blanc connaît les clubs susceptibles de se bordéliser très rapidement (il a été capitaine de l’OM). Pour l’instant, le PSG de Laurent Blanc est encore invaincu avant d’entamer une semaine à trois matchs : déplacement à Bordeaux ce soir, ouverture de la Ligue des champions en début de semaine prochaine avant la réception de Monaco. Le genre de triptyque qui vous classe un homme.
Par Mathieu Faure
Suivez le match Bordeaux/PSG en direct sur sofoot.com, ce mardi dès 20h30.
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