- Espagne
- Liga BBVA
- 32e journée
- Atlético Madrid/Villarreal (1-0)
L’Atlético sait gagner « moche »
Après 90 minutes d’intense souffrance, l’Atlético de Madrid a su conserver son but précoce (1-0). Face à un Villarreal bien en place et dominateur, la bande à Simeone s’est sorti les tripes. Pour se pavaner le temps de quelques heures en tête de Liga, avec quatre longueurs d’avance.
Atlético de Madrid – Villarreal : 1-0But : Raúl García (13e) pour l’Atlético.
Aux forceps, dans le dur ou au courage. Les qualificatifs sont nombreux pour évoquer ce match de l’Atlético. Face à un Villarreal bien en place, les Colchoneros ont plié comme rarement. Mais ont su garder un avantage acquis rapidement par son capitaine d’un jour, Raúl García. Avec ces trois nouveaux points, ils consolident leur leadership. À six journées du terme de la Liga, tout le peuple du Sud de la capitale doit se pincer. Car il est sur la route d’un exploit dont la forme ne cesse de prendre de l’épaisseur. Même avec une équipe largement remaniée en vue du quart retour face au FC Barcelone, la bande à Simeone sait gagner « moche » . Dans une rencontre où les occasions ont fait grève, elle n’a jamais eu le ballon. Surtout dans une deuxième mi-temps qu’elle a passé recroquevillée dans sa propre moitié de terrain. Mais l’important est ailleurs. Il se trouve dans les quatre points d’avance provisoire de l’Atlético sur ses deux poursuivants. Une avance que l’Atlético n’aurait jamais pu espérer sans un Vicente-Calderón à donner des frissons.
Bain de soleil pour Raúl García
Après quelques jours de grisaille et de crachin, le soleil refait son apparition dans le ciel madrilène. Signe du destin, ou pas, ces premiers rayons estivaux s’abattent sur le Vicente-Calderón. Les milliers de Matelassiers arpentent les gradins en tee-shirt et avec le sourire aux lèvres. Une atmosphère étouffante pour Villarreal. Malgré un départ rempli de bonnes intentions, le sous-marin jaune n’arrive pas à faire surface. Le milieu colchonero quadrille le rectangle vert pendant qu’eux s’époumonent à combler les brèches. Sur le premier corner de la rencontre, les Rojiblancos trouvent même la faille. Un amour de centre de Koke trouve la tête du capitaine Raúl García. Le stade vibre, la tribune de presse, transformée en garderie, explose. Sur le pré, la bande au Cholo continue de faire le taf. Pas transcendante, elle contrôle, fait tourner la chique et renforce sa première place. Mais à trop calculer ses efforts, l’Atlético perd de son mordant. À la demi-heure de jeu, Villarreal sort la tête du seau. Des centres traversent la surface, des frappes sont contrées et Simeone commence à s’emporter. Suffisant néanmoins pour revenir avec l’avantage au score, et prendre sa pinte Mahou sans alcool à la mi-temps.
Le Vicente-Calderón ramène les trois points
Mal digérée, la bière reste en travers de la gorge des Madrilènes. Pas concernés, les partenaires de Courtois laissent la balle aux gars de Castellon. Sur le reculoir, l’Atlético n’arrive pas même à ressortir proprement. De fait, après dix minutes, le Cholo décide de rebasculer son métronome Koke un cran plus haut, Tiago prenant la place du Cebolla. Mais rien n’y fait. Cet Atlético est fatigué. Le Vicente-Calderón choisit alors d’enfiler son costume de douzième homme. Et de montrer à toute l’Espagne du football que ce peuple est guidé par la passion. Illustration est donnée par ce quadragénaire bedonnant, hystérique et en souffrance. Toujours debout, il ne retient son souffle que sur un enroulé du Français Perbet. Avant de se relâcher, les traits tirés, en voyant le cuir terminer sa course au-dessus de la barre transversale. Les vingt dernières minutes se feront dans un brouhaha monstre. Chaque coup de sifflet de Gil Manzano soulève une bronca, chaque tacle d’un Matelassier une ovation. À défaut de football champagne, l’antre du bord du Manzanares assiste à une succession de dégagements. L’un des derniers, à la 89e, d’Alderweireld est tout proche de tromper Thibaut Courtois. Le palpitant rojiblanco monte dans les tours, Simeone est près d’enfiler les crampons et, dans un vacarme assourdissant, la fin de match est sifflée. Ce vieux Vicente est grandiose.
Par Robin Delorme, au Vicente-Calderón