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- 28e journée
- Bastia/PSG
Laurent Blanc, comm’ d’habitude
Les suiveurs du PSG s’étaient pris d’affection pour la communication de Carlo Ancelotti. L’arrivée de Laurent « je crois que bon » Blanc avait un peu refroidi l’assistance. Pourtant, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France a fait de la comm’ sa principale force après ses résultats sur le terrain. Tout sauf un détail.
Laurent Blanc n’a jamais été connu ou reconnu pour sa communication quand il était joueur. À Bordeaux, là où il s’est fait les dents sur un banc de touche, ce n’était pas mieux. Bien entendu, on apprend avec le temps et l’âge. Les suiveurs des Girondins ou les journalistes qui ont suivi la carrière du Président ont dû être étonnés de la qualité de sa conférence de presse, hier, avant le déplacement à Bastia. Avec 64 points au compteur, une finale de Coupe de la Ligue au programme et, sans doute, un quart de finale de Ligue des champions, celui qui était présenté comme un coach par défaut pourrait regarder tout le monde de haut et se reposer sur ses lauriers. Mais comme Obélix, l’appétit vient en mangeant, et Laurent Blanc est en train de s’épaissir. Surtout face aux médias parisiens…
La folle chevauchée de Lucas contre l’OM ? Un détail. « Son action face à l’OM, elle était très belle. Mais elle aurait été extraordinaire s’il y avait eu but. Sur cette occasion, ce n’est que de l’individuel. Or, il doit apprendre à jouer avec les autres. Et que les autres apprennent à jouer avec ses qualités. Il a des progrès à faire dans ses déplacements. » La maladresse habituelle de Lavezzi devant le but ? « Contre l’OM, il dribble le gardien et il a le but ouvert, mais il ne marque pas. Il a encore fait preuve de maladresse. C’est dommage, car il avait fait le plus dur. À Naples, ce n’était pas un buteur très prolifique, mais il marquait plus qu’au PSG… » Le but est évident. Ne pas se contenter de « ça » . L’homme est logique, il sait aussi distribuer des bons points.
Tout dire sans vexer
La rumeur Paul Pogba au PSG ? « N’allez pas chercher Pogba ! Pourquoi aller chercher des joueurs qui jouent toujours à l’étranger. Pourquoi ce joueur, alors que Blaise est en train de prendre une dimension nouvelle. Ce garçon va continuer à progresser et marquer plus. Sincèrement, il va mettre entre cinq à dix buts par saison. Quand j’entends des gens qui disent que ce n’est qu’un marathonien, je me dis que des gens ne comprennent rien au football. » En une conférence de presse, Blanc a tout fait, sauf manier la langue de bois. Chaque intervention a un but et ça fait mouche.
Ce qui intéresse l’entraîneur français, c’est avant tout la performance. Toujours et encore. En étant exigeant publiquement, le Français sait qu’il pourrait passer pour un coach mécontent. Mais pas du tout. Il garde ainsi tout le monde sous pression. Car, rappelons-le, le PSG n’a pas encore gagné. Cette manière de communiquer, entre le franc-parler, la franchise et l’exigence permanente, c’est une agréable découverte. Et une manière de coacher, aussi.
L’équipe de France, un changement inéluctable
Alors comment un homme aussi peu habile avec la communication de masse a-t-il pu se glisser aussi facilement dans le costume de Carlo Ancelotti ? Un Ancelotti adulé pour son sourcil relevé, son français approximatif, ses sourires charmeurs, le contenu de ses conférences de presse et son charisme. Blanc a tout simplement eu un apprentissage accéléré avec l’équipe de France. Pendant deux ans, l’homme a été sous pression avec comme apothéose l’Euro 2012 et les « à côtés » Nasri, Ménez et Ben Arfa. Il a beaucoup morflé, mais il a progressé. Maintenant, il sait comment fonctionne l’autre football. Celui des mots. Dorénavant, Blanc blague, déconne, taquine, envoie des missiles quand il le faut, comme cette fois où il lance au journaliste qui le relance systématiquement sur la manière de gérer son équipe après la blessure de Cavani : « Venez à Clairefontaine, passez vos diplômes et tentez, prenez une équipe. »
Bref, l’entraîneur du PSG se sert de la communication comme d’un outil de travail. Quand il a un message à faire passer, on passe par les micros. C’est diablement efficace. Quand il s’agit de caresser Ibrahimović dans le sens du poil, on passe par la presse : « C’est un joueur atypique, car il mesure près de deux mètres. Malgré cela, il est très rapide et je vous rassure, il s’entraîne comme tout le monde. » En privé, les cadres du groupe sont agréablement surpris de la manière dont l’entraîneur français mène sa barque. Même durant le mercato, Blanc ne s’est jamais caché. Alors qu’on le pressait au quotidien sur ses éventuels besoins, l’homme répondait toujours. Il a martelé publiquement qu’il voulait Yohan Cabaye. Face à l’insistance de ses prises de paroles calculées, les dirigeants parisiens ont donc cédé. Dans une époque où les conférences de presse et la communication sont de plus en plus souvent des coquilles vides, Blanc a réussi à faire de ces exercices imposés une vraie force. Pourtant, ce n’était pas gagné.
par Mathieu Faure