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L’Atlético, champion tant attendu

Par Adel Bentaha
5 minutes
L’Atlético, champion tant attendu

Après quasiment une décennie d’attente et en s’imposant face au Real Valladolid (1-2) lors de l’ultime journée de Liga, l’Atlético de Madrid a enfin trouvé les successeurs de Juanfran, Filipe Luís, Gabi ou Diego Costa, lui qui a quitté le navire cet hiver. Un onzième sacre acquis avec rage et abnégation, venu réveiller des Matelassiers jusque-là ensommeillés. Heureux sont donc les supporters, qui verront la Fuente de Neptuno se parer à nouveau de rouge et de blanc.

Sept ans après le coup de casque de Diego Godín au Camp Nou, l’Atlético de Madrid peut à nouveau savourer la joie d’un titre de champion d’Espagne. Un succès obtenu dans le sprint final d’une saison folle, mais qui n’est en réalité que la résultante d’un marathon savamment mené par Diego Simeone et ses hommes. Critiquée pour son style de jeu minimaliste, la formation rojiblanca n’a pourtant aucune raison de douter de la légitimité de son sacre. Caracolant en tête durant 28 journées, cette dernière a su s’inscrire dans la durée pour bonifier un effectif de qualité.

Le Cholismoà la folie

Comme en 2014, Diego Simeone aura su tirer ce qu’il fallait de ses joueurs pour s’imposer comme un vainqueur logique. Ne concédant que quatre défaites pour 26 victoires et 8 matchs nuls, l’Atlético a assurément réalisé l’une de ses saisons les plus caractéristiques. Deuxième attaque de Liga avec 67 buts inscrits (à égalité avec le Real Madrid, et derrière le FC Barcelone), les Colchoneros ont surtout su se montrer intraitables en défense : seulement 25 buts encaissés pour la meilleure défense du championnat, deuxième du Top 5 européen derrière le LOSC (22 buts). Ces chiffres traduisent une régularité entrevue tout au long de la saison et des victoires clés. Les 21 et 28 novembre, l’Atléti a ainsi surpassé son premier baptême du feu en s’imposant face au Barça avant d’enchaîner dans les ultimes instants contre Valence. À domicile, l’équipe est parvenue à faire du Wanda Metropolitano une véritable forteresse : une seule défaite subie, et dix points pris sur douze possibles face aux cinq premiers.

Après Barcelone, ce sont en effet Séville puis la Real Sociedad qui se cassent les dents à Las Rosas. Mieux, hormis deux défaites à Di Stéfano et Sánchez Pizjuán face aux rivaux madrilènes et sévillans, l’Atlético a réussi à prendre des points contre tous ses adversaires directs. Une aventure idyllique, pourtant semée de quelques embûches. En janvier, une élimination prématurée en Coupe du Roi par Cornellà (D3) prive le club d’un nouveau doublé historique après celui de 1996 de l’ère Antić. La deuxième zone de turbulence, l’Atlético la rencontre un mois plus tard. Balbutiant son football et surtout éreinté physiquement, le groupe duCholo perd cinq points lors d’une double confrontation piégeuse face à Levante. Dans la foulée, Diego Simeone pousse son style à la limite du raisonnable lors des huitièmes de finale de la Ligue des champions. Sortis par Chelsea, les Colchoneros auront offert une image peu glorieuse, au bord de la caricature et loin de leurs standards. Une spirale négative qui continue encore en Liga, voyant l’équipe perdre ses dix unités d’avance sur son dauphin catalan fin février. Une étourderie sans conséquence, finalement.

Une question de mentalité

La victoire finale de l’Atlético a, avant tout, reposé sur la compatibilité à 100% entre Diego Simeone et son effectif. L’Argentin a pu se fier à ses hommes de toujours, et son arrière-garde. Dans les buts, Jan Oblak et ses dix-huit clean sheets ont plus que jamais maintenu les siens à flot. Idem pour le quatuor défensif Savić-Giménez-Felipe-Hermoso, dont la rotation et la polyvalence ont permis d’apporter des variantes à l’exigence de leur entraîneur. Parmi les autres hommes, comment ne pas citer l’inusable Marcos Llorente ? Tantôt utilisé comme attaquant (douze buts), tantôt comme latéral, le joueur multifonctions par excellence a certainement atteint la plénitude de son talent cette saison. Véritable couteau suisse aux allures de cyborg, le néo-international espagnol a disputé 37 matchs, ne s’absentant qu’une seule fois pour cause de suspension. Aux avant-postes, Yannick Carrasco, autre infatigable souvent dans l’ombre, a idéalement joué sa partition. Revenu plus fort de son aventure chinoise, le Belge a sillonné son couloir gauche de long en large, souligné par une prestation XXL lors de ce fameux succès contre le Barça. Enfin et après une période d’adaptation, João Félix est devenu l’élément prépondérant de cet arsenal impressionnant, lui qui a su mettre son aisance technique au service d’un collectif bien rodé.

À ces valeurs sûres déjà présentes sont alors venus se greffer de nouveaux éléments, toujours plus essentiels. Luis Suárez, tout d’abord. Jugé trop vieux et trop cher par l’administration Bartomeu, l’attaquant a rejoint le club pour s’offrir une pige de luxe dans la capitale. Meilleur artificier du club avec 21 réalisations, El Pistolero n’a strictement rien perdu de ses qualités de finition. Comme un ultime pied de nez à ses anciens dirigeants, le voilà sacré dans sa nouvelle maison. Il est tout aussi nécessaire d’évoquer le rôle de Geoffrey Kondogbia. Arrivé cet été grâce à la grande braderie de Valence, l’international centrafricain, sans être indiscutable, est parvenu à adapter son jeu box-to-box au système de Simeone en palliant idéalement le départ de Thomas Partey à Arsenal. Enfin, de recrue il n’en est pas question pour Thomas Lemar, mais c’est tout comme. Totalement absent la saison dernière, l’ancien Monégasque a retrouvé de sa superbe cette année. Délaissé par les blessures, le joueur de 25 ans a enfin su faire parler sa patte gauche avec confiance. Une excellente campagne, récompensée d’une place chez les Bleus pour l’Euro. Ce point de vue global tend à montrer la maximisation d’un groupe de joueurs arrivés à maturité (27 ans de moyenne d’âge) par un technicien parfois décrié, mais ô combien expérimenté. Un beau clin d’œil pour l’éternel capitaine Koke et le lieutenant Giménez, déjà présents lors du précédent sacre. Et pour tous les supporters qui ont fait preuve de patience pendant si longtemps. Après tant d’années, le goût n’en est que plus savoureux.

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