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L’Athletic Bilbao, ce pilleur d’Osasuna

Par Robin Delorme
4 minutes
L’Athletic Bilbao, ce pilleur d’Osasuna

Absent depuis janvier 2014 – descente en Liga Adelante d’Osasuna oblige –, le derby entre Bilbao et Pampelune revient sur le devant de la scène. Des retrouvailles qui, comme à l’accoutumée, interviennent sur fond de rivalité entre canteras, les meilleurs jeunes éléments de Navarre partant souvent s’aguerrir à Bilbao.

La rivalité n’a pas de division. À en croire Mikel Merino, ancien central d’Osasuna, aujourd’hui à Dortmund, les retrouvailles en Segunda Division avec la filiale de l’Athletic Bilbao de décembre dernier conservent en tout cas leur authenticité : « C’est un match dans lequel nous devons prendre notre pied. Les gens vont être excités, car c’est un duel de canteras. On ne peut pas leur permettre de gagner. » Quelques mois et une ascension plus tard, les Navarrais de Pampelune se préparent pour un nouveau derby, cette fois de Primera. Pour autant, entre Rojillos et Leones, difficile de savoir qui dispose du plus grand réservoir de joueurs formés en Navarre. Historiquement, le centre de formation de Pampelune se retrouve en effet le second le plus utilisé par les Leones du Pays basque qui, du fait de leur sempiternelle philosophie du made in Euskadi, puisent sans vergogne dans le réservoir d’une région qu’ils considèrent, comme en atteste l’avant-propos du livre référence Gero d’Axular, comme leur. Du côté d’Osasuna, la drague persistante de l’Athletic sur les jeunes Navarrais renvoie plus à l’image d’un vol, d’un pillage en règle.

Monreal : « Nous ne luttons plus dans la même cour »

« On essaye de leur transmettre les valeurs du club qui sont la discipline, le sens du sacrifice, que ce soit dans le monde du football ou plus globalement dans la vie de tous les jours. Une fois toutes ces choses inculquées, c’est leur talent personnel et leur condition physique exceptionnelle qui font la différence. Et ça, nous ne pouvons qu’essayer de le bonifier. » Enrique Martin Monreal, directeur de la cantera d’Osasuna, n’est pas peu fier du centre qu’il dirige. Malgré un budget de 51 millions d’euros, soit le treizième d’Espagne, le club de Pampelune ne cesse, depuis des années, de sortir des footballeurs professionnels. Une habitude qui prend racine dans l’identité du club : à l’instar du Real Madrid, du FC Barcelone et, donc, de l’Athletic Bilbao, Osasuna appartient à ses socios, pour qui le centre de formation reste la plus grande fierté. À tel point que cet orgueil fait perdre le sens de la mesure au señor Monreal : « Si le club avait eu la possibilité économique de garder nos meilleurs canteranos, nous serions en train de parler d’une équipe qui se trouverait juste après le Real Madrid et Barcelone. »

Dans les faits, la majorité des Rojillos qui choisissent l’exil ne déménagent que quelques kilomètres plus loin, 155 pour être exact, soit la distance qui les sépare de Bilbao, capitale économique du Pays basque voisin. Même si César Azpilicueta et Nacho Monreal (aucun lien de parenté avec le directeur de la cantera) préfèrent partir vers des contrées non frontalières, nombreux sont ceux qui cèdent aux sirènes de l’omnipotent voisin de l’Athletic. Pêle-mêle, Javi Martínez, Fernando Llorente, Iker Muniain, Raúl García ou encore Mikel San José sont tous nés en Navarre, loin de Bilbao, proches de Pampelune. Certains sont mêmes passés par les catégories inférieures de l’Osasuna. C’est le cas de Javi Martínez. L’actuel milieu de terrain bavarois, recruté en 2006 à l’âge de dix-sept ans et sans la moindre apparition en équipe première, avait été arraché contre un chèque de six millions d’euros. « L’Athletic est le club le plus puissant de la région, et offre donc de meilleures conditions financières aux joueurs et aux parents de ces joueurs » , convient, timidement, Martin Monreal, avant d’ajouter : « Nous ne luttons plus dans la même cour. »

Gurpegui : « Osasuna ne contrôle pas les Navarrais »

Si Osasuna sent son vivier lui filer entre les doigts, l’Athletic en tire, lui, tous les profits. À tel point que depuis de nombreuses saisons, les Navarrais forment le plus gros contingent du groupe que dirige Ernesto Valverde, hormis ceux de Biscaye – la province de Bilbao. Lors des vingt derniers exercices, ils sont en moyenne six joueurs, avec des pics, comme en 2010 et 2011, à neuf. Actuellement, le centre de Lezama en accueille cinq en son sein. L’un d’eux, Iker Muniain, recruté par les Leones dès son treizième anniversaire, clame même haut et fort l’indifférence que lui procure un derby face à l’écusson de sa ville natale : « Je ne sais pas pourquoi je devrais avoir de l’affection pour eux. Ils ne m’ont jamais rien donné et ne me donnent toujours rien. Depuis que je suis petit, je les affronte, et depuis que je suis à l’Athletic également. Je suis de l’Athletic depuis toujours. » Même son de cloche pour Carlos Gurpegui, navarrais de naissance, mais bilbayen de cœur : « Osasuna ne contrôle pas le marché des joueurs de Navarre, et l’Athletic en profite. » Cet après-midi, encore faudra-t-il le prouver sur la pelouse de San Mamés.

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