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- Angleterre-Danemark (1-0)
Lauren James, sister act
Unique buteuse de la victoire anglaise face au Danemark, Lauren James pourrait bien profiter des absences pour être celle qui guidera les Lionesses vers le titre. Et rendre fier son grand frère Reece.
Il y a des premières fois dont on se souvient plus que d’autres. Rentrée en jeu face à Haïti, Lauren James avait été créditée d’une sortie à oublier samedi dernier sur la pelouse du Suncorp Stadium pour sa première en Coupe du monde. Loin de ses standards habituels, la virevoltante attaquante de Chelsea, propulsée dans le onze anglais – une première dans un Mondial pour elle –, a marqué les esprits face au Danemark. D’un enchaînement crochet frappe enroulée que n’aurait pas renié Arjen Robben s’il avait été droitier, la sœur de Reece a planté le seul et unique pion de la rencontre au bout de seulement six minutes. Et comme le Néerlandais en son temps, la joueuse de 21 ans pourrait bien être l’arme fatale de son équipe dans ce Mondial.
Lauren s’enhardit
« Je pense qu’elle est un cheat code (un code de triche en français, NDLR) », s’amusait Leah Williamson en conférence de presse au mois de février dernier. Absente de ce Mondial, à la suite d’une rupture des ligaments croisés, l’habituelle capitaine anglaise, qui a également été sa coéquipière à Arsenal, poursuivait : « Cette fille est incroyable, il faut la soutenir autant que possible. Elle a toujours eu du potentiel, ce n’était qu’une question de temps. Les circonstances actuelles lui ont permis de s’épanouir, et elle est en plein essor. » Tant et si bien que la Londonienne (passée pendant trois ans par Manchester United) est aujourd’hui en train de se faire un prénom. Notamment en France, où Paris, à qui elle a collé un doublé en phase de poules de la Ligue des championnes, et Lyon, éliminée en huitièmes par Chelsea après qu’elle a obtenu un penalty au bout du temps additionnel du match retour, ne l’ont pas oubliée.
Proud. pic.twitter.com/xaVKsoN1Zc
— Reece James (@ReeceJames) July 28, 2023
Avec ses 7 buts et 2 passes décisives en 26 rencontres disputées cette saison avec les Blues, Lauren James réalise d’ores et déjà la meilleure saison de sa carrière. Passée tout proche de s’offrir un doublé un quart d’heure après son ouverture du score, l’attaquante, très remuante, a également mis fin à une improbable série de 350 minutes sans le moindre but marqué dans le jeu par les Anglaises. C’est simple, depuis le pion d’Ella Toone face au Brésil lors de la Finalissima au mois d’avril et alors que les Britanniques ont disputé trois rencontres ensuite (contre l’Australie, le Portugal et Haïti), seule Giorgia Stanway, sur penalty, avait fait trembler les filets des Grenadières. Il n’aura fallu que six minutes à Lauren James pour reléguer cette stat au rang d’anecdote, rendre fier son frangin et rafler le titre de meilleure joueuse du match. Insuffisant toutefois pour dissiper les nombreux doutes entourant le secteur offensif des Lionesses.
Le changement, c’est maintenant
Questionnée sur ce qu’il avait manqué à ses filles pour s’offrir un peu plus de tranquillité face à Haïti, Sarina Wiegman n’avait pas réfléchi longtemps pour répondre en conférence de presse : « C’est facile à dire, l’impitoyabilité. » Autrement dit cette capacité à finir les coups pour plier un match. Avant la partie face aux Danoises, la Néerlandaise avait même déjà son idée pour faire bouger les choses : « Je veux faire des changements. » Peu habituée à retoucher à son onze – elle avait conservé le même tout au long de l’Euro remporté l’été dernier –, l’ancienne sélectionneuse des Pays-Bas a pourtant choisi de bombarder Lauren James directement sur le pré ce vendredi.
Un choix payant, puisque l’attaquante de Chelsea a finalement permis à sa bande de faire un grand pas vers les huitièmes, sans faire oublier que tout n’était pas encore parfait. « Parfois, c’est la connexion avec le centre, le timing du centre, où le centre finit dans la surface de réparation, puis la connexion devant le but, des petites choses comme ça », avait également détaillé Wiegman à propos du manque d’efficacité des siennes après le premier match. Un constat, plutôt amer, applicable également à la prestation anglaise de ce vendredi. Nettement dominatrices, Alessia Russo et compagnie n’ont, par exemple, pas cadré la moindre tentative au cours d’un second acte pourtant à leur avantage, manquant même de se faire surprendre en fin de match. Sans conséquence pour cette fois, d’autant plus que leur nouvelle arme fatale avait fait le boulot de l’autre côté du terrain.
Par Florian Porta